Côte d’Ivoire : les pistes privilégiées pour doubler la production d’or d’ici 2030

Des pépites d'or

Le 13/07/2024 à 14h53

Avec un potentiel aurifère important, un cadre réglementaire attrayant et des investissements massifs annoncés, la Côte d’Ivoire semble bien positionnée pour devenir une puissance aurifère majeure en Afrique d’ici 2030.

La Côte d’Ivoire ambitionne de doubler sa production d’or. Avec une production attendue de 50 tonnes en 2023 et 55 tonnes en 2024, le pays est sur une tendance ascendante depuis plusieurs années. Désormais, l’objectif est clair: doubler cette production pour atteindre 100 tonnes d’or par an d’ici 2030.

Comment la Côte d’Ivoire compte-t-elle y parvenir? Pour atteindre cet objectif ambitieux, le pays mise sur l’exploitation de son important potentiel aurifère et sur l’attrait d’investisseurs étrangers grâce à un cadre réglementaire et un climat d’investissement favorables.

Ces dernières années, les autorités ivoiriennes ont accordé de nombreux permis d’exploration et d’exploitation minière, notamment pour l’or, afin de stimuler l’exploration et le développement de projets miniers. On en compte plus d’une quinzaine, témoignant de l’engouement suscité par le potentiel aurifère du pays. Entre 2015 et 2022, l’on a noté une augmentation notable des demandes d’exploitation minière avec 174 permis attribués sur la période dont 93% pour l’or.

Le 26 juin 2024, neuf décrets ont été adoptés, attribuant des permis de recherche pour l’or à diverses sociétés minières, telles que SIER SARL, African Ressources SARL, CAREM SARL, et Turaco Sud Est Exploration, détenue par le canadien Turaco Gold. Ces permis couvrent des zones situées dans différentes régions du pays, du Nord-Ouest au Sud-Est, en passant par le Centre et le Nord-Est.

Plusieurs nouvelles découvertes et projets miniers en cours ou à venir pourraient permettre d’atteindre cet objectif ambitieux. Parmi les gisements d’or les plus importants récemment découverts, on peut citer le projet Afema du canadien Turaco Gold, situé au Sud-Est, près de la frontière avec le Ghana. Avec des permis d’exploitation minière octroyés fin 2023, ce projet a le potentiel de devenir l’une des futures grandes mines d’or du pays.

Le récent rachat de 51% du projet Afema par Turaco Gold, auparavant détenu par Endeavour Mining, constitue une étape cruciale. Turaco Gold a déjà effectué un paiement de 1,5 million de dollars et prévoit d’importants forages pour définir les ressources minérales. L’objectif est d’accroître rapidement ces ressources pour atteindre une estimation JORC à court terme. Une «estimation JORC» fait référence à une estimation des ressources et réserves minérales suivant le code JORC (Joint Ore Reserves Committee).

Le code JORC est un ensemble de normes professionnelles préparées par l’industrie minière australienne, qui définit les meilleures pratiques pour rendre compte publiquement des estimations de ressources et réserves minérales. Il s’agit d’un code mondialement reconnu et largement utilisé dans l’industrie minière. Une estimation JORC fournit un classement standardisé des ressources en fonction de leur niveau de confiance géologique et des possibilités raisonnables d’extraction économique future.

L’autre projet prometteur est celui du Canadien Montage Gold Corp sur le gisement Koné. Après des résultats encourageants lors de la campagne de forage, l’entreprise canadienne a obtenu son permis d’exploitation en juillet 2024, marquant une étape cruciale vers le développement de ce projet situé dans le Nord-Ouest du pays.

Le conseil des ministres vient d’attribuer à la société Shark Mining, détenue à 90% par Montage Gold, des permis d’exploitation pour le gisement d’or Koné et Gbongogo, situés dans le nord du pays. Ce gisement, qui possède des ressources estimées à 152 tonnes, est considéré comme le troisième projet aurifère le plus important d’Afrique de l’Ouest. Selon l’étude de faisabilité publiée en 2024, le projet Koné devrait avoir une durée de vie de 16 ans, avec une production annuelle moyenne de plus de 300.000 onces d’or au cours des huit premières années.

Selon Martino De Ciccio, PDG de Montage Gold, la Côte d’Ivoire offre un «climat d’investissement très favorable» pour le secteur minier. Cette attractivité est confirmée par une étude de Fraser Institute qui classe le pays comme la meilleure juridiction en Afrique de l’Ouest pour l’investissement dans le secteur minier.

Un cadre réglementaire et un climat d’investissement attractifs

Le regain d’intérêt pour l’exploration minière en Côte d’Ivoire s’explique en partie par le cadre réglementaire et le climat d’investissement favorables mis en place par le gouvernement. Le code minier ivoirien, révisé en 2014, offre des avantages fiscaux et douaniers aux sociétés minières, ainsi qu’une stabilité juridique et réglementaire.

