Mot-valise associant le «N» de Nigeria et le «ollywood» de Hollywood, «Nollywood» arrive deuxième au podium des géants de l’industrie cinématographique mondiale après Bollywood et devançant Hollywood en termes du nombre important de films produits chaque année, des opus qui ne manquent pas non plus de qualité, de technique, d’inspiration et de talent que ce soit en matière d’écriture, de tournage, d’histoire, de trame ou de messages.
Avec 2.500 films produits par an, soit plus de 40 œuvres par semaine, le 7ème art nigérian génère de 500 à 800 millions de dollars de revenus annuels au pays, garantit 1 million d’emplois locaux (2ème employeur du pays) et attire plus de 150 millions de spectateurs.
En 2021 seulement, Nollywood a rapporté 660 millions de dollars de revenus au Nigeria, soit 2,3% du PIB de la plus grande économie africaine.
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Des chiffres alléchants appuyés d’un potentiel de croissance immense qui ont poussé plusieurs plateformes de streaming telles que Netflix, Amazon Prime Video, StarTimes, entre autres, à s’intéresser et à investir dans cette riche composante du cinéma africain. Netflix en a même une section au nom de Nollywood qui abonde de thrillers nigérians de renom, récents et anciens, traitant de divers sujets ainsi que de plusieurs étapes de l’histoire du Nigeria.
Né dans les années 90, Nollywood est devenu au fil des ans un phénomène mondial et a gagné en renommée grâce à des films tels que « Living in Bondage » (1992), réalisé par Chris Obi Rapu et écrit par Kenneth Nnebue et Okechukwu Ogunjiofor, jusqu’à en arriver au thriller «Aníkúlápó » de Kunle Afolayan, sorti en 2022 et qui a atteint la première place du classement mondial de Netflix.
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Le cinéma nigérian doit également son rayonnement international à d’autres œuvres cinématographiques marquant l’esprit de chaque cinéphile et ayant révolutionné le modus operandi de cette industrie comme Above Death: In God We Trust (2003), Blood on Ice (2006), le film à suspense populaire sorti en 2009, The Figurine, «Ijé» de Chineze Anyaene (2010), Half of a Yellow Sun (2013), The Wedding Party (2016), ou encore Mami Wata (2023), un film d’auteur qui a été primé au prestigieux festival du film indépendant de Sundance aux Etats-Unis en janvier de la même année.
Ce long-métrage a aussi raflé trois prix au Fespaco de Ouagadougou, le plus grand festival de cinéma africain (meilleur décor, image et critique). Mais le dernier succès en date est «The Black Book» (22 septembre) qui a pris d’assaut le monde du streaming, passant trois semaines parmi les 10 premiers titres en langue anglaise de la plateforme Netflix, culminant à la troisième place lors de la deuxième semaine.
Ce film d’action, qui a atteint des records d’audience sur les palmarès de Netflix dans le monde entier, est un rappel de la puissance et du potentiel de l’industrie cinématographique nigériane en pleine expansion.
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La dernière superproduction de Nollywood raconte l’histoire du passé mouvementé du Nigeria, qui s’étend sur une période de 40 ans. Et qui dit succès et réussite, dit efforts, talent, endurance et travail acharné ! Des qualités dont font montre les réalisateurs nigérians à l’exemple de Tony Abulu, Newton Aduaka, Kunle Afolayan, Ola Balogun, Obi Emelonye et Andy Amadi Okoroafor, pour n’en citer que ceux-là.
Les acteurs à l’instar de Richard Mofe-Damijo, Genevieve Nnaji, Joseph van Vicker, Nadia Buari, Jackie Aygemang, Olu Jacobs, Patience Ozokwor, Ramsey Nouah... contribuent eux aussi avec des interprétations à couper le souffle, des dons innés et des performances plus subtiles à la promotion et la propulsion du cinéma nigérian. Ceci, sans oublier les hommes de l’ombre qui se cachent derrière la caméra pour s’assurer que l’œuvre soit à la hauteur des aspirations des spectateurs nigérians et internationaux.
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La montée en puissance de Nollywood puise aussi sa force dans sa diversité linguistique. Les films sont majoritairement tournés en langues africaines, environ la moitié en yorouba, le quart en anglais et le sixième en haoussa. Cela reflète la diversité du Nigeria, qui compte plus de 450 langues et dialectes. Ces films, dont certains sont doublés en français et en portugais, atteignent les spectateurs dans leur langue maternelle et peuvent être diffusés dans les pays limitrophes où ces langues sont aussi parlées.
Par ricochet, l’expansion du cinéma nigérian se fait et se poursuit auprès d’un public plus large que prévu à travers les quatre coins du monde grâce à des atouts qui ne passent pas inaperçus sur la scène cinématographique mondiale.