Les entreprises semi-industrielles et les ménages broient du noir depuis déjà quelques mois au Cameroun. La situation, qui était pire dans le passé, s’était pourtant améliorée avec moins de coupures d’électricité par jour et une intensité du courant électrique bien appréciable sur toutes les lignes de distribution. Certains citoyens avaient alors pensé que le pays a fait d’énormes efforts sur l’électrification pour toutes les couches.
Que nenni, il fallait attendre moins de deux ans pour constater que le calvaire des populations est de retour non seulement dans certaines zones enclavées, où les populations peuvent vivre dans le noir pendant plus de deux semaines, mais aussi dans les grandes métropoles comme Yaoundé, Douala ou encore Bafoussam.
Si les raisons évoquées font état, entre autres, de la vétusté des équipements de transport d’énergie électrique dans la grande partie du pays, les sous-traitants d’Enéo, l’opérateur majeur du secteur de l’électricité au Cameroun, dénoncent la mauvaise gestion des contrats qui les lient avec leur partenaire. Ce qui a réduit leurs déploiements dans ce secteur névralgique.
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Ces sous-traitants sont regroupés au sein de l’Organisation des entreprises interprofessionnelles du secteur de l’électricité et de l’eau. Pour son premier vice-président, Bertrand Poh, «les incompréhensions que nous connaissons actuellement avec Enéo datent de 2021, après que notre partenaire a engagé une procédure de professionnalisation des entreprises du secteur en écartant de manière unilatérale celles qui l’ont accompagné depuis 2013. Ce qui a occasionné la baisse gastrique des revenus de ces entreprises et nombreuses ont été contraintes de réduire leurs effectifs.»
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Le chef d’entreprise souligne que malgré des assurances données par les responsables d’Enéo pour remédier à la situation, rien n’a changé et les entreprises les plus expérimentées vont vers l’abîme tandis que celles n’ayant aucune compétence se déploient sur le terrain. A cette situation se sont ajoutés les arriérés des payements. «A ce sujet, nous accumulons environ 10 milliards FCFA entre 2015 et 2022. Et à ce jour, notre partenaire n’a entrepris aucune action pour juguler cette dette.»
Jusqu’à quand cette situation va-t-elle durer? En attendant, les ménages et les entreprises n’y voient plus clair.