A Abidjan, la capitale économique ivoirienne, plusieurs rues sont, de plus en plus, transformées en marchés illégaux. Dans presque toutes les communes, ce phénomène prend de l’ampleur. Ici, à Yopougon Siporex, les rues environnantes de ce quartier sont occupées par des centaines de vendeurs et vendeuses. Le comble, l’espace vert de cette cité construite dans les années 70 est devenu un marché à ciel ouvert et ce, depuis 20 ans. Ici, la vente de divers articles rime souvent avec bagarres, vols, bruits assourdissants et bien d’autres désagréments. Et tout cela, au détriment des riverains, impuissants face à cette situation.
«On peut t’agresser facilement et tu ne peux pas rentrer chez toi à partir de 18h00, 19h00 parce que les parasols et table-bancs des vendeurs sont placés de telle sorte que celui qui t’agresse est plus à l’abri que toi qui rentre chez toi à la maison», déplore Arnaud, le président des jeunes de la cité Siporex.
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«Ici, ce n’est pas un marché. On a grandi ici et à la base, c’était un plein air et étant enfant, nous avons joué là et aujourd’hui les gens se sont installés. Tu veux rentrer chez toi, il y a du monde et on ne sait pas qui est qui. L’insécurité, c’est ce qui nous dérange. Il faut que la mairie se penche sur le cas des installations anarchiques», renchérit Alice Natacha, une riveraine.
D’après les habitants de la zone, c’est à l’occasion d’une foire commerciale en 1992 que cet espace vert a été provisoirement occupé par des commerçants pour la circonstance. Depuis lors, le site a été transformé illégalement et anarchiquement en marché. Déguerpis à plusieurs reprises, les vendeurs ont, à chaque fois, colonisé de nouveau l’endroit. Sous des parasols, des bâches, ils proposent à la clientèle différents services qui vont de la restauration à la friperie, en passant par la vente de chaussures et de téléphones.
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«Je fais mon petit commerce ici, je vends de la sauce avec le riz, attiéké et poisson. ça ne sera pas facile que les gens quittent ici, car il n’y a pas d'endroit où on peut aller vendre», soutient Noëlle Sedji, une tenancière de restaurant.
«Nous ne sommes pas la force. Ils sont là, ils vendent. Nous on ne peut rien faire, donc c’est difficile. Vous me voyez leur dire par la force de quitter les lieux? Je ne peux pas», se résigne Mariam Diaby, une riveraine.
Les autorités municipales de Yopougon, de leurs côtés, sont en train de construire des marchés plus modernes, dont deux sont désormais fonctionnels. Le coût de tous ces marchés en construction s’élève à 1,10 milliard de francs CFA (1,676 million d'euros). Objectif: mettre fin à ces marchés illégaux et anarchiques et recaser un grand nombre de commerçants sur des sites modernes. Malgré cela, pour certains, il faut encore plus d’espace dans les marchés pour satisfaire la demande.
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«On est encore en chantier par rapport à ce problème-là et les places ne sont pas assez nombreuses selon les commerçants, car vous le savez, dans le commerce, chaque jour, il y a un nouveau qui s’installe avec sa table, donc, on dira que les 600 places ne sont pas beaucoup, car il y a peut-être 5.000 commerçants», déclare Arnaud, président des jeunes de la cité Siporex.
En rappel, à en croire les occupants des marchés illégaux et anarchiques d’Abidjan, les autorités municipales de leur commune respective prélèvent régulièrement des taxes. Une situation qui plombe la lutte contre ces marchés anarchiques et illégaux.