La dotation touristique la plus faible au monde: les députés veulent en augmenter le montant «pour sauver la dignité de l’Algérien»

Les Algériens n’ont droit qu’à peine 100 euros de dotation touristique par an.

Le 13/02/2023 à 11h53

L’Algérien qui voyage à l’étranger a droit à seulement 100 euros en guise de dotation touristique annuelle, soit l’une des plus, si non, la faible au monde. Une situation qui alimente le marché parallèle de change. Et c’est l’unique marché où les voyageurs peuvent se procurer des devises. Les députés souhaitent que le voyageur algérien soit aligné sur ses voisins marocains ou, au moins, tunisiens.

Les Algériens n’ont droit qu’à peine 100 euros de dotation touristique par an. Une situation qui dure depuis septembre 1997 mais c’est, 25 ans plus tard, toujours la règle. En effet, depuis cette date, l’allocation touristique, appelée «droit de change pour dépenses liées à des voyages à l’étranger» est fixée à 15.000 dinars algériens par an. Le montant n’a pas connu d’évolution et ce malgré la dépréciation forte du dinar algérien depuis cette date vis-à-vis du dollar et de l’euro et de l’effet de l’inflation.

Or, la dotation touristique est destinée à couvrir les dépenses occasionnées par le voyage dont les frais de transport, l’hébergement, la nourriture et autres frais liés au voyage… En conséquence, il est aujourd’hui plus que ridicule pour le voyageur algérien sachant qu’en Europe, ces 100 euros servent à peine à payer les frais de taxi à partir de l’aéroport vers le lieu d’hébergement et une nuitée dans un hôtel bas de gamme.

Face aux récriminations des Algériens, les députés de l’Assemblée nationale populaire (ANP, Parlement) membre de la Commission des finances et du budget, ont souligné, lors d’une réunion relative au nouveau projet de loi sur la monnaie et le crédit, la nécessité de revoir le montant de cette dotation touristique.

Ils réclament désormais au gouvernement de revoir à la hausse ce montant insignifiant qui ne fait d’ailleurs qu’alimenter le marché parallèle de devises. Cette modique somme est d’ailleurs l’une des raisons fondamentales du dynamisme du marché parallèle en Algérie. En effet, avec une dotation de 100 euros, le voyageur algérien est naturellement obligé de recourir au marché parallèle pour acquérir les devises nécessaires pour effectuer ses déplacements à l’international dans de bonnes conditions.

Les députés, qui ont fait de l’augmentation de l’allocation touristique un des sujets prioritaires qu’ils présenteront au gouverneur de la Banque d’Algérie, souhaitent une forte revalorisation de ce montant.

Ainsi, pour Abdelkader Berriche, membre de la commission des finances du budget du Parlement, «il est nécessaire de revoir à la hausse cette dotation touristique pour sauver la dignité de l’Algérien lorsqu’il voyage à l’étranger», tout en soulignant la nécessité de fixer ce montant en fonction de l’inflation et en tenant compte «de ce qui se fait dans les pays voisins de l’Algérie». En clair, il fait allusion au Maroc et à la Tunisie.

Le Maroc est le pays le plus généreux avec une dotation touristique annuelle de 100.000 dirhams (soit 9.100 euros). Cette dotation peut être majorée d’un supplément équivalent à 30% de l’Impôt sur le revenu (IR), dans la limite de 200.000 dirhams. Quant aux Tunisiens, ils bénéficient d’une allocation touristique annuelle de 6.000 dinars tunisiens (soit 1.796 euros).

La demande de révision à la hausse de la dotation touristique est d’autant plus souhaitée que l’Algérie dispose actuellement de réserves en devises relativement confortables résultant de la politique d’interdiction tous azimuts des importations de produits et de la bonne tenue du cours du baril de pétrole en 2022.

Rappelons que le président Abdelmadjid Tebboune avait promis, lors de sa campagne électorale de 2019, qu’il augmentera l’allocation touristique à 1.500 euros. Il se rappellera certainement de cette promesse à la veille de la prochaine échéance électorale en 2024.

Reste à savoir si la dignité du voyageur algérien à l’étranger est une préoccupation des autorités du pays dont la seule politique semble être guidée par le souci de préservation des devises du pays, même s’il faut créer des pénuries.

Par Karim Zeidane
Le 13/02/2023 à 11h53