Le ministère des Travaux publics supervise cette initiative d’envergure, qui s’inscrit dans un plan d’investissement national colossal. Pour la période 2024-2026, le Gabon a prévu d’injecter 1.333 milliards de FCFA dans les infrastructures routières à l’échelle du pays. Une enveloppe spécifique de 91,5 milliards de FCFA est dédiée au désengorgement de Libreville, afin d’améliorer la circulation et l’image de la capitale.
Lire aussi : Libreville. Ces charges qui attendent le nouveau maire... et c’est du lourd
Parmi les chantiers phares, la voie de contournement Nord de l’aéroport, longue de 6 km et conçue en 2x3 ou 3x2 voies, a récemment été visitée par le Premier ministre. Bien que son coût précis ne soit pas public, il symbolise l’ampleur des travaux en cours, souvent financés par l’État et des partenaires internationaux.
Sur le terrain, la transformation est palpable. Randy Ngokila, riverain, témoigne d’un dynamisme nouveau: «On revient de loin, de l’obscurité. Quelque chose est en train de changer. Je vois des édifices qui poussent de jour comme de nuit.» Une impression qui rompt avec certaines expériences passées, comme le souligne Hans Mba Nguema, responsable suivi de projets immobiliers: «On a vécu avec des éléphants blancs. Ce fameux terme qui définit les projets financés qui n’arrivent jamais à terme. Et là on voit des projets qui prennent forme: la cité administrative Emeraude, la baie des rois et son Hilton. C’est une source d’emploi pour les générations futures.»
Au-delà des infrastructures, des attentes sociales pressantes
Si les grands travaux sont généralement salués, ils s’accompagnent d’attentes fortes de la part de la population concernant les dimensions sociales et économiques.
Boris Bibigas, également riverain, apporte une nuance nécessaire: «Tout cela est très beau. Mais le président devrait aussi revoir la situation des familles démunies et des déguerpis qui dorment encore à la belle étoile.» Un appel à ce que la modernisation urbaine soit inclusive et n’oublie pas les plus vulnérables.
Lire aussi : Libreville: les plateaux multisports face au défi de la durabilité
La question de l’emploi et des conditions de travail est aussi au cœur des préoccupations. Pascal Essonne, retraité des travaux publics, exprime un vœu précis: «Je ne suis pas politicien. Mais à mon niveau je voudrais que l’embauche des jeunes soit une réalité. Il ne faudrait pas qu’on les confine à des emplois journaliers qui ne leur assurent pas la retraite.» Sa remarque pointe l’enjeu de la qualité des emplois créés par ces investissements.
Enfin, Rosalie Eyeang, commerçante, ramène le débat sur le coût de la vie et l’accompagnement des activités économiques informelles: «Il reste un point important: c’est celui du panier de la ménagère. La nourriture coûte cher. Il faut trouver des solutions.»
Une métamorphose urbaine à double visage
Le Grand Libreville est incontestablement en train de changer de visage, porté par des investissements publics et privés massifs. Les chantiers symbolisent une volonté de modernisation et de développement économique. Toutefois, comme en écho aux grues et aux bulldozers, les voix des citoyens rappellent que la réussite d’un tel projet se mesurera aussi à sa capacité à répondre aux défis sociaux urgents: le logement, l’emploi stable pour la jeunesse, le pouvoir d’achat et l’intégration des petits commerces dans le nouveau paysage urbain.
Lire aussi : Côte d’Ivoire. Propreté, sécurité, mobilier urbain: en images, découvrez le nouveau visage d’Adjamé Liberté
La modernisation des artères se poursuit, avec l’espoir qu’elle rime avec une amélioration tangible du cadre de vie pour tous les Librevillois.




