Plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement africains prennent part ce lundi 20 novembre à la 4e édition du sommet G20 Compact with Africa (G20-CwA) sur l’investissement, sur invitation du chancelier allemand Olaf Scholz. Parmi les présidents et chefs de gouvernements présents figurent Bola Ahmed Tinubu (Nigeria), Alassane Ouattara (Côte d’ivoire), Macky Sall (Sénégal), Faure Gnassingbé (Togo), Nana Akufo-Addo (Ghana), William Ruto (Kenya), Azali Assoumani (Comores et président de l’Union africaine), Hakaïndé Hichilema (Zambie), Abiy Ahmed (Ethiopie), Aziz Akhannouch (Maroc)…
Outre le chancelier allemand et les dirigeants de pays réformateurs africains, des opérateurs économiques allemands et des représentants des institutions de Breton Woods participent à cette rencontre. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le président français Emmanuel macron et le Premier ministre néerlandais Mark Rutte participent également à cette manifestation.
Au total, 800 participants sont attendus à cette manifestation, ce qui en fera la plus grande conférence économique jamais organisée sur le sol allemand, selon Heiko Schewiderowski, directeur du département Afrique subsaharienne auprès de la DIHK, la Conférence des chambres de commerce et de l’industrie allemande.
A noter que les chefs d’Etats africains présents au sommet sont également attendus à la conférence sur les investissements privés allemands sur le continent. Et c’est certainement la rencontre la plus attendue par les dirigeants africains.
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Au cœur de cette 4e édition du CwA le renforcement des investissements privés sur le continent et la coopération sur l’approvisionnement énergétique durable. Et à ce titre, cette année, deux domaines vont particulièrement occuper les devants de la scène: les partenariats énergétiques et l’exploitation des matières premières.
Deux domaines qui intéressent particulièrement Berlin, très affectée par les impacts de la crise Russie-Ukraine sur son approvisionnement énergétique et la course que se livrent les grandes puissances économiques mondiale (Etats-Unis, Chine, Japon,…) pour le contrôle des minerais stratégiques et des terres rares, essentiels à la transition énergétique mondiale.
A ce titre, il faut souligner que le chancelier allemand a multiplié au cours de ces dernières années des déplacements en Afrique dans le but de mieux sécuriser les approvisionnements énergétiques futurs de l’Allemagne. En octobre dernier, il s’est rendu tout récemment au Nigeria, premier producteur de pétrole d’Afrique et qui dispose des plus importantes réserves en gaz du continent africain, et au Ghana, les deux premières puissances économiques de l’Afrique de l’ouest. Lors de cette visite, le journal nigérian The Punch avait souligné que «les entreprises allemandes s’intéressent à des livraisons de gaz provenant du Nigeria et attendent avec impatience une coopération avec des entreprises gazières nigérianes».
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En mai 2022, juste après le déclenchement de la guerre Russie-Ukraine, le chancelier allemand avait entrepris son premier périple africain dans trois pays: Sénégal, Niger et Afrique du Sud.
En mai 2023, il s’était rendu en Ethiopie et au Kenya. Il avait souligné à cette occasion, «c’est le moment où nous devons prendre un nouveau départ concernant les relations Nord-Sud». De même, l’Allemagne compte sur le potentiel de production d’énergies renouvelables, en particulier d’hydrogène vert en bénéficiant des potentialités naturelles du continent.
Ainsi, de nombreux opérateurs allemands ont manifesté leur intérêt pour produire de l’hydrogène vert dans de nombreux pays du continent (Maroc, Namibie, Egypte…).
Et selon Bloomberg, «le chancelier allemand Olaf Scholz a promis 4 milliards d’euros (4,4 milliards de dollars) pour l’Initiative Afrique-UE sur l’énergie verte jusqu’en 2030», ajoutant que celui-ci a promis que la plus grande économie européenne importera «une grande partie» de ses besoins en hydrogène vert du continent.
Au-delà du volet économique, Berlin souhaite aussi mettre l’accent sur la bonne gouvernance en Afrique, un fondement pour attirer davantage d’investisseurs allemands vers le continent.
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Rappelons que le G20-CwA est une initiative lancée en 2017 par les pays du G20 sous la direction de la chancelière allemande, Angela Merkel, avec pour objectif d’encourager la mise en œuvre des réformes dans les pays africains et stimuler l’investissement privé.
Le Compact with Africa compte actuellement 13 pays africains membres: Egypte, Ethiopie, Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée, République démocratique du Congo, Maroc, Rwanda, Sénégal, Togo et Tunisie. D’autres pays africains souhaitent aussi intégrer le groupe. Il s’agit notamment de l’Angola, du Kenya et de la Zambie dont les représentants participent à cette 4e édition.
Cette 4e édition intervient dans un contexte de hausse des échanges commerciaux entre l’Allemagne et l’Afrique. Des échanges qui ont atteint 65,4 milliards de dollars en 2022, en hausse de 21,7% par rapport à 2021.
Toutefois, plusieurs observateurs avancent que les bénéfices du G20-CwA tardent à être palpables. Si certains avancent que les échanges commerciaux entre l’Allemagne et les pays africains sont en hausse et que certains pays du continent dont le Sénégal, la Tunisie et la Côte d’ivoire reçoivent davantage d’investissement allemands, globalement, les impacts du Compact with Africa se font attendre.