Ce qu’attendent les Mauritaniens de l’exploitation du gaz

Le démarrage de l'exploitation du gisement Grand Tortue-Ahmeyim devrait booster l'économie mauritanienne.

Le 23/01/2025 à 15h45

Le 31 décembre 2024 est une date historique pour la Mauritanie et le Sénégal. Cette journée marque l’extraction du premier mètre cube de gaz du champ transfrontalier offshore «Grand Tortue-Ahmeyim (GTA)» situé à 115 kilomètres des côtes des deux pays. En Mauritanie, les attentes sociales sont nombreuses.

Sur la base d’estimations sur 20 ans, ce projet exploité grâce à un partenariat avec le consortium BP-Kosmos devrait rapporter à la Mauritanie et au Sénégal de 80 à 90 milliards de dollars, sous réserve de l’aplanissement des divergences entre les deux Etats et BP, au sujet des surcoûts entrainés par une série de reports d’entrée en production du projet et des soupçons de surfacturation.

La production annuelle de GTA est estimée à 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL). Les réserves sont estimées à 425 milliards de mètres cubes.


Ahmed Vall ould Mohameden, conseiller chargé de la coopération et de la communication au ministère de l’Énergie et du Pétrole, salue «l’accession de la Mauritanie au cercle des pays producteurs de gaz naturel grâce à la mise en production du champ Grand Tortue-Ahmeyim. Un gisement gazier important, en partage avec notre voisin sénégalais. Les réserves donnent de nouvelles perspectives pour les deux pays et pour la région».

Revenant sur l’exploitation du gisement, le conseiller explique que «c’est un projet avec un cycle de vie de 20 ans, voire plus, qui a nécessité un énorme investissement et un grand déploiement de moyens techniques, technologiques, financiers et logistiques, qui ouvre de nouvelles perspectives pour la région. Nous allons réaliser une production annuelle de 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL)».

Quant aux retombées sur l’économie mauritanienne, «ce gaz va être commercialisé et bénéficier aux économies de la Mauritanie et du Sénégal. En plus de cela, il y a également des quantités de gaz destinées à l’industrie domestique, notamment, pour la Mauritanie. On a mis en place un plan pour la construction d’une centrale électrique à gaz, qui va permettre de résoudre le problème du déficit structurel d’électricité de ces dernières années».

Ce responsable salue également le rôle que la Mauritanie entend jouer dans la mise en service du gazoduc Afrique atlantique, qui va contribuer à l’intégration de la région et l’intégration entre l’Afrique et l’Europe.

Pour sa part, Baliou Coulibaly, président de la section mauritanienne de la coalition mondiale «Publiez ce que vous payez», rappelle ce qui doit être l’objectif des états: «convertir les ressources naturelles en bien-être des populations. Les entreprises devraient tirer le maximum de profit durant le cycle de vie du projet. Par conséquent, nos principales préoccupations en tant que militants pour une justice économique et sociale, est d’assurer l’optimisation du recouvrement des revenus de l’Etat, un développement humain inclusif et durable. Les gains devront traduire par la formation au profit des jeunes, la création d’emplois directs, le transfert de compétences et le renforcement des capacités du secteur privé local. Cette ressource devra également assurer une transition énergétique juste et équitable, qui permet aux communautés d’améliorer leur accès aux énergies propres et une bonne gestion des impacts environnementaux et sociaux des projets».

Par Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)
Le 23/01/2025 à 15h45