Six ans après la signature de l’accord portant création de la zone de libre-échange continentale africaine, ZLECAf, il est temps d’accélérer sa mise en œuvre. Dans la même salle où le document a été signé par les chefs d’États africains, ce sont des hommes d’affaires qui se réunissent à Kigali pour décider de la marche à suivre pour que les Africains puissent commercer entre eux, espère Wamkele Mene, secrétaire général de la ZLECAf.
«Depuis la signature de l’accord sur la ZLECAf en mars 2018, 48 pays ont ratifié l’accord, les négociations de tous les protocoles ont été conclues qui ont été adoptés par la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union Africaine. Plus important encore, des échanges commerciaux significatifs ont commencé dans le cadre de l’initiative guidée de commerce lancée en 2022 avec seulement 7 pays au départ. Cette année, 39 pays vont rejoindre le groupe et commerceront dans le cadre de l’initiative guidée de commerce sur la base de l’accord sur la ZLECAf».
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Il est vrai que certaines étapes ont été franchies pour faire fonctionner cette machine qui a le potentiel de faire sortir plus de 400 millions d’Africains de la pauvreté extrême parmi lesquelles le protocole sur le commerce numérique qui pourra permettre à la jeunesse de faire le commerce plus facilement et de créer des solutions commerciales. Il y a aussi le système panafricain de paiement et de règlement, une plateforme introduite par la banque africaine d’import-export, Afreximbank et dont la ZLECAf est un promoteur.
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Mais les défis sont aussi de taille et le plus costaud de tous, est politique selon Paul Kagame, le président rwandais. «En effet, l’Afrique est capable de s’unir pour résoudre ses propres problèmes. Ici, je vais d’ailleurs exhorter nos dirigeants à s’assurer que certaines des choses qui nous empêchent d’avancer, et qui ne sont en fait pas trop difficiles à résoudre, ne continuent pas d’être le cas. Nous devons réformer notre politique et notre gouvernance. Et tout commence par un état d’esprit et une vision claire.»
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Le chef de l’état rwandais, qui est parmi les promoteurs les plus efficaces a vraiment continué à parler des choses qui font obstacle à la mise en oeuvre effective de la ZLECAf mais qui peuvent changer si les politiques le décidaient notamment la libre circulation des gens car selon lui, il est difficile de faire circuler les biens si les gens ne se déplacent pas librement également.
«Par exemple, lorsque les gens parlent de ZLECAf et du commerce intra-africain, de sa faiblesse et consorts, la première chose qui leur vient à l’esprit est l’absence de libre circulation. Pourquoi devrait-il en être ainsi? Pourquoi n’y aurait-il pas de circulation des personnes, des biens et des services? Pourquoi les habitants d’un pays ne pourraient-ils pas franchir librement la frontière pour se rendre dans un autre pays sur l’ensemble du continent? Quel est le problème? Si nous disons que nous sommes des frères et sœurs et que nous partageons les mêmes besoins, et qu’en fin de compte, nous n’avons pas la liberté de circuler librement, qu’est-ce que ça veut dire? Moi je pense que tout est question de politique.»
Dans son discours, le champion de la ZLECAf, Mahamadou Issoufou, ancien président du Niger, fait référence au «combat» et à la «lutte» pour décrire le travail qui reste pour faire. Il parle aussi des solutions et se félicite du pas déjà franchi. «Pour participer efficacement à ce combat, l’Afrique doit renforcer les institutions financières panafricaines existantes comme la BAD et Afreximbank et accélérer la mise en place de celles qui sont prévues par les différents traités notamment celui d’Abuja, en particulier la mise en place de la banque africaine d’investissement et du fonds monétaire africain.»
Selon les experts, la ZLECAf pourrait booster les revenus africains de 450 milliards de dollars à l’horizon 2035, donc 7% de la croissance des revenus africains et 76 milliards de dollars de revenus à l’économie mondiale dans la même période.