Banque mondiale: ces pays africains devraient enregistrer des taux de croissance annuelle supérieurs à 6% de 2025 à 2027

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Le 09/10/2025 à 16h38

En dépit d’une conjoncture économique mondiale dominée par les incertitudes, l’Afrique, notamment la région subsaharienne, a vu ses prévisions de croissance réévaluées par la Banque mondiale dans son rapport «Africa’s Pulse». Neuf pays du continent arrivent même à afficher des taux de croissance annuelle élevés, dépassant les 6% durant la période 2025-2027. Et c’est la Guinée, grâce au projet minier de Simandou, qui devrait tenir la dragée haute durant toute cette période.

«La dynamique de la croissance économique en Afrique subsaharienne demeure robuste, malgré l’incertitude croissante qui entoure les politiques mondiales. Après avoir atteint un creux en 2023, l’activité régionale devrait progresser de 3,8% en 2025, contre 3,5% en 2024, avant d’accélérer pour attendre une moyenne annuelle de 4,4% sur la période 2026-2027», souligne la Banque mondiale dans son rapport «Africa’s Pulse».

Selon ces données, l’institution a révisé à la hausse ses prévisions de croissance au niveau de la région. Cette croissance plus vigoureuse attendue serait l’effet d’une conjonction de facteurs: l’amélioration des termes de l’échange dans plusieurs pays favorisant la stabilisation et même l’appréciation de plusieurs monnaies locales, la forte décrue de l’inflation dans de nombreux Etats favorisant l’assouplissement progressif des politiques monétaires soutenant la consommation et l’investissement…

Toutefois, des fragilités et incertitudes continuent de peser sur la croissance des pays africains. Les assainissements des finances publiques et les impacts des droits de douane américains sur certaines économies africaines constituent des points d’inquiétude pour certains pays.

Reste que globalement, le continent africain affiche une bonne résilience et est aujourd’hui l’une des régions les plus dynamiques au monde. Pour preuve, durant les trois années 2025, 2026 et 2027, neuf pays du continent devraient afficher, chaque année, des taux de croissance supérieurs à 6%, selon les projections de la Banque mondiale. Beaucoup d’autres pays vont enregistrer des croissances supérieures à 5%. Même le Nigeria renoue avec de fortes croissances. Le pays devrait afficher des taux de croissance de 4,2% en 2025, 4,4% en 2026 et 4,4% en 2027.

Pour ces trois années -2025, 2026 et 2027-, c’est la Guinée qui devrait afficher les meilleures performances, selon les projections de la Banque mondiale. La croissance du produit intérieur brut (Pib) du pays devrait passer de 7,5% en 2025, la meilleure du continent, à 9,3% en 2026 et 11,6% en 2027, selon les estimations de l’institution. Certaines projections font état des croissances à deux chiffres aussi bien en 2026 et 2027 supérieures à celles énoncées par la Banque mondiale.

Cette dynamique de l’économie guinéenne s’explique uniquement par l’entrée en production de l’exploitation du minerai de fer de Simandou. Le projet sera le principal moteur de l’accélération de la croissance de l’économie guinéenne en boostant le secteur minier guinéen qui devrait croitre de plus de 19,4%.

Attendu depuis plus de trois décennies, ce projet pharaonique dont les premières exportations commerciales sont prévues pour novembre 2025, est considéré comme le plus grand projet minier et d’infrastructure d’Afrique.

Avec un gisement qui s’étend sur plus de 110 kilomètres dans les montagnes de Simandou, le site recèle des réserves estimées à plus de 8 milliards de tonnes de minerai de fer à haute teneur, avec une concentration exceptionnelle de 65% en fer, soit l’un des gisements les plus qualitatifs au monde.

