Gabon: doit-on prendre ses distances avec l’enseignement en ligne?

Des élèves révisant leurs cours dans une salle de classe à Libreville.

Le 25/01/2025 à 15h07

VidéoComme partout dans le monde, l’enseignement en ligne a commencé au Gabon avec le Covid-19. Devant assurer la continuité de la formation en période de confinement, le ministre de l’Education nationale et l’UNESCO ont signé, en 2020, un accord de 200.000 dollars pour l’assistance technique dans la mise en place d’un système d’enseignements à distance. Mais depuis, les avis divergent sur l’opportunité de garder un tel système.

L’enseignement à distance (EAD), ou e-learning, résiste aux critiques lesquelles sont plutôt favorables à l’enseignement traditionnel. Mais sa pratique et ses méthodologies fondées sur l’autonomie, la gestion et les cours sans professeur visible, sont loin de convaincre Moukagni enseignant depuis plus de 20 ans dans les lycées publics. «En présentiel, nous avons la possibilité de bien observer les apprenants et de cerner leurs difficultés. Alors que l’enseignement à distance fondé sur des modules disponibles sur le net ouvre la voie à la tricherie et manque de rigueur. Conséquence on a de plus en plus de docteurs formés ligne mais sans base», dit-il.

Comme partout dans le monde, l’enseignement en ligne a commence avec la pandémie du Covid-19. Devant assurer la continuité de la formation des élèves en période de confinement, «le ministre de l’Education nationale et le Représentant pays de l’UNESCO pour le Gabon ont signé un accord d’une valeur de près de 200 000 dollars pour l’assistance technique dans la mise en place d’un système d’enseignements à distance au Gabon en réponse à la crise de la Covid-19» rapporte l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture.


Mais en Afrique subsaharienne et particulièrement au Gabon, un tel modèle d’enseignement pourrait entraver le progrès scolaire tout en privant les élèves du soutien social et émotionnel vital que leur apportent les établissements d’enseignement classiques.

Cependant, plusieurs étudiants continuent d’explorer en ligne pour mener à terme leur cursus universitaire. «Étant donné que je cherchais un stage pour la soutenance de cette année, je suis venu ici, heureusement j’ai pu en trouver un», affirme Philippe Rogandji, étudiant en licence 3 en génie informatique dans une école supérieure de polytechnique.

À l’instar des centaines d’autres étudiants gabonais, Philippe est régulièrement inscrit au campus numérique francophone de Libreville. Pour lui, les formations en ligne ouvertes à tous sont «la vitrine internationale des universités des pays développés et un symbole de la compétition qu’elles se livrent pour attirer des étudiants et asseoir leur e-réputation». Avec le soutien de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF), le campus numérique de Libreville a développé des licences et masters à distance.


Ce sont des formations de même valeur académique que celles dispensées en présentiel et qui délivrent des diplômes à l’issue d’examens sur table surveillés qui se tiennent dans l’enceinte de l’Université Omar Bongo «Un enseignant où qu’il se trouve à travers le monde crée des classes virtuelles pour dispenser son cours. L’enseignant reste maître de son cours. Dans la pratique, il ne perd pas son rôle, au contraire son rôle est renforcé», soutient Brice Ondjibou, responsable du campus numérique francophone de Libreville.

Mais comme tout mode d’apprentissage, la formation à distance présente également des inconvénients. Selon des spécialistes de l’éducation, étudier en ligne demande beaucoup d’autodiscipline, ce qui ne convient pas à tout le monde. Ils ont beaucoup moins d’interactions sociales, aussi bien avec les autres étudiants qu’avec les enseignants.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 25/01/2025 à 15h07