Les marins pêcheurs ont le moral au creux de la vague en raison de la houle qui rend la mer difficilement praticable. Pourquoi alors prendre de gros risques pour finalement revenir avec de petites prises. Sur la plage de Nouakchott, véritable halle aux poissons à ciel ouvert, Moctar Salem, vendeur de poissons en est témoin, «les poissons sont rares et chers. La mer semble être totalement à sec. Les prix sont passés du simple au double».
Pour sa part, Mariam Diaw, vendeuse de poissons explique qu’«il y a une véritable pénurie de poissons sur le marché de Nouakchott. Certains pêcheurs sont partis du côté de Nouadhibou, d’autres vers le Sénégal. Nous payons actuellement le sac de yaboy (petits pélagiques) à 3.500 ouguiyas, à ce prix il nous est impossible de faires un bénéfice».
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Selon Aichetou Ahmed, le kilogramme de Kibaru est passé de 130-140 ouguiyas à 280 ouguiyas, une inflation qui n’a épargné aucune espèce: «vous pouvez avoir de l’argent, mais il vous sera impossible de trouver le produit». Et de finir sur cette phrase que chacun pourra assaisonner à son goût: «Les pêcheurs ont disparu.»
Des pirogues de la pêche artisanale à Nouakchott.. le360 Afrique/seck
Cheibani Aw, n’est pas revendeur, mais espère bien trouver de quoi faire frire quelques poissons qui seraient oubliés de la pénurie. Peine perdue. Après des échanges nourris avec plusieurs vendeurs, il désespère et fait l’amer constat: le prix de plusieurs espèces de poissons est passé de 140-150 ouguiyas, à 280 ouguiyas.
Cette pénurie n’est pas chose nouvelle dans un pays pourtant doté de côtes parmi les plus poissonneuses au monde. D’où la faible consommation des produits de la mer. «Les captures totales dans les eaux mauritaniennes sont estimées à 1,8 million de tonnes et se composent d’environ 80% de petites espèces de poissons pélagiques. La consommation annuelle de poisson par habitant en Mauritanie est inférieure à 18 kg (à comparer avec la consommation annuelle mondiale par habitant, incluant donc les pays enclavés, de 20,7 kilogrammes en 2022, ndlr) et 15% de la population est considérée comme en situation d’insécurité alimentaire», déplorait la coopération allemande, la la GIZ en février 2023.