IDE stables et durables vers l’Afrique: voici les 10 points clés de la feuille de route du G20

En 2023, les investissements directs étrangers (IDE) entrants en Afrique se sont établis à 52,6 milliards de dollars, contre 54,4 milliards de dollars en 2022.

Le 25/08/2024 à 14h47

Favoriser les investissements directs étrangers (IDE) productifs de long terme plutôt que les volatils: tel est l’objectif du G20 qui a dévoilé 10 mesures phares pour attirer des flux de capitaux stables vers l’Afrique.

Promouvoir les investissements directs étrangers de long terme dans les secteurs productifs, les infrastructures, l’énergie verte et l’agriculture durable plutôt que les investissements volatils spéculatifs, renforcer le rôle des banques multilatérales de développement pour financer ces priorités, mettre en place des cadres politiques robustes pour attirer et stabiliser les flux de capitaux, sur la base des recommandations de l’OCDE et encourager l’implication du secteur privé, notamment via l’intégration des systèmes de paiement, tels sont en substance 5 points clés des 10 qui émergent de ce que l’on peut qualifier de feuille de route du G20 visant à favoriser des investissements et flux de capitaux plus stables et durables vers l’Afrique.

Il s’agira également de promouvoir une coordination multilatérale renforcée et des instruments financiers innovants comme les obligations climat, relever les défis mondiaux de financement du développement durable et de la transition énergétique, cruciaux pour l’Afrique.

A ceux-là s’ajoutent la réforme de la gouvernance des institutions financières internationales pour accroître la représentation des pays en développement, utiliser les droits de tirage spéciaux pour renforcer les capacités financières des banques multilatérales, mettre en œuvre la solution de l’OCDE sur les deux piliers fiscaux pour assurer des recettes aux États et travailler sur des mesures fiscales progressives pour lutter contre les inégalités croissantes.

Retenons que ces flux dit «stables et durables» s’opposent aux investissements de portefeuille très volatils attirés par la spéculation à court terme, qui ont souvent déstabilisé les économies africaines par le passé lors de retraits massifs et soudains de capitaux.

Autant dire que dans le communiqué final de la troisième réunion des ministres des Finances et des gouverneurs de banque centrale du G20, qui s’est tenu le 26 juillet dernier à Rio de Janeiro, une attention particulière a été accordée aux moyens de stimuler des flux de capitaux plus stables et durables vers les pays émergents et les économies en développement, en particulier l’Afrique.

En 2023, l’Afrique a connu un repli de 3% des investissements directs étrangers (IDE) entrants, s’établissant à 52,6 milliards de dollars selon les dernières statistiques de la CNUCED, contre 54,4 milliards de dollars en 2022 et 82,1 milliards de dollars en 2021.

Entendez par «flux de capitaux plus stables et durables vers l’Afrique», des investissements étrangers, publics ou privés, qui s’inscrivent dans la durée et contribuent au développement économique durable du continent.

Quelques exemples concrets : dans des secteurs productifs, il s’agit d’investissements réalisés par des entreprises étrangères pour créer ou acquérir des actifs productifs durables (usines, équipements, etc.) en Afrique, à l’instar d’implantations d’usines automobiles, d’unités de production agroalimentaire, etc.

Ces IDE, contrairement aux investissements de portefeuille plus volatils, ont un impact positif à long terme sur l’emploi, le transfert de technologies et de compétences, les recettes fiscales, etc.

Renforcer davantage l’architecture financière internationale

Comme on le sait, en Afrique, le déficit d’infrastructures (transports, énergie, eau, télécommunications) constitue un frein majeur au développement. Les ministres des Finances et des gouverneurs de banque centrale du G20 ont réitéré leur engagement à stimuler les investissements publics ou privés pérennes dans ces secteurs essentiels, par exemple pour construire des routes, ponts, lignes ferroviaires, barrages hydroélectriques, réseaux de fibre optique, etc.

Les financements verts et les énergies renouvelables vont eux aussi être davantage stimulés. En effet, pour soutenir la transition énergétique et s’attaquer au changement climatique, l’Afrique a besoin d’investissements importants dans les énergies renouvelables (solaire, éolien, géothermie, etc.), les infrastructures résilientes, l’efficacité énergétique, la gestion durable des ressources naturelles, etc.

Etant donné l’importance de l’agriculture pour la sécurité alimentaire et les revenus en Afrique, des financements à long terme dans une agriculture productive, diversifiée et respectueuse de l’environnement (agro-écologie, irrigation, etc.) vont eux aussi être stimulés.

S’agissant des secteurs prioritaires pour les investissements, les ministres des Finances et des gouverneurs de banque centrale du G20 mettent l’accent sur le rôle crucial des banques multilatérales de développement (BMD) dans le soutien aux objectifs de développement durable (ODD) et aux défis mondiaux, ce qui laisse présager des investissements dans des domaines clés comme les infrastructures, l’énergie durable, l’agriculture et la sécurité alimentaire.

Comme le souligne le paragraphe 26 du communiqué final, les ministres des Finances et des gouverneurs de banque centrale du G20 « réitèrent leur engagement à renforcer davantage l’architecture financière internationale, notamment en promouvant des flux de capitaux durables et en utilisant des cadres politiques solides pour faire face à la volatilité excessive des flux de capitaux lorsque cela est nécessaire. »

Implications pour l’Afrique

Cette déclaration revêt une importance cruciale pour le continent africain, qui peine historiquement à attirer et à conserver des investissements étrangers directs (IDE) stables et à long terme. Selon un rapport de l’OCDE cité dans le communiqué, des discussions sont en cours « pour évaluer les facteurs influençant les flux de capitaux vers les économies émergentes et en développement, et analyser les opportunités pour ces pays d’attirer et de conserver des flux d’investissements étrangers stables et à long terme ainsi que les obstacles à cela. »

Le G20 reconnaît la nécessité d’impliquer le secteur privé dans ces efforts, comme en témoigne cette citation: «Nous accueillons favorablement les discussions continues sur les implications macroéconomiques et financières de l’intégration transfrontalière des systèmes de paiement intérieurs, y compris celles facilitées par les monnaies numériques de banque centrale et les systèmes de paiement rapide

Cadres politiques et réglementaires

En ce qui concerne les cadres politiques et réglementaires pour atténuer la volatilité excessive des flux de capitaux, les ministres des Finances et des gouverneurs de banque centrale du G20 indiquent qu’ils «accueillent favorablement la note de l’OCDE sur la résilience des flux de capitaux vers les économies émergentes et en développement

Cette note de l’OCDE devrait fournir des recommandations précieuses sur les réformes et les mesures nécessaires pour créer un environnement propice à des flux de capitaux plus stables et prévisibles.

Bien que le communiqué des ministres des Finances et des gouverneurs de banque centrale du G20 ne mentionne pas explicitement un mécanisme de coordination entre les pays africains, il souligne à plusieurs reprises l’importance de la coopération multilatérale et d’une «action décisive» pour relever les défis mondiaux tels que le financement du développement.

La question de la transition énergétique et du changement climatique est omniprésente dans le communiqué, qui salue «les travaux en cours du Groupe de travail pour une mobilisation mondiale contre le changement climatique, qui, en réunissant les sherpas et les volets financiers, vise à stimuler l’action et l’ambition climatiques en intégrant davantage le changement climatique dans l’agenda économique mondial.» Le communiqué évoque également des instruments novateurs tels que les clauses d’obligations résilientes au climat, qui «pourraient être envisagées sur une base volontaire et au cas par cas».

Par Modeste Kouamé
Le 25/08/2024 à 14h47