Sur les 20 pays les plus endettés auprès de la Banque mondiale, 10 sont africains

Le président du groupe de la Banque mondiale, Ajay Banga.

Le 09/11/2024 à 09h40

Découvrez les 10 pays africains figurant parmi les principaux emprunteurs de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) et de l’Association internationale de développement (IDA) pour l’exercice 2024. Ces deux institutions relèvent de la Banque mondiale.

La Banque mondiale renforce son soutien au développement en Afrique avec des financements record en débloquant des financements sans précédent, selon le dernier Rapport annuel de l’institution, intitulé «Une banque meilleure pour un monde meilleur». Au cours de l’exercice 2024, qui couvre la période du 1er juillet 2023 au 30 juin 2024, le Groupe de la Banque mondiale a accordé 38 milliards de dollars en prêts, dons, prises de participation et garanties aux pays d’Afrique subsaharienne, soit le plus gros engagement régional.

À titre de comparaison, il a été accordé 24,7 milliards de dollars à la région Europe et Asie centrale, 19,4 milliards de dollars à l’Amérique latine et les Caraïbes, 15,9 milliards de dollars à l’Asie du Sud, 12,5 milliards de dollars à la région Asie de l’Est et Pacifique, et seulement 6,5 milliards de dollars à la région Moyen-Orient et Afrique du Nord.

Cette enveloppe financière massive ciblant l’Afrique a été déployée sous diverses formes: prêts à des conditions avantageuses, dons, prises de participations dans des projets ou encore garanties pour faciliter l’accès au financement. Un engagement financier massif qui témoigne également de la volonté d’accompagner la dynamique de transformation structurelle en cours sur le continent africain, en dépit des multiples défis persistants.

«Pour aider l’ensemble des pays du monde à relever ces défis interdépendants, le Groupe de la Banque mondiale s’est engagé à verser 117,5 milliards de dollars au cours de l’exercice 24, dont 38 milliards de dollars pour l’Afrique», précise le rapport, ajoutant que cette enveloppe colossale se répartit entre la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) avec 37,6 milliards de dollars, l’Association internationale de développement (IDA) avec 31,2 milliards de dollars, la Société financière internationale (IFC) avec 31,7 milliards de dollars, l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) avec 8,2 milliards de dollars, ainsi que 8,9 milliards de dollars au titre des activités de décaissement exécutées par les bénéficiaires.

Zoom sur les décaissements de la BIRD et l’IDA

Dans ce dernier rapport, plusieurs points clés concernant l’Afrique méritent d’être soulignés: la BIRD et l’IDA, deux institutions clés du Groupe de la Banque mondiale, ont soutenu le développement par des prêts record. Ces deux institutions sont communément désignées sous le terme «Banque mondiale» lorsqu’elles sont considérées ensemble, faut-il souligner.

Parmi les dix principaux emprunteurs de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), deux pays africains figurent pour l’exercice 2024. Il s’agit du Maroc, qui a contracté 1,75 milliard de dollars, et du Nigéria avec 1,5 milliard de dollars. Ils sont respectivement 7ème et 8ème du classement des 10 principaux emprunteurs de la BIRD lors du dernier exercice.

En ce qui concerne l’Association internationale de développement (IDA), le guichet concessionnel de la Banque pour les pays les plus pauvres, huit pays africains se retrouvent parmi ses dix principaux emprunteurs pour l’exercice 2024.

Le premier est l’Éthiopie (3,395 milliards de dollars), le Nigéria se classe 3ème avec 2,2 milliards de dollars empruntés, la Tanzanie est 5ème avec 1,815 milliard de dollars, le Kenya 6ème (1,654 milliard de dollars) et le Mozambique 7ème (1,13 milliard de dollars). Viennent ensuite le Rwanda 8ème avec 801 millions de dollars, le Ghana 9ème avec 800 millions de dollars et la Côte d’Ivoire 10ème avec 757 millions de dollars empruntés.

Pour la BIRD, ses prêts aux pays africains contribuent à financer des projets de développement dans des secteurs clés comme les infrastructures, l’énergie, l’agriculture ou encore l’éducation. Quant à l’IDA, ses financements concessionnels permettent aux pays à faible revenu de mettre en œuvre des programmes visant à améliorer les conditions de vie des populations les plus vulnérables.

