L’agriculture emploie près de 70% de la population dans plusieurs pays africains. Une véritable économie de subsistance pour de nombreuses familles. Cette activité si laborieuse est malheureusement réalisée de façon manuelle ou à l’aide d’animaux domestiques par de nombreux exploitants, particulièrement les femmes. Actuellement, ces anciennes méthodes cèdent progressivement la place à la mécanisation dans certains pays, notamment en Afrique de l’Est.
La dernière initiative en date nous vient d’Ethiopie. Le 23 juin, l’entreprise publique Ethio-Engineering Group (EEG) a signé un accord avec le fabricant chinois de machines agricoles YTO China-Africa Machinery Corp (amaco), pour la construction d’une usine d’assemblage, selon l’agence de presse éthiopienne (ENA).
Cette usine, qui devrait être opérationnelle dans douze mois, pourra fournir chaque année 10.000 tracteurs et d’autres machines agricoles, dont des moissonneuses-batteuses. Des matériels qui vont accélérer la mécanisation de l’agriculture éthiopienne, et renforcer un marché local des tracteurs qui devrait enregistrer un taux de croissance annuel moyen de 3% entre 2021 et 2026.
Ce partenariat prévoit aussi la mise en place de services après-vente pour accompagner la distribution des machines agricoles qui seront assemblées en Ethiopie dans d’autres pays de la sous-région.
Lire aussi : La Côte d’Ivoire lancera bientôt sa Bourse des matières premières agricoles
Fondée en 2009, Camaco est une coentreprise formée par le groupe industriel chinois Yto Group, producteur de machines agricoles et matériels de travaux publics, et China-Africa Development Fund, lancé en 2006 par Pékin. Aujourd’hui, cette joint-venture figure parmi les leaders mondiaux dans la fabrication de tracteurs agricoles.
A plus de 2.600 km d’Addis-Abeba, au Rwanda, le machinisme agricole est devenu une réalité. Pour consolider les acquis, le ministère de l’Agriculture a paraphé le 9 juin, un protocole d’accord avec la filiale sud-africaine de Volkswagen, pour l’installation d’un centre moderne d’assemblage et de fourniture de tracteurs électriques dans le district de Bugesera, dans l’Est du pays.
D’après Martina Biene, DG de Volkeswagen Rwanda, ce projet dénommé «GenFarm», «est un centre d’autonomisation qui utilise l’énergie verte pour stimuler la mobilité et la productivité dans les zones rurales. Il fournira en dehors des tracteurs, des panneaux solaires et des scooters électriques».
Pour le ministère rwandais de l’Agriculture, ce projet devrait permettre de réduire les émissions de dioxyde de carbone émanant de l’utilisation des tracteurs agricoles conventionnels. Un projet qui, selon lui, entre dans le cadre des objectifs du quatrième plan national stratégique pour la transformation de l’agriculture pour la période 2018-2024.
Objectifs: promouvoir et diffuser des technologies adaptées au contexte local pour stimuler la productivité agricole. Kigali dont le taux de mécanisation agricole était de 36% entre 2021 et 2022, d’après des statistiques officielles, ambitionne d’atteindre la barre des 50% d’ici la fin de la période 2023-2024.
Lire aussi : Autosuffisance alimentaire: après les années fastes, le Cameroun en nette régression
En Tanzanie aussi, le secteur privé développe des partenariats pour moderniser l’agriculture. Le 6 avril 2023, la société de crédit-bail Equity for Tanzania avait acquis 200 tracteurs auprès de l’entreprise Hughes Agriculture Tanzania (HAT), filiale de la multinationale américaine des machines agricoles New Holland. Des machines qu’elle louera aux petits exploitants à des prix abordables.
Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Afrique comptait globalement, en 2019, moins de deux tracteurs pour 1.000 hectares de terres cultivées, ce nombre est de 10 en Asie du Sud et en Amérique latine. La mécanisation stimulera la création d’emplois verts et permettra aux agriculteurs d’accroitre leur productivité et contribuer au défi de la sécurité alimentaire du continent.