Amsterdam lorgne l’hydrogène vert de l’Afrique. Ces derniers mois, le gouvernement néerlandais a multiplié les partenariats et accords avec certains pays du continent. La dernière initiative en date, est la signature d’un mémorandum d’entente et d’une convention de partenariat sur l’hydrogène vert avec le Maroc, lors de la visite de son Premier ministre Marke Rutte, le 21 juin dernier. Un partenariat scellé à l’issue d’une table ronde organisée en marge de cette visite.
Concrètement, les deux pays souhaitent consacrer 305 millions d’euros pour développer des projets d’énergies renouvelables, particulièrement dans l’hydrogène vert (H2). Ils prévoient aussi d’organise un forum d’affaires entre opérateurs économiques des deux pays, pour prospecter les opportunités d’investissement dans les énergies vertes.
«Je suis impressionné par les ambitions établies dans le domaine des énergies renouvelables, entre autre l’objectif de 52% de l’électricité issue d’énergie durable en 2030 et le désir de diminuer les gaz à effet de serre de 45%», avait déclaré M. Rutte, à propos de la stratégie verte du Maroc.
Parallèlement au volet diplomatique, le secteur privé néerlandais investit aussi dans la production d’hydrogène vert au Maroc. Le 23 juillet 2022, l’entreprise d’ingénierie Proton Ventures avait noué un partenariat avec l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), pour la construction d’une unité pilote de production d’ammoniac vert, à travers l’hydrogène vert. D’une capacité de production 4 tonnes par jour, cette installation sera bâtie dans le complexe chimique du groupe OCP à Jorf Lasfar.
L’Agence marocaine pour l’énergie durable (MASEN) s’est également alliée au port de Rotterdam et à la multinationale pétrolière et gazière néerlandaise Vopack, pour développer la chaîne de valeur pour l’hydrogène vert. Un accord que le chef du gouvernement hollandais a d’ailleurs rappelé dans ses déclarations.
Lire aussi : Hydrogène vert: l’Afrique du Nord dispose du plus important potentiel d’exportation mondial, selon Deloitte
Avant son séjour marocain, Marke Rutte avait assisté, le 20 juin à Pretoria, à la création du fonds «SA-H2» d’un milliard de dollars pour l’hydrogène vert, entre les Pays-Bas, l’Afrique du Sud et le Danemark. Un véhicule financier qui recevra les participations d’entreprises et d’institutions néerlandaises comme Climate Fund Managers et Invest international, soutenues par l’Etat, du Development Bank of Southern Africa (DBSA), Industrial Development Corporation of South Africa, et de l’assureur sud-africain Sanlam.
D’après Catherine Koffman, responsable du département de préparation des projets de DBSA, «ce fonds constitue un ajout important aux efforts nationaux visant à tirer parti de notre infrastructure existante en matière d’énergies renouvelables. Avec un objectif national d’investissement de 250 milliards de dollars dans l’hydrogène vert d’ici à 2050».
Selon le président sud-africain Cyril Ramaphosa, cette initiative s’inscrit dans le cadre de la stratégie verte de l’Afrique du Sud visant à mettre en place un pacte de financement climatique de 8,5 milliards de dollars avec des pays développés, pour assurer la transition énergétique.
A travers ce programme, Johannesburg souhaite aussi de l’hydrogène vert pour l’aviation, l’acier vert, les transports, exporter une partie de sa production sur le marché de l’Union européenne (UE).
« Avec ses énormes ressources renouvelables, l’Afrique du Sud est particulièrement bien placée pour devenir un acteur clé sur le marché mondial de l’hydrogène, et les Pays-Bas sont également bien placés pour devenir un partenaire stratégique. D’abord en tant que partenaire du développement local dans les domaines des énergies renouvelables, de l’hydrogène et des infrastructures, et aussi en tant que plaque tournante pour les importations d’hydrogène», a indiqué Mark Rutte, lors d’un forum d’affaires organisé à Pretoria en marge de sa visite.
Lire aussi : Hydrogène vert: forces et faiblesses de la Namibie
L’Afrique dispose d’un important potentiel de production d’hydrogène vert. La capacité de production cumulée de l’ensemble des projets d’hydrogène vert en Afrique devrait atteindre 1,5 million de tonnes par an en 2030, selon le rapport « Hydrogen Insights 2023″ du Conseil de l’hydrogène vert (Hydrogen Council), publié le 11 mai 2023. Quelques uns de ces projets devraient entrer en production en 2025.
Un autre rapport publié part le cabinet Deloitte révèle que l’Afrique du Nord devrait être le premier exportateur mondial d’H2 en 2050. La région devrait engranger 110 milliards de dollars de recettes d’exportations, sur les plus de 280 milliards de dollars attendus dans le commerce mondial à cette date.
Stratégie verte des Pays-Bas
Le Pays-Bas, est l’un des pays référence dans l’usage de l’hydrogène vert en Europe. L’Etat a dévoilé le 30 mars 2021, une feuille de route pour le développement de cette source d’énergie. Parmi les grands projets, la construction d’une usine d’hydrogène offshore dans la province de Groningue, au nord du pays.
D’une capacité de production de 500 mégawatts (MW), cette usine sera connectée à un parc éolien offshore, d’où l’H2 pourra être transporté vers la terre via un gazoduc après la production. Elle devrait être opérationnelle en 2031, selon le gouvernement néerlandais.
Le pays connait également une forte demande en H2, stimulée par une importante consommation de l’industrie, notamment le secteur de la chimie et des ports, dont celui de Rotterdam.
L’objectif d’Amsterdam, c’est atteindre 75% d’énergies renouvelables dans son mix-énergétique en 2030. Un challenge que les Pays-Bas souhaitent relever, notamment grâce aux importations d’hydrogène vert d’Afrique.