Pour exploiter ce projet, pas moins de 21,5 milliards de dollars d’investissement ont été mobilisés par un consortium mené par le géant anglo-australien Rio Tinto, aux côtés de Chinalco, Baowu et Steel, Honqiao. L’exploitation de ce minerai a nécessité la construction d’infrastructures dont un chemin de fer de plus de 600 km reliant les monts Simandou, à l’Est du pays, au port en eau profonde spécialement aménagé à Morebaya, à l’ouest du pays sur la côte Atlantique, des routes, une centrale électrique,… Le projet génèrera plusieurs milliers d’emplois, développera des PME locales…

Au démarrage du projet, il est prévu d’extraire jusqu’à 34,45 millions de tonnes par an, puis jusqu’à 69 millions de tonnes/an lors de la seconde phase. Dès la première phase, la Guinée se hissera au 2e rang des producteurs de minerais de fer africain derrière l’Afrique du Sud avant de se hisser au 1er rang africain durant la phase 2 du projet et se classer au 7e rang mondial.

Selon le FMI, l’exploitation du fer de Simandou devrait augmenter le PIB de la Guinée de 26% à l’horizon 2030.

Outre la Guinée, d’autres pays habitués à figurer dans le Top 10 des plus fortes croissances économique en Afrique tiennent leurs rangs. C’est le cas de l’Éthiopie dont l’économie devrait croitre de 7,2% en 2025, 7,1% en 2026 et 7,7% en 2027, après une hausse de 8,1% en 2024, selon les projections de la Banque mondiale. Le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique avec presque 130 millions d’habitants sera tracté par son secteur agricole, ses industries manufacturières et ses services. Le pays tirera profit de la mise en œuvre du plus grand barrage hydroélectrique du continent en septembre dernier. Celui-ci va améliorer fortement l’accès à l’électricité et générer d’importantes recettes grâce à l’exportation d’une partie de l’électricité vers les pays voisins.

Idem pour le Rwanda, habitué depuis plus d’une décennie à de fortes croissances. Après une hausse de son PIB de 8,9% en 2024, le pays des mille collines devrait afficher des croissances de l’ordre de 7,1% en 2025, 7,5% en 2026 et 7,4% en 2027. Cette expansion sera principalement portée par l’investissement robuste dans les secteurs de l’industrie et une croissance soutenue dans le secteur des services. A noter que les services, grâce au numérique et au tourisme, ont représenté 51% du PIB du pays en 2024.

L’enclavement du Rwanda, et donc sa dépendance des corridors logistiques de ses voisins (Tanzanie, Ouganda, Kenya…), renchérissant les coûts, constitue l’une des fragilités de cette économie aussi exposée aux chocs climatiques alors que l’agriculture pèse encore 27% du PIB et 56% de l’emploi.

Le Bénin aussi affiche une forte croissance de 7,5% en 2024 et devrait continuer sur cette même lancée durant les trois années suivantes avec des croissances de l’ordre de 7,3% en 2025, 7,0% en 2026 et 7,0% en 2027. Cette dynamique sera tractée par la croissance du secteur agricole, l’intensification de l’activité industrielle, l’accroissement du trafic au port de Cotonou… Le pays bénéficie aussi d’une inflation faible (autour de 2,0%), soit en dessous de la norme de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa).

L’Ouganda, Djibouti, le Niger, la Tanzanie et la Côte d’Ivoire devraient également afficher de très fortes croissances dépassant les 6% durant la période 2025-2027, grâce notamment aux hydrocarbures (Ouganda et Niger), à l’agriculture et aux mines (Tanzanie, Côte d’Ivoire), aux services…

Les 9 pays africains devant enregistrer les plus fortes croissance de 2025 à 2027

PaysCroissance
en 2024
Croissance
en 2025
Croissance
en 2026
Croissance
en 2027
Bénin7,57,37,07,0
Côte d’Ivoire6,06,36,46,5
Djibouti6,06,06,16,0
Éthiopie8,17,27,17,7
Guinée5,47,59,311,6
Niger10,36,56,76,6
Rwanda8,97,17,57,4
Tanzanie5,56,06,26,5
Ouganda6,16,36,49,8

Source: données du rapport Africa’s Pulse de la Banque mondiale

Enfin, il faut souligner que ces chiffres demeurent des projections qui sont tributaires de nombreux facteurs endogènes et exogènes qui pourraient tout remettre en question.

Par Moussa Diop
Le 09/10/2025 à 16h38