Depuis quelques semaines, trouver de la liquidité est devenu malaisé. Dans de nombreuses banques, des plafonds de retrait ont été imposés, compliquant ainsi la vie des opérateurs économiques et des particuliers.
«Je ne vais plus à la banque. Je préfère travailler avec des personnes qui s’en chargent. Les retraits ainsi que les opérations effectuées via les plateformes de transfert d’argent sont ensuite reversés à nos fournisseurs. Ce n’est qu’après cela que ceux‑ci réalisent des virements en banque, retirent les fonds en espèces, puis nous les remettent pour nous approvisionner. Mais aujourd’hui, nous attendons deux à trois jours avant de recevoir du cash, car ils nous disent que la banque elle‑même n’a pas de liquidités disponibles. La semaine dernière, nous n’avons quasiment pas travaillé», témoigne Amadou Diouldé Diallo, opérateur économique à Conakry.
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La masse monétaire qui fait défaut aux banque s’explique par une croissance économique passée 3% à près de 7% en 2024 selon le Premier ministre Amadou Oury Bah, selon lequel «une masse importante de monnaie fiduciaire pourrait ne pas suffire aux besoins d’une économie aussi dynamique».
De plus, le taux de bancarisation est passé de 7% à 23% en dix ans ce «bond est essentiellement dû à l’utilisation des services financiers numériques», a fait savoir Mohamed Lamine Conté, premier vice-gouverneur de la Banque centrale de Guinée le banquier, ajoutant que près à 3 millions de comptes sont actifs sur une cible de plus de dix millions d’habitants.
Au de-là de ces explications signe de la modernisation de l’économie nationale, la pénurie d’argent devenue monnaie courante touche un large pan de la société comme les détaillants, contraints d’adapter leur activité à une crise qu’ils ne maîtrisent pas.
Selon Amadou Diouldé Diallo, certains clients tentent malgré tout de retirer de l’espèce à des points de service tels qu’Orange Money, mais voient leurs efforts souvent réduits à des allers‑retours infructueux. «C’est justement pour cela que nous choisissons désormais de servir en priorité les personnes venues effectuer des dépôts» précise‑t‑il.
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Pour Abdoulaye Sadio Diallo, simple citoyen, la crise devient de plus en plus palpable : «Il m’arrive souvent de me rendre à la banque pour retirer de l’argent. A mon arrivée, on me répond qu’il n’y a pas de liquidités disponibles. C’est pénalisant. On dit que la Banque centrale elle‑même est confrontée à de nombreuses difficultés, ce qui affecte directement les banques commerciales et, par ricochet, les citoyens».
Cette situation souligne la fragilité du secteur bancaire guinéen, où la dépendance au cash devient un poids majeur pour l’ensemble de l’économie. À mesure que la pénurie persiste, elle nourrit inquiétude, méfiance et frustration parmi les opérateurs économiques ainsi que les citoyens ordinaires, tous dans l’attente de mesures fortes pour ramener la stabilité du système.