Si à cause du débat politique qui anime le Sénégal cet investissement est passé un peu inaperçu, il n’en demeure pas moins qu’il est colossal et symbolique. D’abord symbolique, car celui qui se cache derrière cet important investissement, le nigérian Aliko Dangote, est l’homme le plus riche d’Afrique. C’est dire que les Africains croient en l’Afrique. Ensuite, colossal, du fait du montant d’1 milliard de dollars qu’il veut injecter dans les phosphates du Sénégal.
Un investissement d’un milliard de dollars
L’annonce a été faite par le concerné à la suite d’une audience que lui a accordée le président sénégalais Macky Sall. «Nous avons eu des discussions fructueuses avec Son Excellence. Nous avons l’intention d’investir plus d’un milliard de dollars dans notre projet d’exploitation de phosphate dès que nous recevrons notre licence», a confié l’homme d’affaires nigérian qui a fait fortune dans le ciment et dont le vaisseau amiral est le groupe Dangote Cement présent dans une douzaine de pays du continent, et qui ne cesse de diversifier ses activités en embrassant divers secteurs de l’agroalimentaire (sucre, riz, sel…), les engrais, l’automobile et plus récemment le raffinage de pétrole avec la 6ème plus grande raffinerie de pétrole au monde en termes de capacité.
Si le milliardaire nigérian a jeté son dévolu sur le phosphate sénégalais, c’est pour plusieurs raisons. En premier lieu, avec des réserves estimées à plus d’un milliard de tonnes, le Sénégal dispose d’importantes réserves à même d’être exploitées durant plusieurs centaines d’années.
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Par ailleurs, les découvertes d’importantes réserves de gaz au Sénégal vont contribuer à exploiter ces ressources minières dans de meilleures conditions en assurant une plus grande compétitivité de la production sénégalaise.
22 kg d’engrais/ha par an
En outre, cet investissement se justifie par les perspectives de développement du secteur des phosphates et engrais dans un contexte mondial marqué par la volonté des États à assurer, autant que possible, leur sécurité alimentaire, et ce depuis la crise ukrainienne.
Enfin, l’Afrique qui recèle 60% des terres arables encore non exploitées dans le monde est le continent de la planète où l’on utilise le moins d’engrais. En Afrique subsaharienne, les agriculteurs utilisent 22 kg d’engrais par hectare par an contre 146 kg en moyenne dans le monde. Une situation qui est appelée à changer pour une productivité agricole plus significative à même de nourrir le continent et d’en faire un exportateur de produits agricoles.
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Au niveau du secteur des engrais au Sénégal, Dangote affrontera sur le marché local quelques petites structures. Il s’agit de la Société sénégalaise des phosphates de Thiès, la Société minière de la vallée du fleuve Sénégal, de Baobab mining and chemical corp, d’African Investment group, des Industries chimiques du Sénégal… Toutefois, l’homme d’affaires vise certainement des marchés beaucoup plus importants que celui du Sénégal et de l’Afrique de l’Ouest, sachant qu’il investit dans le secteur au Nigeria et au Togo.
À noter que Dangote a déjà investi au Sénégal où il dispose depuis 2015 d’une unité de production de ciment, filiale du groupe Dangote Cement. Un succès de cette filiale avec des positions très solides sur le marché sénégalais qui a certainement poussé le milliardaire à annoncer cet important investissement.