Six pays francophones, considérés comme des prés carrés de Paris, ont vu leur leader renversé ces quatre dernières années. Une «épidémie» de putschs qui met à mal les intérêts économiques et l’influence de l’Hexagone dans ses anciennes colonies. Que ce soit au Mali au Niger ou encore au Burkina Faso, le drapeau tricolore est synonyme de rejet.
Mais c’en est pas encore fini pour Paris qui garde encore quelques copains dans la zone, en l’occurrence la Guinée de Mamadi Doumbouya. Bien que putschiste, ce dernier demeure un fidèle ami de la France. Cette amitié a pris du galon lors de la 5eme édition du forum d’affaires Ambition Africa, laquelle a rassemblé 1.800 participants dont 1000 entreprises africaines. Rendez-vous annuel incontournable des relations économiques entre l’Afrique et la France, le forum s’est tenu à Bercy les 17 et 18 octobre.
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Si dans la précédente édition Paris s’est vanté d’avoir réuni une quarantaine de pays africains, cette fois-ci l’organisatrice s’est montrée peu loquace sur l’origine des participants. Mais s’il y a un invité que l’Hexagone a bien voulu montrer comme un hôte de marque, c’est bien la Guinée, très entreprenante, contrairement à ses voisins du Mali et du Burkina.
Avec à sa tête la ministre guinéenne de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation (MESRI), Diaka Sidibé, cette présence officielle de Conakry à ce rendez-vous est le «signe de la solidité de notre partenariat bilatéral et de l’importance que nous accordons mutuellement aux projets portés par ce département pour le tissu éducatif et économique local», s’est réjouie la France pour qui «la visite de la ministre à Paris fut une belle occasion de renforcer le dialogue sur un certain nombre de domaines.»
Lors de cette visite, les deux parties ont évoqué notamment la coopération universitaire avec l’Ecole polytechnique de Paris et le lycée du Parc à Lyon, avec lesquels la ministre a signé une convention de partenariat.
Ce partenariat s’inscrit dans un projet phare de Diaka Sididé, celui de créer des classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE), souligne la partie française dans un communiqué de presse avant d’ajouter que la mise en place de ces classes préparatoires, option mathématiques physique et sciences de l’ingénieur, permettra aux jeunes guinéens et guinéennes d’accéder, par voie de concours, aux grandes écoles d’ingénieurs françaises dont Polytechnique.
Ces classes sont destinées à former des ingénieurs de haut niveau dans les secteurs scientifique et technique, porteurs pour le développement économique de la Guinée. L’engagement et la volonté de la ministre de faire aboutir ce projet, a permis l’ouverture des premières classes guinéennes en septembre 2023.
La ministre Diaka Sidibé a pu mettre à profit cette mission pour rencontrer ses homologues français du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche (MESR), et de celui de l’Éducation nationale et de la jeunesse (MEJ). Ces rencontres devraient déboucher, entre autres, sur des accords de partenariat destinés à l’accompagnement et au développement des CPGE guinéennes.
Organisé sous l’égide du ministère de l’Europe et des affaires étrangères, ce forum a été ouvert par Bruno Le Maire, ministre français de l’Économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, Chrysoula Zacharopoulou, Secrétaire d’État en charge du Développement, de la francophonie et des partenariats internationaux, et Laurent Saint-Martin, Directeur Général de Business France.
Selon le département de Bruno Le Maire des centaines de rendez-vous d’affaires ont été organisés au cours des deux journées du forum, permettant de nouer de nouveaux partenariats économiques.