Prêt-à-porter et mode: Ouagadougou, vitrine de l’inventivité de tout un continent

Le prêt à porter s'expose à la 8e édition du Salon International du prêt-à-porter africain de Ouagadougou .

Le 23/12/2024 à 08h41

VidéoDepuis son ouverture, le 17 décembre 2024, la 8e édition du Salon International du prêt-à-porter africain de Ouagadougou attire du beau monde place de la Nation à Ouagadougou. Les créateurs du continent rencontrent un succès que ne démentent pas les exportations africaines de textiles, de vêtements et de chaussures qui se chiffrent à 15,5 milliards de dollars chaque année.

«Matières premières locales, transformations, créations, conquêtes de marchés et emplois» sont les mots d’ordre du Salon international du prêt-à-porter africain de Ouagadougou (SIPAO) à travers lequel son promoteur, le styliste Ide Mava, vise à promouvoir la mode africaine et au-delà l’ensemble de la chaîne de l’industrie du textile. Depuis l’ouverture des stands le 17 décembre, la place de la Nation, traditionnel site de l’exposition, ne désemplit pas. Cette année encore, les créateurs font preuve d’une présence beaucoup plus motivée. Le SIPO prendra fin le 30 décembre.

«Le marché est super. Il commence à décoller et progresse tout doucement. Comme vous le savez, nous sommes des créateurs et avons toujours l’envie d’innover et d’améliorer les choses», s’enthousiasme Baudoin Anoukoue, exposant ivoirien et promoteur de la marque Bozz.

Les créateurs de mode africains jouent un rôle très important au sein du tissu économique local, en atteste le préambule de la directrice générale de l’UNESCO au rapport onusien de 2023 intitulé «Le secteur de la mode en Afrique : tendances, défis et opportunités de croissance».

Audrey Azoulay avait révélé que le commerce en ligne pourrait booster l’industrie textile africaine: «l’expansion du commerce électronique, auquel ont eu recours 28% d’Africains en 2021, contre 13% en 2017, a élargi les clientèles locales. Elle a concomitamment accru les opportunités de développement international pour les marques africaines, dont les exportations annuelles de textiles, de vêtements et de chaussures se chiffrent à 15,5 milliards de dollars hors du continent».

À Ouagadougou, Boukary Warma, exposant burkinabè et promoteur de la marque Fama Fashion, invite les visiteurs à prendre d’assaut l’esplanade de l’exposition. «Il est clair pour tous que le pays traverse des temps difficiles et que les défis des Burkinabè sont multiples. Mais je voudrais aussi souligner que c’est un contexte qui favorise la création artistique. Nous ne devons pas baisser les bras, car nous allons ensemble surmonter la difficulté», dit-il convaincu.

Si les visiteurs se montrent très encourageants comme à l’accoutumée, ils ont cependant besoin de plus d’énergie pour faire le tour des stands. Car les créateurs qui ont répondu à l’appel rivalisent d’innovations toutes inspirées des matières locales africaines.

En s’inspirant des techniques et savoir-faire traditionnels, les créateurs africains génèrent des retombées économiques concrètes pour les communautés, «je suis là pour visiter les différents stands comme à chaque édition du salon. Au stand de l’ivoirien Rose Créa je m’approvisionne en tenues chaque année. A travers lui, je tiens à saluer tous les artisans africains pour leur travail. Tous les styles sont au rendez-vous», se félicite Safiatou Yigo, visiteuse.

Mais malgré de nombreux atouts, le secteur de la mode en Afrique a encore de la marge. Dans son rapport, l’Unesco pointe le manque persistant d’investissements et d’infrastructures, des systèmes d’éducation et de formation encore limités, une protection insuffisante de la propriété intellectuelle, ainsi que des difficultés à accéder à de nouveaux marchés ou encore à s’approvisionner en matières premières de qualité à un prix abordable.

Des milliers de visiteurs sont attendus à ce rendez-vous de la mode africaine. Pour les autorités burkinabè qui ont salué l’engagement du promoteur ainsi que la résilience des acteurs, ce salon s’inscrit en droite ligne des engagements du gouvernement, conformément à sa vision de la valorisation de l’emploi et de la promotion des identités africaines.


Par Jean Paul Windpanga Ouédraogo (Ouagadougou, correspondance)
Le 23/12/2024 à 08h41