Cameroun: les taxes aux frontières pénalisent les artisans

Le 04/08/2024 à 07h59

VidéoA l’aéroport international de Yaoundé s’entasse «un nombre impressionnant d’objets d’art confisqués» aux voyageurs. Les fortes taxes appliquées à de tels articles dissuadent plus d’un touriste à quitter le pays avec dans ses valises un objet d’art fabriqué localement. Les revenus des artisans s’en ressentent.

Dans sa boutique, Mama Marie Mado, comme on l’appelle amicalement, dans le coin n’a vendu aucun article de la journée. «Le marché est tellement difficile que je ne sais plus que faire. J’ai de lourdes charges qui m’attendent à la maison et personne pour me venir en aide. Je suis vraiment dépassée».

Ce témoignage recueilli au centre artisanal de Tsinga à Yaoundé, est la parfaite illustration des statistiques des bureaux communaux de l’artisanat qui font état de 5.912 unités de production artisanale enregistrées en 2022 contre 6.132 une année auparavant, soit une baisse de 3,59 %.

Une courbe descendante à l’origine de l’ambiance morose perceptible dans tout le centre de Tsinga où le président national des artisans du Cameroun, Salifou Poamoun, reconnait les gros efforts des artisans camerounais grâce à la créativité dont ils font montre. Seulement, ces efforts sont anéantis par certains nationaux qui n’accordent pas grand intérêt aux objets d’art fabriqués localement.

«Ce sont les expatriés et les touristes qui font notre fierté parce qu’ils achètent nos objets sans insistance. Les Camerounais ne nous comptent pas parmi les grands artisans. Ils préfèrent les objets importés. C’est pour cela que nous éprouvons beaucoup de difficultés quand l’activité touristique est en berne à Yaoundé» narre Salifou Poamoun.

Mais il se trouve que les étrangers éprouvent beaucoup de difficultés à faire sortir du pays avec certains objets d’art achetés sur le marché à cause non seulement des frais de douanes exigés dans les aéroports mais aussi des tracasseries policières dont ils si disent victimes au quotidien comme en témoigne un autre exposant: «Si vous arrivez actuellement à l’aéroport international de Yaoundé Nsimalen, vous trouverez un nombre impressionnant d’objets d’art confisqués. Ce qui n’encourage pas nos clients qui se voient dépossédés de leurs biens».

Les artisans de Yaoundé, comme ceux d’autres coins du pays, interpellent le gouvernement pour que des solutions urgentes soient trouvées afin d’améliorer leurs revenus et partant de rendre la destination Cameroun plus attractive.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 04/08/2024 à 07h59