Libreville: à la découverte de Okolassi, le village des tisserands et des sculpteurs

Le marché d'Okolassi, Libreville.

Le 16/09/2023 à 11h05

VidéoA Okolassi, village à une trentaine de kilomètres de Libreville, le tissage est un savoir-faire avec pour trame bien de mythes faits à base de raphia qui en constitue la matière première. Les artisans fabriquent et mettent en vente corbeilles, chapeaux, sacs, nattes et autres objets utilitaires… Voyage au cœur d’une activité réservée aux seuls initiés... à en croire la légende.

Le voyageur qui prend la route de Conakry vers l’intérieur du pays ne manquera pas de remarquer à Okolassi des fibres de raphia exposées en bordure de route sur près d’un kilomètre. Cette fibre végétale extraite d’une espèce de palmier, fait partie du patrimoine culturel du pays depuis la nuit des temps. «Nous fabriquons des jupettes à base de raphia que les danseuses revêtissent lors des cérémonies initiatiques et même pour les mariages», explique le jeune Josué, 15 ans, pour qui a fait du tissage son gagne-pain.

A Okolassi, outre la vannerie, le village a aussi bâti sa réputation autour de la sculpture sur bois. Dans sa cabane d’exposition, Sissoko est spécialisé dans la fabrication de mortiers et de pilon. Il a du métier et sait attirer la clientèle. «On fait briller les mortiers avec l’huile de palme pour attirer les clients. Sinon c’est fait sur du bois solide», explique le vieil homme d’origine malienne, établi à Okolassi depuis bientôt une vingtaine d’années.

À proximité du sculpteur, Paméla Nzamba, la trentaine révolue, revendique une expérience dans le tissage d’accessoires de mariage. «Je suis entrain de monter un éventail pour une mariée. J’ai pris le pagne de la mariée et les plumes d’oiseau. C’est tendance en ce moment. Elle a voulu qu’on décore ça avec des plumes», détaille-t-elle avec plaisir en expliquant les succès de ses ventes journalières. «Pour une pièce d’éventail de mariage, je peux gagner 15.000 à 20.000 Francs par jour. Ça dépend!»

Biens familiaux, portés durant les cérémonies et les festivités, ces objets expriment le statut d’une famille ou d’un clan avec ses totems. Le tissu en raphia a traversé le temps sans prendre une ride. Cet art s’est transmis de génération en génération. Mais il semble y avoir une petite confusion dans les termes. Car tisser le raphia c’est l’œuvre du tisserand qui, à l’aide d’un outil appelé métier, en confectionne des nattes, des tissus (utilisés dans l’industrie textile) et bien d’autres objets. Dans le cas d’espèce, les populations d’Okolassi ne font qu’apprêter le raphia dont a besoin l’artiste.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 16/09/2023 à 11h05