Cannabis licite: le Ghana, 7ème pays africain à légaliser l’usage thérapeutique et industriel de l’or vert

Cannabis à usage médical. (Photo d'illustration) . DR

Le 25/07/2023 à 08h03

Le Ghana a récemment autorisé la culture du cannabis à des fins thérapeutiques et industrielles, devenant ainsi le 7ème pays africain à légaliser ces usages qu’offre de cette plante. Un choix stratégique pour bénéficier des retombées d’un secteur en pleine croissance au niveau mondial.

Décidément, le cannabis légal attire les pays africains. Dernière preuve en date, l’adoption le 11 juillet, par le Parlement ghanéen, d’un projet de loi autorisant la production du cannabis médical et industriel.

Cette nouvelle législation, qui doit être promulguée par le chef d’Etat Nano Akufo-Addo, devrait permettre aux entreprises de disposer de licences pour fabriquer des médicaments et d’autres produits comme le charbon, le béton, ou les textiles à partir de cette plante. Toutefois, les plantes cultivées ne peuvent contenir plus de 0,03% de tétrahydrocannabiol (THC), composant psychoactif du cannabis.

C’est un choix stratégique pour le Ghana, frappé par une crise économique. Le développement d’une industrie du cannabis thérapeutique pourrait permettre au pays de relancer son économie et surtout créer de nombreux emplois.

«La commercialisation du cannabis offre de nouvelles perspectives et va permettre la création de milliers d’emplois directs et indirects», confirme à RFI, Nana Kwaku Agyemang, président de l’ONG Hempire Association of Ghana, qui milite depuis plusieurs années pour la légalisation du chanvre indien.

Selon lui «le chanvre est moins puissant que le cannabis. Il peut être utilisé de plusieurs façons différentes. Tout ce qui est plastic, comme des bouteilles d’eau, peuvent être fabriqués à partir du chanvre industriel, qui est également biodégradable».

Le Ghana rejoint donc plusieurs pays du continent qui ont déjà investi dans la le cannabis légal. Le Lesotho a été le pionnier sur le continent, en se lançant dans cette industrie dès 2017.

Le cannabis médical, qui représente un important poids économique de ce petit pays de plus de 2 millions d’habitants, est cultivé sur d’immenses superficies, notamment par des entreprises canadiennes comme Supreme Cannabis ou encore Canopy Growth. Elles sont autorisées à cultiver et à fabriquer du cannabis médical et des produits à base d’huile de cannabis.

Le Zimbabwe (2018), la Zambie (2019), le Rwanda (2020) et l’Afrique du Sud (2022), qui ouvert la première pharmacie de vente de cannabis en 2022, basée dans la province de Gauteng à Johannesburg, ont suivi la tendance.

Le Maroc aussi s’y met

Le Maroc est également tombé sous le charme de l’«or vert ». Adopté en 2021, le projet de loi sur les usages licites du cannabis est entré en vigueur depuis juillet 2022. L’agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (ANRAC) a été mise sur pied pour mieux encadrer le secteur.

Elle a d’ailleurs délivré pas moins de 50 licences depuis octobre 2022 à des entreprises locales et internationales. Des industriels qui pourront cultiver uniquement (pour le moment) le cannabis à Al Hoceima, Chefchaouen, Taounate, trois provinces situées au nord du pays.

Si tous ces pays ont décidé d’autoriser l’usage thérapeutique du cannabis, c’est parce qu’ils souhaitent bénéficier des retombées de ce juteux secteur à la croissance exponentielle. Un marché mondial qui devrait s’établir à 16 milliards de dollars en 2023 avant d’atteindre environ 66 milliards de dollars en 2028.

L’Europe constitue l’une des principales niches, avec une croissance annuelle de 60%, contre une croissance annuelle de 30% sur le marché mondial. D’après certaines projections, le marché du cannabis légal devrait même atteindre la barre des 58 milliards d’euros en 2028 dans le vieux continent.

Par Elimane Sembène
Le 25/07/2023 à 08h03