Derrière le discours de coopération économique, l’Union européenne semble bien décidée à assouvir sa soif de ressources naturelles africaines. Pour ce faire, elle entend donner un nouvel élan à son partenariat économique avec l’Afrique. Cette annonce a été faite hier jeudi 18 juillet par Ursula Von Der Leyen, fraîchement élue pour un second mandat en tant que présidente de la Commission européenne. Dans son discours sur les orientations politiques pour 2024-2029, la présidente de la Commission européenne a annoncé vouloir « faire passer la stratégie Global Gateway au niveau supérieur » afin de stimuler les investissements européens dans des projets d’infrastructures sur le continent africain.
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«Nous avons besoin d’un nouvel élan dans notre partenariat avec l’Afrique dans la perspective du prochain sommet UE-Union africaine qui se tiendra en 2025. À l’aide de Global Gateway, nous stimulerons les investissements dans les corridors de transport, les ports, la production d’énergie renouvelable, la production d’hydrogène vert et les chaînes de valeur des matières premières.»
A titre de rappel, Global Gateway est une initiative de l’Union européenne visant à mobiliser des investissements pour des projets d’infrastructures durables dans les pays partenaires. Elle a pour objectif de soutenir une croissance verte, intelligente et sûre à travers le monde.
Lancée en 2021, Global Gateway entend développer des liens dans les domaines du numérique, du climat et de l’énergie, des transports, de la santé, de l’éducation et de la recherche. Elle promeut des investissements respectueux de l’environnement et des normes sociales.
Avec pour objectif de mobiliser jusqu’à 300 milliards d’euros d’investissements entre 2021 et 2027, Global Gateway vise à offrir des alternatives aux pays partenaires par rapport aux initiatives d’autres puissances mondiales. Elle a pour ambition de renforcer les chaînes d’approvisionnement et les connexions entre l’Europe et le reste du monde.
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«Nous proposerons à nos partenaires une offre intégrée, portant notamment sur les investissements dans les infrastructures, sur les échanges et sur un soutien macroéconomique», a-t-elle souligné. Cette approche «Équipe Europe» mobilisera les États membres de l’UE, les banques publiques de développement, les institutions de financement, la Banque européenne d’investissement et le secteur privé.
Trois axes prioritaires se dégagent pour cette coopération économique renforcée : les transports, l’énergie renouvelable et les matières premières.
Hier jeudi 18 juillet 2024, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a été élue pour un second mandat, et a présenté au Parlement européen ses orientations politiques pour la prochaine Commission européenne 2024-2029.. DR
«À l’aide de Global Gateway, nous stimulerons les investissements dans les corridors de transport, les ports, la production d’énergie renouvelable, la production d’hydrogène vert et les chaînes de valeur des matières premières», a affirmé la présidente de la Commission.
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D’importants projets d’infrastructures routières, ferroviaires et portuaires devraient ainsi voir le jour, facilitant les échanges commerciaux et l’intégration économique régionale. Des pays comme le Maroc, le Nigéria, l’Afrique du Sud, le Kenya ou l’Éthiopie, disposant d’importants ports et d’un réseau de transports développé, pourraient être des bénéficiaires clés de ces investissements.
Il faut relever aussi que le développement de corridors de transport multimodaux reliant les pays enclavés aux ports maritimes sera indispensable pour stimuler le commerce intra-africain, encore trop faible. Cela permettra aussi une meilleure intégration des chaînes de valeur régionales.
Accélérer la transition énergétique
L’Union européenne souhaite également appuyer l’essor des énergies renouvelables en Afrique, continent disposant d’un immense potentiel solaire, éolien et hydraulique. «Nous investirons dans la production d’énergie renouvelable et d’hydrogène vert», a précisé Ursula von der Leyen.
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Le Maroc, pionniers des énergies solaire et éolienne, mais aussi l’Afrique du Sud, l’Égypte ou le Mozambique, riches en ressources, pourraient grandement bénéficier de ces investissements européens dans le renouvelable.
Il faut cependant lever certains obstacles techniques et réglementaires, former une main-d’œuvre qualifiée et sécuriser l’environnement des investissements, pourrait-on nuancer.
Renforcer les chaînes de valeur des matières premières
Dernier axe clé de cette coopération économique UE-Afrique: le renforcement des chaînes de valeur pour diverses matières premières stratégiques, des minerais aux hydrocarbures. «Nous approfondirons nos relations en matière de minerais et matières premières critiques», a assuré von der Leyen, citant les «chaînes de valeur des matières premières» parmi les investissements prévus.
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L’UE cherche ainsi à sécuriser ses approvisionnements. Le cuivre, le cobalt, le lithium et les terres rares de la République démocratique du Congo, de la Zambie, du Zimbabwe ou de la Namibie sont particulièrement convoités. Cela dit, l’Afrique gagnerait beaucoup plus à ce que cette coopération aille au-delà de l’extraction minière et pétrolière pour créer une véritable industrie africaine des matières premières, génératrice d’emplois et de revenus.
Bénéfices et défis
Au-delà de stimuler la croissance économique, ces investissements dans les infrastructures de transport, l’énergie verte et l’industrialisation des matières premières visent à faire de l’Afrique un partenaire stratégique durable de l’UE.
Mais les défis sont de taille : lutter contre la corruption, atténuer l’impact environnemental et social de ces mégaprojets, impliquer les populations locales et assurer une redistribution équitable des retombées économiques. Il faudra également beaucoup de flexibilité et d’agilité de la part de l’Équipe Europe pour s’adapter aux réalités spécifiques de chaque pays africain.