En s’engageant dans l’entrepreneuriat, les femmes maliennes entendent acquérir leur indépendance financière et échapper aux normes sociales restrictives. Selon Moussa Diarra, enseignant, il y a les pesanteurs sociales qui font que les femmes hésitent à entreprendre au Mali. En dépit de ces pesanteurs, il y a quelques unes qui parviennent à monter leur propre affaire et s’affranchir des entraves sociales et économiques.
Ce témoigne de l’enseignant de Bamako rejoint les résultats de l’étude intitulée «Défis et résilience dans l’entrepreneuriat féminin au Mali: Barrières socio-économiques et stratégies de survie» publiée cette année.
Se basant sur les statistiques de création des entreprises au Mali de 2017 à 2023 à partir des données de l’Agence pour la Promotion des Investissements, les auteurs relèvent «une augmentation constante du nombre total d’entreprises, tant dans le commerce général que dans les prestations de service. Cependant, la proportion d’entreprises créées ou dirigées par des femmes montre des variations annuelles, avec une augmentation notable en 2022 où elles représentent environ 22,5% des entreprises dans ces secteurs.»
L’essor de l’entreprenariat au féminin connaît donc de fortes variations selon les années, comme le suggère cette analyse parue dans Journal of Accounting, Finance, Auditing, Management and Economics.
Les aléas auxquels sont le plus souvent confrontées les femmes entrepreneures sont en lien avec l’informel et des secteurs d’activités limités au commerce et à l’agroalimentaire. S’ajoutent à ces facteurs, l’accès limité au financement, un marketing embryonnaire et l’obligation de concilier profession et tâches ménagères.
Mais l’intérêt de l’étude réside également dans les motifs d’optimisme qu’elle a révélés à travers les propos qui sont revenus les plus au cours de l’enquête: «Des termes comme politiques publiques, empowerment et capital social soulignent les facteurs de soutien et les ressources potentielles qui peuvent favoriser l’entrepreneuriat féminin. Ces mots reflètent l’importance de l’environnement politique et social ainsi que des réseaux de soutien dans l’habilitation des femmes entrepreneures», écrivent les auteurs, trois universitaires maliens.
En effet, la Banque mondiale relève qu’au Mali les conditions sociales ont connu une légère amélioration, avec une diminution du taux de pauvreté de 45,5 % en 2022 à 45,3 % en 2023. En plus, les femmes représentent un plus important stock de main d’œuvre que les hommes et qui ne demande qu’à travailler. Selon Afrobarometer de mai 2024, «il y a 10 fois plus de femmes dans la main-d’œuvre potentielle que d’hommes».
C’est ce qui fait dire à Moussa Diarra que l’avantage pour les femmes d’entreprendre est leur autonomisation dans un pays par caractérisé par la faible proportion d’emplois formels dans les secteurs privé et public, les fortes inégalités de genre reflétant les différences d’accès à l’emploi entre les taux d’activité des hommes et des femmes.
L’un des leviers que pourraient actionner les pouvoirs publics pour le développement de l’entreprenariat qui tient compte du genre a été cité par le premier vice-président du Conseil national du patronat, Sidi Dagnoko, selon lequel «la stratégie (nationale de l’entreprenariat féminin, ndlr) passe par la volonté politique, mais aussi un bon partenariat public-privé».
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