Transformation digitale en Afrique: les voies de l’accélération selon le DG de la SFI

Le directeur général de la Société financière internationale, Makhtar Diop.

Le 14/10/2023 à 10h30

VidéoRéduction de la fracture numérique, cybersécurité, allègement des règlementations pour les startups, croissance verte... De nombreux défis restent à relever pour accélérer la transformation digitale en Afrique, selon le directeur général de la Société financière internationale (SFI), Makhtar Diop. Pour y parvenir, l’institution financière compte notamment sur le Maroc, qui dispose d’un solide écosystème digital.

L’Afrique doit accélérer sa transformation digitale dans un monde hyper connecté. Mais pour réussir ce virage numérique, les pays africains doivent relever un certain nombre de défis inhérents au développement technologique. C’est ce qu’a fait savoir le directeur général de la Société financière internationale (SFI), Makhtar Diop, lors d’une conférence intitulée «Construire les bases d’un avenir numérique inclusif », organisée le mardi 10 octobre, dans le cadre des Assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI à Marrakech.

L’un des plus grands chantiers est la réduction de la fracture numérique. «Nous travaillons à combler ce fossé. Il y a quelques années, nous avons investi près d’un milliard de dollars de ressources dans la fibre optique et dans les tours de télécommunication sur le continent, en collaboration avec une entreprise du secteur», a souligné le patron de l’organe du groupe de la Banque mondiale spécialisé dans le financement du secteur privé, évoquant un investissement consacré principalement aux «économies fragiles» et qui a permis de «réduire les écarts entre les pays africains».

Alléger les procédures et ouvrir le marché aux entreprises innovantes

L’autre grand challenge concerne le renforcement de la cybersécurité, dont «nous ne parlons pas beaucoup» et «qui pourrait être un obstacle à la croissance des entreprises en Afrique». A ce propos, Makhtar Diop a raconté une anecdote: «Je me souviens d’un jour où je travaillais avec mes collègues sur ce sujet, j’étais dans la Silicon Valley, chez l’entreprise Cisco. Ils ont un grand écran qui montre les pays qui subissent le plus grand nombre de cyberattaques, et c’était le Zimbabwe qui arrivait en tête.»

La raison est simple: «Quelqu’un a piraté une adresse IP du Zimbabwe, et de là, il a attaqué tout le système du pays. Nous ne devrions donc pas négliger la cybersécurité, car le nombre d’utilisateurs est de plus en plus élevé dans la plupart des pays en développement.»

Quand on parle de digitalisation, on pense évidemment aux nombreuses startups technologiques actives dans les différentes régions du continent. Sauf que ces jeunes entreprises, qui proposent des innovations pour résoudre des problématiques urgentes, sont souvent freinées par des lourdeurs administratives liées aux réglementations.

«Il faut que les régulateurs allègent les procédures et acceptent d’ouvrir le marché à ces entreprises innovantes. La SFI a investi dans des startups qui, à travers leurs innovations, permettent une réduction des coûts pour les consommateurs dans plusieurs services», a appelé Makhtar Diop.

De plus, outre leurs innovations, ces startups sont également de grands pourvoyeurs d’emplois. «Dans mon pays, le Sénégal, l’économie numérique est un des plus grands créateurs d’emplois pour les jeunes.»

Un rapport sur l’économie numérique en Afrique prévu en 2024

La SFI compte accompagner les pays africains pour réussir cette transformation digitale, notamment à travers le Maroc. «Le Maroc est un pays phare dans la région en matière de développement digital. C’est pourquoi nous travaillons avec des entreprises marocaines dans ce domaine et essayons également de les aider à investir sur le reste du continent», a-t-il affirmé, dans une déclaration pour Le360.

D’après lui, le Royaume est une porte d’entrée sur l’Afrique, raison pour laquelle la SFI souhaite profiter «de sa position géographique et de la qualité de son secteur financier pour pouvoir développer plus de fintechs et les technologies nécessaires au développement du continent».

Makhtar Diop a également annoncé durant cette conférence la publication en janvier 2024, par la SFI, d’un important sur l’économie numérique en Afrique. «Ce rapport abordera les dimensions politiques et d’autres aspects relatifs au développement du digital sur le continent», révèle-t-il.

Et de préciser, pour conclure, que la SFI consacre actuellement une grande partie de ses investissements à l’écologisation des centres de données en Afrique, afin d’encourager la croissance verte.

Par Elimane Sembène et Khadija Sabbar
Le 14/10/2023 à 10h30