Le cadre réglementaire stable et le climat d’investissement sécurisé de la Côte d’Ivoire ont favorisé l’arrivée de nombreux investisseurs étrangers dans le secteur minier. Des géants comme Endeavour sont déjà présents, rejoints récemment par des juniors prometteurs comme Turaco Gold et Montage Gold.

De plus, le pays dispose d’un potentiel géologique prometteur avec des formations géologiques propices à la présence de gisements aurifères. La Côte d’Ivoire fait partie du célèbre «Croissant aurifère» de l’Afrique de l’Ouest, une région riche en ressources minérales.

Cependant, pour atteindre l’objectif ambitieux de 100 tonnes d’or produites par an d’ici 2030, le pays devra relever plusieurs défis. Le développement d’infrastructures adéquates, telles que des routes et des installations énergétiques, sera essentiel pour soutenir l’essor de l’industrie minière. De plus, la formation d’une main-d’œuvre qualifiée et l’adoption de pratiques durables seront cruciales pour assurer une exploitation minière responsable et respectueuse de l’environnement.

Les questions environnementales et sociales devront être soigneusement gérées pour assurer un développement durable et responsable de l’industrie minière. Le respect des normes environnementales et l’implication des communautés locales seront cruciaux pour éviter les conflits et maximiser les retombées positives de ces projets.

Une stratégie d’exploration agressive

Les sociétés minières présentes en Côte d’Ivoire, comme Montage Gold Corp., ont adopté une stratégie d’exploration agressive visant à maximiser le potentiel des gisements découverts. Montage Gold a déjà lancé une première campagne de forage de 30.000 mètres, d’un coût de 6 millions de dollars, sur le projet Koné, avec des résultats prometteurs obtenus à ce jour.

Elle est en cours et devrait être achevée fin juillet 2024. Elle vise à tester 15 cibles réparties sur 3 tendances minéralisées prioritaires. Les premiers résultats sont prometteurs, avec notamment des intersections de 14,10 mètres à 8,04 g/t Au (gramme d’or par tonne) et 17,45 mètres à 2,74 g/t Au à la cible Diouma Nord.

Une seconde campagne de forage de 60.000 mètres est prévue pour la fin du troisième trimestre 2024, dans le but de délimiter les ressources sur les cibles les plus prometteuses et de continuer à tester d’autres cibles.

Montage Gold mène actuellement une stratégie d’exploration ambitieuse sur le vaste terrain de 2.259 km2 abritant le gisement Koné. L’objectif est de découvrir et de délimiter rapidement des cibles d’exploration à plus haute teneur afin d’améliorer encore le profil de production dès le démarrage de l’exploitation.

Il en est de même pour Turaco Gold. Pour maximiser le potentiel aurifère sur le projet Afema, acquis récemment en Côte d’Ivoire, la société minière applique une approche résolument offensive. L’entreprise investit massivement dans l’exploration avec « deux foreuses en opération 24h/24 pour définir rapidement des ressources selon les normes JORC et découvrir de nouvelles cibles prioritaires ».

D’importants programmes de forage de plusieurs dizaines de milliers de mètres sont menés sur les découvertes existantes comme Woulo Woulo et Afema Shear. Turaco vise à modéliser une première estimation des ressources à court terme, étape préalable à une étude de faisabilité préliminaire.

En parallèle, l’entreprise prospecte agressivement sur un rayon de 15-20 km autour d’Afema par tranchées, géochimie et forage pour faire de nouvelles découvertes. Comme elle explique à son conseil d’administration, dans une présentation publiée en Avril 2024, de nombreuses anomalies géochimiques de haute teneur restent à tester, notamment sur les extensions des ceintures aurifères prolifiques du Ghana voisin.

Turaco mise sur le fort potentiel de croissance du système minéralisé d’Afema, sous-exploré malgré les 40 millions de dollars investis historiquement. L’objectif affiché est de développer l’une des prochaines mines d’or majeures de Côte d’Ivoire, pays minier émergent.

Cette approche proactive vise à augmenter les réserves exploitables et à prolonger la durée de vie des mines, contribuant ainsi à l’objectif de production de 100 tonnes d’or par an.

D’autres sociétés minières, telles que Lamancha Côte d’Ivoire S.A.R.L, Gold Ivoire Mineral S.A.R.L et B2 Gold Côte d’Ivoire SARL, ont également obtenu des permis d’exploitation et de recherche ces dernières années, renforçant les perspectives de croissance du secteur minier ivoirien.

Par Modeste Kouamé
Le 13/07/2024 à 14h53