Niamey: tous les samedis, on achète bio et c’est garanti «beau et bon»

Une commerçante exposant ses produits bio lors du marché hebdomadaire.

Le 20/01/2025 à 11h24

VidéoRomarin, oignon, basilique, aubergine... toutes les productions proposées au marché hebdomadaire du bio à Niamey ont été obtenues sans engrais chimiques ni pesticides. L’idée de fédérer les producteurs bio a commencé à germer en 2019 et semble avoir pris racine.

«Au Niger, l’agriculture représente près de 40% du produit intérieur brut du pays et emploie plus de 80% de la population active. Le secteur est très largement tributaire des précipitations» avertit la Banque mondiale mais à fin septembre 2024, le cumul saisonnier des pluies a été de 1.279 mm contre seulement 726 mm à la même période de l’année écoulée.

C’est donc dans de bonnes conditions météorologiques permettant à «plus de 99% des villages agricoles sont en train de mener une campagne normale» rassure le ministère de l’Agriculture. Ces conditions favorables ont également bénéficié aux maraichers notamment les producteurs bio qui se retrouvent chaque samedi au siège du Réseau des chambres d’agriculture du Niger sous le slogan «Bio, Beau et Bon

Ils sont producteurs agricoles et femmes transformatrices réunis dans un même cadre d’intérêt économique pour faire la promotion des produits alimentaires bio locales, qu’ils exposent chaque samedi au cœur de la ville de Niamey.

«Dans nos sites, on produit sans utiliser d’engrais chimiques ni de pesticides chimiques. Dans ce marché hebdomadaire, nous mettons à la disposition de la population des produits de qualité» Souleymane Ousmane, initiateur du marché bio. Mais les fortes précipitations qu’a connues le pays en fin d’année dernière ont favorisé la propagation d’insectes ravageurs qui ont touché 8.099 hectares dont 94% ont été traités selon le ministère de l’Agriculture.

Au marché bio de la capitale, légumes et plantes aromatiques sont proposés aux clients, «nous avons de la poudre d’oignon blanc ainsi que des herbes bio pour la tisane», explique Hadjia Zara exposante. Son voisin, Aoussouk Attaib a porté son dévolu sur les plantes médicinales principalement, «nous exposons tout ce qui est plantes aromatiques telles que le romarin, la mangue, la menthe ou encore le basilique».

Dans ce marché, sont également exposés à la vente, laitue, radis frais, roquette savoureuse, papaye douce, citrons juteux, chou, tomate et laitue. «Grâce au Système Participatif de Garantie (SPG), nous vous offrons la traçabilité et la garantie de produits biologiques, cultivés avec passion et respect pour la nature», garantit l’organisateur.

Pour vanter de telles productions où les produits chimiques sont prohibés, le Réseau des chambres d’agriculture du Niger rapporte sur son site internet qu’«à Djoga, les femmes nous ont donné un panier de salades. Conservées au frais, ces salades ont tenu une semaine, le délai pour les consommer. Ce n’est pas le cas avec une salade ‘tout venant’. D’ailleurs, les consommateurs de Torodi ont appris à faire la différence entre des salades bio et les autres, et ce sont les salades des femmes de Djoga qui sont achetées en premier sur le marché» écrit le Réseau selon lequel le bio «marche, du moins avec certaines femmes productrices ou certains groupements féminins. À Kiota, la productrice bio a maintenant ses acheteurs réguliers qui lui prennent toutes ses aubergines quelque soit la quantité, pour… leur qualité.»

Quels sont alors les avantages liés à la consommation de ces produits? «Nous utilisons des compostes comme fertilisants et des pesticides biologiques qui nous permettent d’avoir à la fin un produit qui a un bon goût, une meilleure qualité nutritionnelle. C’est un produit qui n’est pas contaminé, qui est sain et bon pour la santé», explique Souleymane Ousmane, producteur et exposant.

Sur ce point, le Réseau cite l’exemple de Torodi «auparavant, les femmes de la localité utilisaient les pesticides chimiques pour traiter leurs cultures. Mais, depuis trois ans, elles ont bénéficié de formations sur la fabrication et l’utilisation de biopesticides, dispensées par le Directeur départemental de l’Agriculture (DDA) de Torodi.» Visiblement, femmes et agriculture bio est un couple qui fonctionne. L’idée de fédérer les producteurs bio a commencé à germer en 2019 et semble avoir pris racine.

Par Aboubacar Sarki (Niamey, correspondance)
Le 20/01/2025 à 11h24