Alors qu’il occupait un poste confortable de comptable dans une grande entreprise de la place, Fadiga Karamoko a pris le risque de se mettre à son propre compte. L’entrepreneuriat fait partie de son quotidien depuis son jeune âge. «En classe de terminale, j’avais mis sur pied une activité en parallèle avec mes études. À l’issue de l’obtention de mon brevet de technicien supérieur en finance, comptabilité et gestion d’entreprise, j’ai décroché un poste dans une entreprise. J’y ai exercé pendant quatre ans. Mais, mes ambitions ont fini par prendre le dessus. Je me suis donc mis à mon propre compte», explique-t-il.
Et de poursuivre: «J’ai décidé de faire des chariots suite à un constat et à des frustrations que j’ai rencontrées dans mon engagement pour l’entrepreneuriat. Aîné de ma mère, après le décès de mon père, je me devais d’avoir une activité génératrice de revenus afin de l’épauler. Je me suis dit que si je reste employé jusqu’au mariage, je n’aurai plus la possibilité de me mettre à mon propre compte.»
Mettre fin au pas-de-porte
Comme tout entrepreneur à ses débuts, le patron de Carnot Ingénierie rencontre des difficultés. Il lui a fallu alors s’armer de courage et de détermination pour atteindre ses objectifs. «Au départ, j’ai voulu ouvrir un restaurant. Mais, j’ai été contraint d’abandonner ce projet à cause des pas de porte, qui s’élevaient entre 7.000.000 FCFA et 10.000.000 FCFA, et le coût du loyer que je trouvais énorme pour un débutant. Je me devais de trouver une alternative. C’est dans cette quête que je me suis retrouvé dans la métallerie et je me suis développé de manière autodidacte suite à quelques formations suivies çà et là.»
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Outre le souci de financement, il fallait faire face à l’obtention des matériels et équipements de travail essentiellement faits de fers (à 99%). «Il me fallait les importer, parfois de Chine. C’était difficile, mais je savais à quoi je devais m’attendre. Donc à chaque difficulté, je trouvais une solution. Aujourd’hui, on s’approvisionne sur le marché local. Nos chariots sont donc des chariots “made in Côte d’Ivoire”», relate-t-il avec fierté.
Grâce à ses différents projets, une vingtaine de jeunes ne sont plus chômeurs. «Ces derniers sont repartis dans plusieurs services, à savoir l’assistance de gestion, le département commercial, la comptabilité et le service technique. Pour un chariot vendu, trois emplois sont créés. Et si, par exemple, l’Etat prend l’initiative d’offrir au moins 200 chariots aux jeunes, voyez-vous combien de chômeurs seront heureux? Cela va contribuer à la réduction du chômage en Côte d’Ivoire», incite-t-il.
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Ayant fait l’expérience du terrain, l’entrepreneur ne se lasse pas de prodiguer des conseils à tous ceux qui souhaitent se mettre à leur propre compte: «L’entrepreneuriat est tout un processus, c’est comme un cycle de vie. On ne naît pas grand, on naît petit. Il faut donc accepter de commencer au bas de l’échelle. On ne choisit pas d’entreprendre parce que X ou Y le fait. C’est une aventure! Entreprendre, c’est identifier un besoin et essayer de le résoudre», explique Fadiga Karamoko, soulignant que «tout le monde n’est pas destiné à être entrepreneur».
Notons que le chariot pour nourriture est un dispositif de restauration mobile, tout-en-un. La mobilité peut se faire sous différentes formes (attelé à une voiture, à des poussettes, motorisé, etc.). L’avantage de ces chariots est qu’ils sont écologiques, très pratiques et permettent de vendre tout ce qui est fast-food, en plus d’être personnalisables en fonction de l’activité de l’acheteur. Les prix varient entre 450.000 FCFA et 950.000 FCFA selon les modèles.