Agro-industrie: la Côte d’Ivoire souhaite s’inspirer du modèle marocain

Visite des stands par les officiels ivoiriens, invités d'honneur.

Le 22/11/2024 à 18h32

Après le Kenya et le Maroc, la Côte d’Ivoire sera le prochain hôte de l’Africa Food Show. Cela vient d’être acté lors de l’Africa Food Show Morocco 2024, qui vient de se tenir à Casablanca du 20 au 22 novembre. Un mémorandum d’entente a été signé entre la Côte d’Ivoire et MIE Events DMCC, organisateur de l’évènement.

La récente édition de l’Africa Food Show Morocco 2024 a été l’occasion pour les autorités ivoiriennes d’afficher leur volonté de s’inspirer du modèle marocain. Cet événement majeur, organisé par MIE Events DMCC dans la capitale économique marocaine, a permis de consolider les bases du partenariat stratégique entre la Côte d’Ivoire et le Maroc, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives de développement économique et de sécurité alimentaire pour le continent.

La Côte d’Ivoire, leader mondial dans la production de cacao, de noix de cajou et bien d’autres spéculations, fait de la transformation de ses produits agricoles l’un de ses chevaux de bataille. Comme le souligne Kouassi Adjoumani, ministre d’État, ministre de l’Agriculture, du développement rurale et de la production vivrière de la Côte d’Ivoire, lors de l’Africa Food Show Morocco 2024, «pour que ce que nous produisons puisse exister de façon durable, il faut transformer nos produits, leur donner une valeur ajoutée et permettre aux producteurs d’être les véritables bénéficiaires de la chaîne des valeurs

C’est dans cette optique que la Côte d’Ivoire a choisi de s’inspirer du modèle marocain, reconnu comme l’un des plus performants en Afrique dans le domaine agro-industriel. «Le Maroc est un pays modèle en matière d’agro-industrie. Un pays auquel nous voulons ressembler», affirme le ministre ivoirien.

C’est dans ce contexte que le Maroc, reconnu pour ses avancées dans le domaine agricole, peut apporter son savoir-faire et son expérience. Comme l’a souligné le ministre Adjoumani, « le Maroc est la porte d’entrée de l’Afrique, mais la Côte d’Ivoire, au niveau sous-régional, occupe une place prépondérante. Donc, nous devons constituer une plateforme à partir de laquelle rayonner sur le reste de la région ». En effet, en unissant leurs forces, la Côte d’Ivoire et le Maroc peuvent devenir des moteurs de développement pour le continent, en favorisant les échanges commerciaux et le transfert de technologies et de savoir-faire.

Cette vision de synergie bénéfique pour les deux pays ouvre également des perspectives intéressantes pour les entreprises comme le dubaïote MIE Events DMCC. En offrant une plateforme d’échanges et de networking, l’entreprise permet aux acteurs économiques ivoiriens et marocains de nouer des partenariats fructueux. « Nous entendons jouer notre partition dans le cadre de ce partenariat. Le mémorandum d’entente que nous venons de signer ouvre la voie à tout un processus, depuis la production, en passant par la transformation pour aboutir à la commercialisation de nos produits », déclare le ministre ivoirien, soulignant l’importance de cet accord.

Soulignons que l’Africa Food Show est un événement majeur dans le secteur agroalimentaire en Afrique. Cet événement s’est tenu plusieurs fois au Kenya, où il est traditionnellement organisé. Pour la première fois, il se déroule au Maroc. Pour MIE Events, l’enjeu est de taille : faciliter l’accès des entreprises marocaines et de toutes origines au marché ivoirien, riche en opportunités dans les secteurs du cacao, de la noix de cajou et d’autres produits agricoles. Inversement, les entreprises ivoiriennes pourront bénéficier de l’expertise marocaine dans la transformation et la valorisation de ces mêmes produits. Une synergie qui offre un potentiel considérable pour les deux pays. Le ministre souligne qu’il y a encore de la place pour des implantations d’usines. « Des usines de transformation s’implantent, mais vous constaterez que le secteur du cacao demeure très prometteur. Nous avons actuellement des capacités de transformation s’élevant à 900.000 tonnes, alors que notre production annuelle habituelle atteint 2.200.000 tonnes. Certes, nous sommes confrontés à des défis liés aux changements climatiques et au vieillissement des plantations, mais nous avons engagé un programme de régénération de nos vergers. La situation est similaire pour la noix de cajou, dont notre production dépasse 1.200.000 tonnes, mais dont seulement 267.000 tonnes font l’objet d’une transformation locale. La marge de progression dans la valorisation de nos produits agricoles reste donc considérable.»

Des opportunités à saisir

Au-delà de l’organisation d’événements professionnels, cette synergie représente une opportunité unique pour une diversité d’entreprises de se positionner comme des facilitateurs clé de ces échanges, comme fournisseurs d’équipements et de technologies agricoles de pointe, adaptés aux besoins spécifiques des producteurs ivoiriens. Des experts en certification biologique et en traçabilité pourraient également jouer un rôle crucial pour garantir la qualité et la durabilité des produits agricoles ivoiriens destinés à l’exportation. Des entreprises spécialisées dans la logistique et le transport agroalimentaire pourraient également tirer leur épingle du jeu en assurant l’acheminement efficace de ces denrées vers les marchés locaux et internationaux. C’est dire qu’il y a de nombreuses opportunités à saisir. De son côté, le Maroc a démontré sa volonté de partager son expertise et de contribuer au développement agricole du continent.

Au-delà des enjeux économiques, le développement de synergies revêt une dimension stratégique cruciale pour la sécurité alimentaire en Afrique. Comme l’a rappelé le ministre ivoirien, «pour que l’Afrique puisse nourrir l’Afrique, il faut d’abord que nous travaillions de concert.» En effet, en mettant en commun leurs ressources et leurs compétences, les pays africains peuvent relever le défi de l’autosuffisance alimentaire, tout en valorisant leurs produits locaux et en créant de la valeur ajoutée pour leurs populations.

Cette perspective a d’ailleurs été au cœur des débats lors du panel «Comment la Technologie d’innovation peut contribuer à la sécurité Alimentaire en Afrique», où des experts ont échangé sur les moyens de tirer parti des innovations technologiques pour améliorer la productivité et la durabilité des systèmes alimentaires africains.


Par Modeste Kouamé et Abderrahim Et-Tahiri
Le 22/11/2024 à 18h32