Dans son tout dernier rapport sur l’industrie de la mode en Afrique, l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) met en avant les tendances et les défis de ce secteur en plein essor.
Les recherches de l’organisme montrent que rien qu’en Afrique subsaharienne, la valeur du marché de l’habillement et de la chaussure était estimée à 31 milliards de dollars des États Unis en 2020, un chiffre qui devrait continuer à augmenter chaque année.
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Si la participation des pays en développement dans les échanges mondiaux de biens culturels a stagné et ne représente que 5% du total des exportations mondiales, «l‘expansion du commerce électronique, auquel ont eu recours 28% d’Africains en 2021, contre 13% en 2017, a élargi les clientèles locales», constate la directrice générale de l’Unesco Audrey Azoulay dès les premières lignes du rapport de 82 pages.
Selon elle, cette nouvelle donne a «concomitamment accru les opportunités de développement international pour les marques africaines, dont les exportations annuelles de textiles, de vêtements et de chaussures se chiffrent à 15,5 milliards de dollars hors du continent.»
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Sans compter les plateformes de réseaux sociaux telles que WhatsApp, Instagram et Facebook, plusieurs sites de vente en ligne fondés par des Africains ont contribué à ce dynamisme. Parmi les exemples les plus réussis, on peut citer Afrikrea, un site détenu par la start up ivoirienne Anka qui veut dire «la nôtre» en Bambara.
La jeune pousse qui a récemment réussi une levée de fonds de 5 millions d’euros soutient les PME détenues par des femmes, lesquelles représentent 80 % des commerces présents sur la plateforme, selon les estimations de l’institution spécialisée de l’Organisation des Nations unies. Avec l’ambition de construire une infrastructure dédiée au commerce électronique pour ses plus de 13.000 vendeurs et d’expédier «tout ce qui est fabriqué en Afrique» à travers le monde, Afrikrea se veut une vitrine pour la mode africaine ouverte sur le monde.
En Egypte, Brantu rationalise les achats en ligne
En Afrique du nord, s’illustre une autre plateforme de commerce électronique au nom de Brantu. La pousse égyptienne qui a réussi à rationaliser les achats en ligne des acheteurs de marques locales et internationales a été fondée en 2019 par des entrepreneurs qui avaient initialement créé un site Web de comparaison de prix pour les produits de la mode.
Aujourd’hui, Brantu déploie des technologies numériques afin d’offrir également des services de marketing aux fabricants de vêtements, notamment un modèle de précommande devant aider à prévenir la surproduction et le gaspillage de vêtements, nous apprend l’Unesco.
Industrie Africa élabore une charte de durabilité
Au niveau panafricain, poursuit la même source, Industrie Africa a lancé une plateforme de vente au détail innovante en 2020 pour valoriser les créateurs de mode africains. Afin d’aider les clients à faire des choix éclairés, Industrie Africa a élaboré une charte de durabilité, qui reconnaît les marques ayant fait des efforts particuliers selon les critères suivants : l’environnement, l’éthique, l’artisanat, et le recyclage.
Annes, La Reina, Dabchy... pour d’autres formes de consommation
On citera par ailleurs les plateformes, Annes, basée en Afrique du Sud, et La Reina premier site en ligne d’Égypte pour la location d’articles de mode, et la start-up tunisienne Dabchy. Pour cette dernière, il s’agit d’une place de marché de mode peer-to-peer où les utilisateurs peuvent acheter et vendre des vêtements neufs et d’occasion.
En gros, remarque l’Unesco, la numérisation a considérablement élargi les possibilités de croissance des créateurs de mode en Afrique, permettant à ceux qui étaient auparavant limités par des marchés nationaux restreints d’atteindre une clientèle régionale et internationale beaucoup plus large sans délocalisation. Ce n’est que le début puisque la part des clients actifs du commerce électronique devrait atteindre 50 % d’ici à 2025.