Les chefs d’Etat du Burkina Faso, du Mali, et du Niger, ont décidé samedi de créer une Banque d’investissement au sein de l’espace de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), au cours de leur premier sommet tenu à Niamey, capitale nigérienne.
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Les dirigeants du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, du Mali, le colonel Assimi Goïta, et du Niger, le général Abdourahamane Tchiani, ont décidé aussi de créer une confédération de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) et la mise en place d’un fonds de stabilisation.
Ils ont en effet instruit les ministres en charge des Affaires étrangères et ceux en charge du développement de prendre des dispositions pour leur opérationnalisation, précise le communiqué final du sommet.
La création d’une Banque d’investissement au sein de l’AES constitue un jalon majeur pour stimuler les investissements et favoriser la croissance économique durable dans cette région en proie à l’insécurité. Cette institution financière régionale devrait faciliter l’accès au financement pour des projets d’infrastructure, d’industrialisation et de diversification économique, facteurs clés pour endiguer les racines profondes de l’instabilité et du sous-développement.
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Par ailleurs, l’établissement d’une confédération de l’AES et la mise en place d’un fonds de stabilisation témoignent de la volonté des dirigeants d’instaurer un cadre juridique et financier solide pour soutenir leurs efforts conjoints. Cette confédération renforcera la coopération politique, économique et sécuritaire, tandis que le fonds de stabilisation permettra de mobiliser des ressources pour faire face aux crises et soutenir les efforts de reconstruction.
Un contexte régional complexe marqué par des tensions institutionnelles
La lutte contre le terrorisme au Sahel demeure une priorité absolue pour ces États, comme en atteste leur engagement à mener une action commune et efficace contre les groupes armés, notamment dans la zone stratégique du Liptako-Gourma. La mise en place d’une force unifiée des États du Sahel, décidée lors d’une réunion précédente, constitue un pas en avant significatif pour coordonner les opérations militaires et sécuritaires dans cette région tourmentée.
Cependant, il convient de souligner que cette initiative régionale intervient dans un contexte de tensions croissantes avec la CEDEAO, dont le Burkina Faso, le Mali et le Niger se sont retirés en janvier 2024. La CEDEAO, qui doit tenir ce dimanche un sommet de ses chefs d’État à Abuja, devra aborder la question des relations avec l’AES, soulignant ainsi les défis liés à la coexistence de multiples organisations régionales aux agendas parfois divergents.
Au-delà des enjeux sécuritaires, l’AES semble vouloir s’attaquer aux racines profondes de l’instabilité régionale en plaçant le développement économique au cœur de ses priorités. La création d’une Banque d’investissement et la perspective d’une coopération renforcée dans des domaines tels que les infrastructures, l’industrialisation et la diversification économique laissent entrevoir une approche holistique visant à briser le cycle de la pauvreté, du sous-développement et de l’insécurité.
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Néanmoins, la réussite de cette ambitieuse initiative dépendra largement de la capacité des États membres à surmonter les divergences politiques, à mobiliser des ressources financières suffisantes et à mettre en œuvre des réformes structurelles indispensables pour créer un environnement propice aux investissements et à la croissance durable.
Dans ce contexte régional complexe, marqué par des transitions politiques, des défis sécuritaires persistants et des tensions institutionnelles, l’AES devra faire preuve d’une vision stratégique à long terme et d’une coordination étroite entre ses membres. Seule une approche globale, combinant les efforts sécuritaires, politiques, économiques et de développement, permettra de relever les défis multidimensionnels auxquels le Sahel est confronté.
Mise en place d’une force unifiée
Dans la Déclaration de Niamey, publiée au terme du Sommet, les chefs d’Etat ouest-africains se sont réjouis des résultats obtenus grâce à la synergie d’actions entre les trois Etats dans la lutte contre le terrorisme dans l’espace de l’Alliance.
Les Etats de la confédération ont décidé de mener une lutte commune et efficace contre le terrorisme au Sahel en général, et dans la zone du Liptako-gourma en particulier, indique la Déclaration.
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Les trois dirigeants se sont également félicités de la mise en place d’une force unifiée des Etats du Sahel lors de la réunion des chefs d’Etat-major tenue à Niamey en mars dernier. Cette force a pour mission de mettre en œuvre un plan à caractère trilatéral permanent et de lutte contre les groupes armés terroristes, la criminalité transnationale organisée et les autres menaces auxquelles ces Etats font face.