Les effets combinés de la pandémie de Covid-19, du changement climatique et du conflit armé entre la Russie et l’Ukraine continuent d’impacter les petites et moyennes entreprises (PME) agroalimentaires du Nigeria, de la Zambie et de la Tanzanie.
Alors que ces pays font face à des défis économiques majeurs, une étude comparative publiée par l’AGRA détaille comment leurs PME négocient leur survie. Anciennement connue sous le nom d’Alliance for Green Revolution in Africa, l’AGRA est un organe de l’Union africaine axé sur la transformation de l’agriculture en Afrique et vise à mettre les petits agriculteurs au centre de l’économie du continent en transformant l’agriculture d’une lutte solitaire pour survivre en une activité agricole prospère.
En collaboration avec ses partenaires, l’institution catalyse et soutient une transformation agricole inclusive visant à augmenter les revenus et à renforcer la sécurité alimentaire dans onze pays.
L’étude a été réalisée auprès de 1.623 petites et moyennes entreprises agroalimentaires employant entre 5 et 99 collaborateurs, dans les chaînes de valeur du riz, du maïs, du soja et de la tomate, au Nigeria, en Zambie et en Tanzanie.
«Les trois pays ont été sélectionnés en raison de leur position stratégique en tant que corridors commerciaux majeurs et les chaînes de valeur en raison de leur importance pour la sécurité alimentaire, l’emploi des jeunes et la transformation des systèmes alimentaires», explique Dr Agnès Kalibata, Présidente de l’AGRA.
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Selon le rapport, les PME agroalimentaires de ces trois pays ont connu une baisse de revenus depuis l’épidémie de Covid-19. Au Nigeria, 51% des PME ont signalé une baisse de leurs revenus, tandis qu’en Tanzanie, ce chiffre s’élève à 44% et en Zambie à 21%.
Au Nigeria, le maïs a été la culture la plus durement touchée en 2020. Les entreprises de taille moyenne ont été les plus touchées, mais se sont rétablies plus rapidement que les petites entreprises. En Tanzanie, le maïs a également été la culture la plus durement affectée et a eu du mal à se rétablir par rapport aux autres chaînes de valeur.
En Zambie, les tomates et le soja ont été considérablement impactés. Les tomates se sont rétablies plus rapidement et les entreprises de taille moyenne ont été les plus durement touchées par le Covid-19, mais elles se sont également rétablies plus rapidement.
Causes de la baisse des revenus
Au Nigéria, le coût élevé du transport a été identifié comme l’une des principales causes, représentant 85% des défis rencontrés. En Tanzanie, les faibles marges bénéficiaires ont constitué un problème majeur, avec 83% des PME touchées. En Zambie, les faibles marges bénéficiaires ont affecté 77 % des entreprises.
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Autant dire que cette triple crise a eu des conséquences dévastatrices sur les entreprises agroalimentaires de ces pays. Les grandes entreprises ont été les plus durement impactées en 2020, mais elles ont montré une certaine capacité à se redresser en 2023.
Cependant, de nombreuses PME continuent de lutter contre les perturbations de leurs activités, les dysfonctionnements de la chaîne d’approvisionnement, les baisses de productivité et la réduction de la demande des consommateurs.
Stratégies d’adaptation des PME
Pour faire face à cette crise, les PME ont adopté différentes stratégies, notamment l’injection de capitaux supplémentaires, la réduction des coûts et la rationalisation de leurs gammes de produits, nous dit le rapport. Cependant, malgré leur adaptabilité et leur détermination, de nombreuses entreprises peinent à se remettre des effets cumulés de la triple crise.
Les PME du Nigeria ont injecté davantage de capitaux dans leurs entreprises (42%), suivies par celles de la Zambie (32%) et la Tanzanie (24%). Pour réduire leurs dépenses, les PME de Zambie ont réduit leurs coûts de personnel (24%), suivies par la Tanzanie (33%) et celles du Nigeria (36%).
Bien que le recours aux prêts ait augmenté au cours des dernières années, seule une minorité de PME ont contracté des prêts pour faire face à la crise, citant le caractère inabordable comme un obstacle. Actuellement, c’est en Zambie (15 %) que les entreprises recourent le plus aux prêts, suivie du Nigéria (12 %) et de la Tanzanie (10 %).
Recommandations pour atténuer les effets de la triple crise
Le rapport appelle à une plus grande collaboration entre les décideurs politiques, les institutions financières et les organisations de développement pour soutenir les PME agroalimentaires. Les principales demandes des entreprises sont l’accès à un financement abordable, un environnement favorable aux affaires et un système commercial régional efficace. De plus, des investissements et un soutien ciblé doivent être mis en place pour améliorer la qualité et la quantité des produits au niveau des agriculteurs.