Les quantités de déchets électroniques produits par l’humanité atteignent des records. Au niveau mondial, la production annuelle de déchets électroniques a atteint le record de 62 millions de tonnes en 2022, soit une hausse de 82% par rapport à 2010.
D’où l’intérêt de revenir sur des aspects du rapport Global e-waste monitor 2024, coproduit par l’Union internationale des télécommunications (UIT), l’Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (UNITAR) et The Fondation Carmignac.
Lire aussi : Déchets électroniques en Afrique: au-delà des mesurettes, l’urgence d’agir
Selon le rapport, l’Afrique génère en moyenne 2,5 kg de déchets électroniques par habitant et par an. Bien que ce soit le taux le plus bas au monde, le continent est confronté à un grave problème de gestion des déchets électroniques. Soulignons que l’Europe est la principale région productrice de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE ou « e-déchets »), avec une moyenne de 17,6 kg par habitant. En France, ce chiffre atteint même 22 kg par an.
Le rapport Global e-waste monitor 2024 révèle également les 10 pays africains générant le plus de déchets électroniques. L’Égypte est en tête avec 692 millions de kg, soit 6,3 kg par habitant. L’Afrique du Sud suit avec 527 millions de kg soit 8,8 kg par habitant. 3ème le Nigéria avec 497 millions de kg représentant 2,3 kg par habitant ; 4ème l’Algérie qui génère 333 millions de kg, c’est-à-dire 7,5 kg par habitant ; 5ème le Maroc avec 177 millions de kg équivalant à 4,8 kg par habitant.
L’Angola est classé 6ème avec 148 millions de kg ou 4,2 kg par habitant ; suivi du Soudan: 103 millions de kg (2,2 kg par habitant). La Libye est 8ème avec 94 millions de kg, mais dépasse tous les autres pays africains en moyenne par habitant avec 13,8 kg. Puis l’Éthiopie et le Kenya ex-aequo. Les deux pays génèrent respectivement 88 millions de kg (0,7 kg par habitant), et 88 millions de kg avec 1,6 kg par habitant.
Au Ghana, tous les producteurs d’équipements électriques et électroniques (EEE) paient une "éco-redevance à la Ghana Revenue Authority, en fonction de leur part de marché ; la redevance est allouée par l'Agence de protection de l'environnement.. DR
Cette situation s’explique notamment par la rapide transition numérique, l’obsolescence programmée des appareils, le manque d’infrastructures de recyclage et l’importation illégale de déchets. Les conséquences sanitaires et environnementales sont dévastatrices et c’est le moins qu’on puisse dire. Malheureusement, le recyclage peine à suivre cette hausse de la production. Seuls 22% des e-déchets ont été correctement collectés et recyclés en 2022 au niveau mondial.
Les taux de recyclage varient beaucoup selon les régions, allant de 52% en Amérique du Nord à moins de 1% en Afrique. Le reste des e-déchets finit souvent brûlé, enfoui ou abandonné dans la nature, ce qui pose de graves problèmes sanitaires et environnementaux en raison des substances toxiques qu’ils contiennent. Une prise de conscience collective et des politiques volontaristes sont indispensables pour juguler ce fléau grandissant sur le continent africain.
Lire aussi : Kenya: deux innovateurs transforment les déchets électroniques en prothèse bionique
Un citoyen lambda générant 8,8 kg de déchets électroniques par an comme en Afrique du Sud peut difficilement s’imaginer l’ampleur du problème. Mais multipliez ce chiffre par des millions de personnes et vous obtenez une montagne de déchets toxiques à gérer.
A cela s’ajoute le fait que les déchets électroniques constituent un véritable fardeau économique et environnemental pour les pays africains, avec des coûts énormes en termes de santé publique, de pollution et de gaspillage de ressources précieuses.
Les principaux équipements retrouvés dans ces déchets sont les téléphones portables, les ordinateurs, les téléviseurs et les réfrigérateurs. Leur mauvaise gestion entraîne des rejets de substances toxiques comme le mercure, les plastiques bromés et les gaz à effet de serre.
Le rapport révèle que l’impact environnemental des déchets électroniques en Afrique représente 12,4 milliards de kg équivalents CO2 en émissions de gaz à effet de serre, 6.000 kg d’émissions de mercure et 3 millions de kg de plastiques contenant des retardateurs de flamme bromés non gérés. Des chiffres alarmants qui devraient sonner comme un réveil pour nos dirigeants.
L’Afrique à la croisée des chemins
Les défis majeurs incluent le manque de réglementations adéquates, de financement, d’infrastructures et de sensibilisation du public. Le secteur informel, bien que contribuant à la collecte, opère souvent dans des conditions dangereuses pour la santé et l’environnement.
Lire aussi : Vêtements de seconde main: le Top 5 africain des pays importateurs de fripes
Les pays africains doivent donc relever ce défi de taille en adoptant des politiques audacieuses et en investissant massivement dans des solutions durables pour limiter les conséquences négatives de cette montagne de déchets électroniques, véritable bombe à retardement.
Les 10 pays d’Afrique qui produisent le plus de déchets électroniques (en millions de kg)
Pays | Quantité totale de déchets électroniques générés (en millions de kg) | Quantité moyenne par habitant (en kg/habitant) | Rang |
---|---|---|---|
Egypte | 692 | 6,3 | 1er |
Afrique du Sud | 527 | 8,8 | 2ème |
Nigeria | 497 | 2,3 | 3ème |
Algérie | 333 | 7,5 | 4ème |
Maroc | 177 | 4,8 | 5ème |
Angola | 148 | 4,2 | 6ème |
Soudan | 103 | 2,2 | 7ème |
Libye | 94 | 13,8 | 8ème |
Ethiopie | 88 | 0,7 | 9ème |
Kenya | 88 | 1,6 | 9ème ex |