Les priorités de la Banque mondiale en Afrique, selon son nouveau président

Ajay Banga, président de la Banque mondiale, lors du point de presse organisé par l'institution financière, mercredi 11 octobre à Marrakech.

Le 12/10/2023 à 09h07

VidéoLors d’un point de presse organisé mercredi 11 octobre dans le cadre des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international à Marrakech, le président de la Banque mondiale Ajay Banga a dévoilé les priorités de l’institution financière en Afrique durant son mandat. Santé, renforcement de compétences, industrie pharmaceutique, numérique...Autant de secteurs dans lesquels l’institution financière compte soutenir le continent pour stimuler sa croissance.

C’était une sortie très attendue. Près de six mois après son élection en mai dernier, le nouveau président de la Banque mondiale, Ajay Banga s’est entretenu avec à la presse internationale pour dévoiler les grandes priorités de l’institution financière durant son mandat, principalement en Afrique. Des investissements dans la santé, le numérique, les compétences professionnelles, ainsi que la création d’emplois, à travers des financements aux entreprises et startups.

«Je suis convaincu que la croissance de la population en Afrique au cours des prochaines années et les opportunités que l’Afrique représente pour la croissance mondiale sont inégalées. La question est de savoir comment surmonter les incroyables défis qui existent sur le terrain en Afrique pour accroître le développement du continent», affirme-t-il.

Investir dans le capital humain

D’après Ajay Banga, l’investissement dans le capital humain sera primordial pour favoriser l’essor de l’Afrique. «Nous essayons de développer l’enseignement supérieur et les instituts de formation professionnelle avec le Maroc, et d’établir des partenariats avec d’autres pays africains. Nos équipes ont également visité des instituts de formation sur le continent et envisagent de les accompagner dans la formation des compétences», soutient-il.

Selon lui, «la Banque mondiale ne doit plus être seulement une banque de financement, mais une banque du savoir pour encourager les bonnes politiques et les bonnes réglementations».

Le président de la Banque mondiale a aussi beaucoup insisté sur les avantages de la future Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) qui, selon lui, stimulera les échanges intra-africains grâce à l’allègement des barrières douanières. «Je pense que ce sujet mérite beaucoup plus d’attention. Il n’est pas possible de résoudre le problème pour l’ensemble du continent, mais on peut cibler dans un premier temps des régions modestes du continent avant de l’élargir sur l’ensemble des pays», suggère-t-il.

Développer l’industrie pharmaceutique

Ajay Banga invite aussi les pays africains à miser davantage dans le secteur pharmaceutique pour être à l’abri des problèmes de chaîne d’approvisionnement, comme ce fut le cas lors de la pandémie de Covid-19, avec le soutien de la banque. «La gestion des pandémies ne se limite pas uniquement à l’accès aux vaccins, comme nous l’avons malheureusement tous constaté lors du Covid-19. Il est important que l’Afrique développe une véritable industrie pharmaceutique pour faciliter l’accès aux médicaments et réduire les importations», souligne-t-il.

Le patron de la Banque mondiale cite en exemple Lamia Tazi, directeur générale du laboratoire marocaine Sothema, qui prévoit de construire une usine de fabrication de médicaments en Afrique de l’Est, sa deuxième sur le continent après celle ouverte au Sénégal.

L’une des annonces phares de ce point de presse est le changement de la méthode d’évaluation des performances de la Banque mondiale. «J’essaie de faire en sorte que la banque ne soit plus évaluée en fonction des dollars et des projets financés, mais en fonction des résultats et de leur impact», annonce le dirigeant de l’institution de Breton Woods.

Des résultats qui seront appréciés en fonction du «nombre de personnes qui sont allées à l’école grâce aux écoles que nous avons construites, le nombre de personnes ayant obtenu un meilleur emploi grâce aux compétences acquises dans les institutions de formation que nous avons financées, ainsi que le pourcentage de réduction d’émissions de carbone grâce au travail que nous avons accompli».

Par Elimane Sembène et Khadija Sabbar
Le 12/10/2023 à 09h07