Ghana: le bilan du projet «One District One Factory» d’Akufo-Addo qui doit inspirer les autres pays africains

Le président du Ghana, Nana Akufo-Addo, fait une déclaration sur le site de fabrication de la société allemande BioNTech à Marburg, dans l'ouest de l'Allemagne, le 16 février 2022.

Le président du Ghana, Nana Akufo-Addo.. AFP or licensors

Le 27/10/2022 à 13h44

Le président ghanéen a fait le bilan de son projet «One district One factory» (1D1F) lancé en 2016. Une initiative louable qui devrait inspirer de nombreux pays africains pour contribuer à réduire la concentration industrielle au niveau d’une ou deux villes.

Ce n’est certainement pas encore le succès escompté, mais l’initiative lancée par le président ghanéen Nana Akufo-Addo en 2016 à travers le projet «One District One Factory» (1D1F) commence à porter ses fruits.

Malgré la conjoncture économique difficile de ces trois dernières années, marquées par la crise sanitaire du Covid-19 et la guerre Russie-Ukraine qui ont durement affecté l’économie ghanéenne, le bilan du projet est globalement positif.

Le programme 1D1F vise à accélérer l’industrialisation du Ghana via la construction de nombreuses petites, moyennes et grandes usines dans les différentes régions du pays. Ainsi, selon les données de la présidence ghanéenne, 125 usines ont été réalisées dans le cadre du projet lancé en 2016 et, mieux, 296 autres sont en cours de construction dans les différentes régions du pays.

«Lorsque nous avons dit que nous voulions mettre en œuvre « 1D1F » et certaines politiques industrielles stratégiques, on nous a dit que c’était impossible, mais aujourd’hui tout le monde parle de l’importance pour l’économie ghanéenne de réduire sa dépendance à l’égard des biens et services étrangers (…). Maintenant, les gens commencent à comprendre qu’en effet, nous avons été prévoyants, nous savions exactement ce que nous devions faire pour apporter des progrès substantiels, des progrès réels», s’est réjoui le président Akufo-Addo.

Cette politique présente plusieurs avantages. D’abord, elle permet de réduire la concentration des unités industrielles au niveau d’une ou deux villes seulement, comme c’est le cas presque partout en Afrique subsaharienne. Elle contribue ainsi à une décentralisation industrielle qui bénéficiera à toutes les régions du pays et réduit les disparités régionales.

Il s’agit également de créer des emplois dans les différentes régions du pays, de réduire la pauvreté, d’y fixer durablement les jeunes et de réduire l’exode vers les métropoles.

L’initiative 1D1F permet, en outre, de favoriser l’entrepreneuriat des jeunes en les encourageant à investir dans leur région. Ainsi, selon la présidence ghanéenne, 58 des usines construites sont détenues par des jeunes qui ont reçu un soutien direct de l’Etat ghanéen.

Ses avantages incluent, enfin, la réduction des importations et l’augmentation des exportations de produits finis, générant ainsi de la valeur ajoutée pour le pays grâce à la transformation des produits locaux.

Autant de raisons, donc, qui font que l’objectif de ce programme est plus que salutaire et mérite d’être encouragé. Et l’initiative mérite d’être dupliquée par les autres pays africains où toute l’industrie est concentrée dans la capitale politique et, dans une moindre mesure, dans la capitale économique, pour ceux qui en disposent.

Pour sa réussite, plusieurs institutions publiques et privées ghanéennes ont été impliquées dans le programme, dont des ministères (Finances, Agriculture, Energie…), l’Autorité ghanéenne de promotion des exportations (GEPA), les banques (CalBank, GCB Bank, UMB Bank…), etc.

Le programme 1D1F a également reçu le soutien de plusieurs bailleurs de fonds internationaux dont l’Usaid (Etats-Unis), la Banque africaine de développement (BAD) et GIZ (Allemagne), entre autres. Les Etats-Unis en particulier ont apporté, en avril 2019, une enveloppe de 300 millions de dollars pour financer la construction d’usines dans le cadre du projet.



Par Moussa Diop
Le 27/10/2022 à 13h44