Surnommé souvent le «couscous ivoirien», l’attiéké est généralement consommé avec du poisson grillé. Cette préparation est originaire des régions côtières de la Côte d’Ivoire mais s’est popularisée dans toute l’Afrique de l’Ouest et a même conquis des marchés à l’international. Désormais inscrit à la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, l’attiéké fait la fierté des Ivoiriens.
En Côte d’Ivoire, l’attiéké est souvent servi lors de cérémonies telles que les mariages, les baptêmes, les funérailles et les réunions communautaires. Ce mets à base de bulbes de manioc cuits à la vapeur fait également partie de la carte de plusieurs restaurants des plus huppés. Et vous trouverez toujours quelqu’un pour vous proposer de l’attiéké dans les marchés.
Les tubercules de manioc extraits du sol constituent la matière de bas de l'attiéké.. le360 Afrique/djidja
«Les connaissances et compétences liées jouent un rôle important dans la vie sociale des communautés» souligne l’Unesco car avant d’être servi, ce plat est l’aboutissement de tout un processus qui va de la récolte des tubercules, le ramassage de bois pour la cuisson et les différentes étapes pour l’obtention de cette sorte de farine. C’est donc également un moyen de subsistance pour certaines personnes et une voie vers l’autonomie financière pour de nombreuses femmes. «Chez nous en Côte d’Ivoire, l’attiéké fait partir des mets que nous consommons le plus. Il n’y a pas un seul Ivoirien qui n’en consomme pas. Avec 100 Fcfa, on peut s’acheter une boule d’attiéké. Et avec 500 Fcfa on peut s’offrir un plat d’attiéké», relate Ervin Kouassi, agent immobilier à Yopougon.
Lire aussi : L’Unesco inscrit l’attiéké, plat emblématique de la Côte d’Ivoire, au patrimoine immatériel
Traditionnellement exécuté par les femmes et les jeunes filles, le processus peut prendre plusieurs jours car il comporte de nombreuses étapes ancrées dans la tradition, et les compétences nécessaires à sa fabrication ont également été ajoutées à la liste du patrimoine de l’Unesco. «La maîtrise de la fabrication de l’attiéké garantit l’autonomie financière et l’intégration sociale des femmes et jeunes filles. Partie intégrante de l’identité culturelle de la Côte d’Ivoire, sa production confère aux jeunes filles un statut social important sans empiéter sur leur scolarité» souligne l’Organisation onusienne.
La recette de la cheffe
À Dabou, dans la région des grands Ponts, des tonnes d’attiéké sont acheminées chaque jour dans la capitale abidjanaise pour ravitailler les marchés locaux et étrangers. Sur place, Akado Joël Sandrine, une vendeuse mais qui s’y connait également dans la préparation de l’attiéké, nous a égrainé quelques étapes.
«L’attiéké s’obtient à l’aider de la pulpe de manioc qu’on rappe ou écrase après épluchage. Mais avant on fait fermenter une petite quantité (le mangnan) pour le mélange, c’est ce qui va faire ressortir le goût… Après avoir pressé pour éliminer l’amidon, on obtient une patte compacte qu’on concasse après pour faire tamiser. Ensuite, on fait vanner pour former les boules qui donnent les différentes qualités de l’attiéké. On peut donc obtenir de gros grains, ce qu’on appelle Agbodjama. Il y en a également les petits grains, les grains agglutinés utilisés le plus souvent pour le Garba. L’ultime étape, c’est le séchage, après quoi vient la cuisson qui se fait à la vapeur», explique-t-elle.
Lire aussi : L’Attiéké enfin labélisé: pain bénit pour la Côte d’Ivoire, pas pour les autres producteurs de semoule de manioc
Il est ensuite acheminé vers les marchés où il est généralement vendu dans des sachets à partir de 100 Ffca chez les détaillants.
Mais au cœur de l’attiéké, il y a un lien culturel d’une génération à l’autre. Les recettes, les procédés et les méthodes sont transmis de génération en génération, de mère en fille. Le plat est un pilier de leur identité et de celle de toute la Côte d’Ivoire.
Plat ancestral et emblématique du pays, l’attiéké vient de franchir une étape historique. La semoule de manioc, aux grains moelleux et appétissants, est désormais inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco. Une fierté pour les Ivoiriens ! «Ça montre que notre culture est importante. L’attiéké, c’est l’identité ivoirienne! Moi, j’en mange l’attiéké tous les jours, et franchement, c’est une bonne nouvelle qu’on le reconnaisse au-delà de nos frontières et à l’international, c’est une fierté pour nous!», se réjouit Togba Laurence, mère de famille.
Lire aussi : Côte d’Ivoire: la cuisine locale revisitée au menu des restaurants huppés
La liste de l’Unesco met en évidence les éléments du patrimoine culturel immatériel menacés, en insistant sur la nécessité de protéger et de préserver les pratiques traditionnelles. L’inclusion de l’attiéké souligne son importance pour l’humanité en tant que collectivité.
L’attiéké est l’un des aliments les plus consommés par les Ivoiriens. Attiéké gros grains ou agbodjama, attiéké petits grains, attiéké de garba avec les grains agglutinés entre eux etc. L’attiéké «made in Côte d’Ivoire», s’exporte partout. Son inscription au patrimoine mondial, est une invitation à découvrir et à célébrer la Côte d’Ivoire, ses saveurs et ses traditions.
Cette reconnaissance internationale met en lumière une richesse culturelle unique, tout en renforçant l’identité culinaire ivoirienne sur la scène mondiale. La consommation annuelle de l’attiéké est estimée à 1O0 kg par habitant par an. En juin 2024, l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI) a publié le certificat d’enregistrement de l’attiéké comme «marque collective» protégeant ainsi les producteurs ivoiriens contre la contrefaçon et l’imitation de l’attiéké en Afrique de l’Ouest.