La décision des pays de la Confédération des États du Sahel (AES) d’imposer 0,5% de droit de douane des marchandises importées des pays tiers, y compris ceux de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), continue de susciter des commentaires au niveau de la classe politique, des opérateurs économiques et des citoyens. La Cedeao doit même se réunir pour discuter de cette nouvelle donne régionale.
L’Alliance des États du Sahel (AES), créée en 2023 par le Mali, le Niger et le Burkina Faso, vise à unir leurs forces pour contrer les menaces sécuritaires dans la région. Surnommée «Liptako-Gourma», l’alliance s’est transformée en confédération avec une force de défense commune. Le Liptako-Gourma est une région transfrontalière de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, partagée entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger.
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L’économiste Modibo Mao Makalou explique que «la CEDEAO imposait le même pourcentage pour financer ses activités». Il estime qu’avec l’application de cette décision, «les trois pays évoluerons désormais dans une union douanière dans laquelle toutes les barrières tarifaires et non tarifaires seront éliminées. La libre circulation des biens, des personnes et des services sera également assurée.»
Allant dans le même sens, Fousseynou Ouattara, vice-président de la commission défense, sécurité et protection civile du Conseil national de transition (CNT) explique que «c’est une transposition compte tenu que les trois Etats de l’AES ne sont plus membres de la Cedeao. C’était cette taxe qui était perçue et reversée dans la caisse de l’organisation communautaire».
Fousseynou Ouattara sous-entend qu’au lieu de restituer cette taxe à l’organisation régionale ouest-africaine, les pays de l’AES le conserveront pour faire fonctionner leur confédération.
Il explique que «la collaboration entre les trois États se repose sur la diplomatie, la défense et le développement économique», avant d’ajouter que «comme la force conjointe est déjà constituée par près 5.000 hommes, cette taxe va contribuer au financement des opérations de la force conjointe.»
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Dès l’annonce de ce «prélèvement confédéral», le ministre malien de l’Économie, Alousseini Sanou, a rassuré la population en affirmant que «pour les usagers maliens, cette taxe n’impacte pas du tout le coût des denrées importées.»