«La BIRD jouit d’une cote de crédit évaluée à Aaa par Moody’s et à AAA par Standard & Poor’s, et les investisseurs considèrent ses obligations comme des titres de haute qualité», souligne le rapport. Cela lui permet d’emprunter à des conditions avantageuses sur les marchés financiers et de transférer ces économies aux pays emprunteurs, dont ceux d’Afrique.

L’IDA, quant à elle, bénéficie d’un modèle financier hybride combinant les contributions des bailleurs de fonds et les ressources levées sur les marchés. «Dans le cadre d’IDA-20, ce modèle financier hybride permet à l’IDA de mobiliser près de 4 dollars de pouvoir d’engagements pour chaque dollar que les partenaires de développement apportent», précise le rapport.

Adaptation aux défis de la dette extérieure

Cependant, les pays africains font face à des défis dans la gestion de leur dette extérieure, notamment en raison de la hausse des taux d’intérêt et de la volatilité des marchés financiers. La Banque mondiale s’efforce d’adapter ses offres de financement aux besoins spécifiques de ces pays, en proposant des instruments novateurs comme le Mécanisme de gestion des crises de l’IDA ou le Cadre d’incitations financières pour encourager les investissements dans les programmes d’action mondiaux.

Au regard des multiples crises auxquelles le continent fait face, les perspectives d’emprunt des pays africains auprès de la Banque mondiale devraient rester soutenues dans les années à venir. Le rapport souligne d’ailleurs «l’engagement sans faille» nécessaire des bailleurs de fonds, des pays clients et de la Banque mondiale pour atteindre les objectifs de développement fixés.

Des financements vitaux pour le développement

Les prêts de la BIRD et de l’IDA contribuent de manière significative au développement des pays africains, en finançant des projets essentiels dans des secteurs clés comme l’éducation, la santé, les infrastructures, l’énergie, l’agriculture et l’environnement. «Ces financements permettent aux pays africains de relever les défis liés à la pauvreté, aux inégalités, au changement climatique et à la fragilité, tout en favorisant une croissance durable et inclusive», souligne le rapport annuel.

La BIRD offre des prêts aux conditions du marché, mais avec des taux d’intérêt généralement plus bas que ceux proposés par d’autres prêteurs commerciaux. Quant à l’IDA, elle accorde des dons et des prêts concessionnels, c’est-à-dire à des taux d’intérêt très faibles, voire nuls, et avec des périodes de remboursement plus longues. Des conditions préférentielles qui permettent aux pays africains d’accéder à des financements indispensables pour leur développement, sans alourdir excessivement leur fardeau de la dette.

Cependant, la gestion de la dette envers la BIRD et l’IDA reste un défi majeur pour de nombreux pays africains, en raison de leur niveau élevé d’endettement, de leur faible capacité de remboursement et des chocs économiques récurrents. Ainsi, la BIRD et l’IDA s’efforcent d’adapter constamment leurs offres de financement aux besoins spécifiques des pays africains, en prenant en compte leur niveau de développement, leurs priorités sectorielles et leurs vulnérabilités aux chocs exogènes.

Cela passe par une collaboration étroite avec les gouvernements africains, la société civile et les autres partenaires au développement, afin de concevoir des stratégies d’intervention sur mesure et efficaces. Malgré les défis persistants, les perspectives d’emprunt des pays africains auprès de la BIRD et de l’IDA restent encourageantes pour les prochaines années, grâce aux efforts de renforcement de leurs capacités financières et opérationnelles.

Les 10 principaux emprunteurs auprès de l’IDA pour l’exercice 2024 (en millions de dollars) :

PaysMontant de l’engagement (en millions de dollars)Rang
Éthiopie3.3951er
Bangladesh3.3622ème
Nigéria2.2003ème
Pakistan2.1314ème
Tanzanie1.8155ème
Kenya 1.6546ème
Mozambique 1.1307ème
Rwanda8018ème
Ghana 8009ème
Côte d’Ivoire75710ème

Source : Banque Mondiale.

Par Modeste Kouamé
Le 09/11/2024 à 09h40