L’Ethiopie, qui fut l’économie la plus dynamique du continent durant la décennie précédant l’apparition de la pandémie du Covid-19 en affichant un taux de croissance annuel moyen à deux chiffres, compte reprendre le rythme de sa croissance plombé au cours de ces trois dernières années par la combinaison de trois facteurs déstabilisateurs: pandémie du Covid-19, crise Russie-Ukraine et guerre entre l’Etat fédéral et le Tigré.
Ces crises ont impacté négativement la croissance du pays et mis à mal ses finances publiques, à l’instar de presque tous les pays du monde. La situation était d’autant plus corsée que l’Ethiopie, à cause de la guerre civile au Tigré et aux violations des droits humains, la Banque mondiale et le FMI avaient suspendu leur aide au moment où elle en avait le plus besoin.
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La signature de l’accord de paix entre le gouvernement central et les rebelles du Tigré ouvrent désormais de nouvelles perspectives de financement de la part des institutions de Breton Woods.
Ainsi, le gouvernement éthiopien et les experts du FMI discutent de l’obtention d’un colossal prêt de 20 milliards de dollars. Ce montant correspond à près de 500% de la quote-part du pays au sein du FMI et devrait permettre de financer la reconstruction des infrastructures et de renforcer les réserves de change et donc de la monnaie locale.
Dans ce cadre, des équipes de l’institution financière ont séjourné à Addis-Abeba du 27 mars au 7 avril pour étudier la viabilité de la dette éthiopienne. Une dette que l’Ethiopie souhaite restructurer au titre du cadre commun du Groupe des 20 qui concerne les pays économiquement pauvres. Les discussions qui ont été entamées dans ce cadre ont été suspendues suite au déclenchement de la guerre au Tigré.
Pour le FMI, «un programme de financement potentiel soutiendrait les réformes économiques des autorités et aiderait l’Ethiopie à stabiliser son économie afin qu’elle puisse relever ses défis économiques, humanitaires et sociaux, créer des emplois et réduire la pauvreté».
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En clair, ce prêt sera conditionné par la mise en place d’une série de réformes structurelles édictées par l’institution financière en accord avec les autorités éthiopiennes.
Si le pays arrive à obtenir cet important prêt, il pourra enclencher un nouveau cycle de croissances fortes durant la décennie en cours et pourrait même rapidement retrouver des taux de croissance à deux chiffres les toutes prochaines années en s’appuyant sur son agriculture, ses services, les investissements directs étrangers et les infrastructures. Concernant ce dernier facteur, le Grand barrage de la Renaissance devrait booster encore davantage l’économie éthiopienne grâce à ses 6.450 MW de capacité de production électrique.
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En attendant l’obtention de cet important prêt, l’économie éthiopienne se remet plutôt bien de la situation difficile qu’elle a traversée au cours de ces dernières années. Selon la Banque mondiale, la croissance du PIB du pays devrait passer de 6,4% en 2022 à 6,1% en 2023 et 6,4% en 2024.
Quant aux projections du FMI, plus optimistes, le pays devrait voir sa croissance s’accélérer de nouveau à partir de cette année et le PIB devrait passer de 120 milliards de dollars en 2022 à 156 milliards en 2023 avant d’atteindre 235 milliards en 2026 et 281 milliards en 2028. Grâce à ces performances, le pays devrait passer de du rang de 7e puissance économique africaine en 2022 à celui de 4e pays le plus riche d’Afrique dès 2026.