Côte d’Ivoire: «Il y a plus de musiciens que de fabricants», le balafon des ancêtres en quête de renaissance

Le balafon en quête de renaissance.

Le 12/05/2024 à 13h02

VidéoLe balafon, ou djéguélé en langue sénoufo, est un instrument de musique à percussion présent dans bien de cérémonies, qu’elles soient heureuses ou malheureuses. Ce xylophone africain inscrit au patrimoine de l’Unesco est en perte de notoriété menaçant jusqu’à sa pérennité.

Le balafon, souvent désigné comme le «piano africain», est traditionnellement fabriqué à partir de bois de vène et de calebasses, avec des lames de bois ajustées pour produire des notes variées. Son origine remonte à des siècles, utilisé par différentes cultures à travers l’Afrique. Cependant, malgré sa profonde signification culturelle, le balafon est confronté à plusieurs défis menaçant sa survie et sa transmission aux générations futures.

«De nos jours il y a plus de joueurs du djéguélé que de fabricants. Il faut donc que les autorités songent à faire la promotion du balafon en vue de sa valorisation en créant des centres de fabrication, des écoles de formation pour sa suivie car de moins en moins les gens s’y intéressent, alors que nous sommes avancés en âge. Il faut des personnes pour assurer la relève», implore Koné Sonfolo, fabriquant de balafon.

C’est à cet appel que répond justement le Djéguélé Festival ou festival international du balafon. A l’initiative du directeur général du palais de la culture, Koné Dodo, le Festival international du balafon qui a lieu tous les ans, sur une semaine dans le Nord de la Côte d’Ivoire, à Boundiali du 27 avril au 4 mai.

Cet événement a offert une plateforme pour explorer les multiples facettes de cet instrument ancestral et élaborer des stratégies pour assurer non seulement sa préservation, sa pérennisation mais également son rayonnement comme l’explique Koné Dodo, directeur dudit festival, «ce festival vise à la pérennisation et la promotion de balafon en tant qu’instrument de musique et moyen d’expression culturelle qui participe de la fraternité régionale et sous régionale et à valorisation de la diversité culturelle. Il est en effet un puissant élément fédérateur, de rencontre et d’intégration des peuples par la culture».

«Stratégie pour la sauvegarde et la valorisation du Djéguélé», c’est autour de ce thème que s’est tenu le djéguélé 2024. Ateliers, conférences, concerts, concours, chorégraphies ont organisés.

A terme plusieurs autres propositions visant à contribuer à sa pérennité ont été émises pour la survie de l’instrument notamment: «introduire l’apprentissage du balafon dans les programmes scolaires, au collège, l’inclure dans les cours de musique ou les programmes culturels... pour que les jeunes puissent découvrir et apprécier cet instrument dès leur plus jeune âge», conseille Vagba De Sales, représentant pour l’occasion la ministre de la Culture et de la francophonie.

Le Festival a clôturé ses portes avec un spectacle grandiose mettant en vedette des artistes locaux et internationaux, célébrant la richesse et la vitalité de la musique balafonique tels que Néba Solo, Aïcha Traoré... Les corps se mouvaient au rythme envoûtant du djéguélé, et l’esprit de la tradition était plus vivant que jamais.

Afin de contribuer à sa sauvegarde et sa valorisation, un siège du djéguélé est construit à Boundiali, à côté duquel une radio, un studio d’enregistrement et une fondation en constitue les prochaines étapes.

Lors de la 7ème session annuelle du comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO qui s’est tenue le 5 décembre 2012 à Paris, le Balafon Sénoufo a été inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 12/05/2024 à 13h02