Il est 19h30 et la nuit tombe lentement sur Libreville. Au lieu dit Rond-point de Nkembo, dans le 2ème arrondissement de la capitale gabonaise, l’embouteillage gagne les rues mais pas seulement à cause de l’heure de pointe. En effet, des vendeurs ont installé leurs marchandises, empêchant par cet encombrement le passage des personnes qui reviennent de leurs lieux de travail et veulent plus que tout trouver un taxi.
Ce sont des chaussures, des sous-vêtements et parfois de la nourriture que les commerçants des marchés environnants n'ont pas pu écouler pendant la journée qui se présentent aux passants. Les plus courageux se sont installés à l'entrée des grands magasins qui ont déjà fermé pour la nuit. Sans la moindre peur, puisque la mairie ne travaille pas dans la nuit. Ils s’installent où et comme ils veulent, rendant la circulation difficile.
Les raisons évoquées pour justifier le choix de la nuit pour leurs activités commerciales sont: il faut liquider le stock de marchandises, les vendeurs/vendeuses sont scolarisés en journée, et surtout il faut éviter les taxes des marchés communaux. «C'est souvent la nuit qu'il y a plus de clients. Donc nous profitons des gens qui sortent du service le soir pour réaliser quelques bénéfices», confie Chantrin Ndong, étudiant le matin et vendeur à la criée le soir.
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Pour Simon James, un habitué du marché «Nkembo Soir», la raison du choix de vendre durant la nuit est simple: «La journée les policiers nous embêtent. Pourtant, avec le contexte sanitaire actuel, on ne gagne pas grand-chose. Mais avant, on s'en sortait quand même», se plaint-il.
En effet, la police et les agents municipaux essaient de mettre un terme à ce désordre urbain, à travers des opérations régulières de déguerpissement des voies publiques. Mais à beau chasser le naturel, il revient au galop. «Ils oublient que c'est la période des vacances. Ils doivent laisser la jeunesse travailler pour chercher l'argent des fournitures scolaires. Si on a les policiers qui viennent nous déranger, ce n'est plus ça. A tout moment, on fuit avec la marchandise. Qu'on arrête de nous déranger, c'est là le véritable problème», s'indigne Patrick Wouahey, coordonnateur du marché «Nkembo Soir».
L'occupation anarchique de la voie publique pour exercer des commerces est strictement interdite au Gabon. Cependant, l'insuffisance de marchés publics et d'espaces aménagés pour le commerce est un fait non négligeable qui peut expliquer cette situation.