Prendre l’avion d’une capitale africaine à une autre relève encore trop souvent du parcours du combattant. Une récente étude d’Airbus met en lumière cinq paires de capitales africaines majeures qui restent insuffisamment reliées par voies aériennes et qui mériteraient d’être davantage reliées par des vols directs, compte tenu des importants volumes de trafic passagers actuels et projetés.
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Il s’agit des routes intra-africaines Dakar–Libreville (3.310 km), Abidjan–Douala (1.520 km), Abuja–Nairobi (3.480 km), Cape Town–Lagos (4.790 km), et Dakar-Douala (3.170 km). Outre les gains de temps évidents pour les passagers, le développement de ces routes directes permettrait de désengorger les aéroports de correspondance actuels. Voyons ce que révèlent cette analyse sur ces routes, qui méritent une attention particulière.
L'introduction d'un service sans escale améliorerait la commodité du voyage et pourrait récupérer une partie du trafic tout en stimulant le trafic entre Abuja et Nairobi. Ethiopian Airlines se taille la part du lion du trafic entre les deux villes, en connectant les voyageurs via son hub d'Addis-Abeba. Rwandair est le deuxième acteur le plus important sur cette route. La compagnie aérienne relie les voyageurs sur cette route à travers son hub de Kigali.. DR
Dakar-Libreville: deux escales pour 60% des passagers
Avec un trafic moyen de 320 passagers par semaine dans chaque sens, cette route reliant les portes d’entrée du Sénégal et du Gabon figure en tête des routes intra-africaines à ouvrir. L’étude révèle qu’un « service sans escale a été offert sur cette route par Air Gabon pendant une courte période en 2006 et, plus récemment, par Mauritania airlines. Cette dernière compagnie a assuré des vols sans escale entre Dakar et Libreville de février à fin juillet 2022, en utilisant principalement le 737-800. Les données montrent que la fréquence du service était d’un seul vol par semaine. Depuis, aucun vol régulier n’a été enregistré ».
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Plus de 60% de l’ensemble des passagers entre les deux villes emprunte des itinéraires comportant deux arrêts de transit. 30% des voyageurs font encore un arrêt pendant le voyage, que ce soit à Lomé ou à Bamako. Un vol direct permettrait des gains de temps substantiels et stimulerait fortement le trafic, estimé à 4 vols hebdomadaires à terme.
Abidjan-Douala: un potentiel de 5 vols par semaine
Capitales économiques respectives de la Côte d’Ivoire et du Cameroun, ces deux métropoles portuaires dynamiques gagneraient à être reliées directement. Elles partagent de nombreuses similitudes avec Dakar-Libreville. L’étude indique que « de fortes croissances moyennes ont été observées pour la période de 2015 à 2019 sur la route Abidjan-Douala. Cependant, le trafic n’est pas encore revenu à son niveau d’avant la crise. Air Côte d’Ivoire et Asky ont capté tout le trafic pendant la période étudiée et ont connecté leur trafic sur Yaoundé (Cameroun), Abuja (Nigeria) ou Lomé (Togo). Cette connexion semble assez contraignante, compte tenu de la distance relativement courte ».
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Le trafic actuel de 275 passagers hebdomadaires par sens, bien qu’en deçà des niveaux d’avant-pandémie, laisse entrevoir un potentiel pour 5 vols directs par semaine à l’avenir, facilitant les échanges économiques. En effet, les projections montrent que la route pourrait soutenir jusqu’à 5 vols hebdomadaires par sens dès 2026 avec des monocouloirs de 100 à 160 sièges.
Abuja-Nairobi: trait d’union entre l’Afrique de l’Ouest et de l’Est
Cette route longue de 3.480 km catalyserait la coopération entre le Nigeria, première économie d’Afrique de l’Ouest, et le Kenya, hub régional de l’Afrique de l’Est. Cette route aligne parfaitement les objectifs de renforcement des liens diplomatiques et commerciaux entre ces deux grandes économies africaines. Selon l’étude, « Kenya Airways est le seul opérateur à avoir offert un service sans escale sur cette paire de villes jusqu’à présent. La compagnie a exploité la route en utilisant des E190 et des 737-800 de juin 2014 à novembre 2016. Au cours de cette période, Kenya Airways a effectué près de 12 vols hebdomadaires entre le Kenya et le Nigeria, reliant Nairobi à Lagos et Abuja. Suite à la pandémie, Kenya Airways a rétabli son service entre les deux pays à raison d’un vol quotidien. Toutefois, la compagnie aérienne exploite désormais exclusivement le vol entre Nairobi et Lagos».
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Avec un trafic hebdomadaire actuel de 900 passagers en moyenne par sens, 3 vols directs par semaine permettraient, selon l’étude, de répondre à la demande et d’encourager de nouveaux échanges bilatéraux.
Cape Town-Lagos: de l’Afrique australe à l’Afrique de l’Ouest
Connecter ces deux pôles majeurs de part et d’autre du continent comblerait un manque criant de liaisons aériennes entre l’Afrique du Sud et l’Afrique de l’Ouest. Un service direct entre Cape Town (Afrique du Sud) et Lagos (Nigéria) renforcerait le rôle de Cape Town comme porte d’entrée vers l’Afrique australe.
L’étude d’Airbus révèle que « malgré l’importance des deux villes, il n’existe actuellement aucun vol sans escale entre elles. Les données historiques indiquent qu’un tel service n’a jamais existé. En outre, il n’existe pas de service aérien direct reliant Le Cap à l’ensemble de la sous-région de l’Afrique de l’Ouest. Pendant toute la période allant de janvier 2023 à la fin de l’été IATA 2024, la seule façon de voyager entre Le Cap et l’Afrique de l’Ouest est de transiter par Johannesburg ou Luanda, ou de faire de longs détours pour passer par Addis-Abeba ou même le Moyen-Orient. Enfin, pour voyager sans escale entre l’Afrique du Sud et l’Afrique de l’Ouest, il n’existe que deux points d’entrée : Accra et Lagos. Ces deux villes sont desservies par Johannesburg, Accra n’étant desservie que par South African Airways. Dans ce contexte, et afin d’élargir le choix offert aux voyageurs, il convient d’envisager le développement d’un nouveau service sans escale entre Le Cap et Lagos».
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Malgré un trafic modeste (700 passagers/semaine/sens), le potentiel stimulé par l’ouverture de cette route longue de 4.790 km semble prometteur, avec des vols long-courriers à fort impact économique, souligne l’étude.
«Le lancement d’un service direct entre Cape Town et Lagos apporterait de nouvelles options, et pourrait même stimuler fortement le trafic», estime l’étude, tout en soulignant la difficulté d’atteindre rapidement une fréquence attractive pour les voyageurs.
Dakar-Douala: trafic le plus faible
Reliant les capitales du Sénégal et du Cameroun, cette route connaît un flux régulier de 160 passagers hebdomadaires par sens, au cours des 12 derniers mois se terminant en novembre 2023, soit les niveaux de trafic les plus faibles.
Selon l’étude d’Airbus, les données d’OAG, une entreprise mondiale de données de voyage qui fournit des informations détaillées sur les vols, révèlent qu’«il n’y a eu qu’une brève période de vols sans escale sur cette route, remontant à 2014. À ce jour, Gambia Bird, la compagnie aérienne fondée en 2012 dans le cadre d’un partenariat entre le gouvernement gambien et la défunte compagnie aérienne allemande Germania, est la seule compagnie aérienne à avoir assuré un service sans escale sur cette paire de villes. La compagnie a déployé un A319 de 150 places sur la route et a effectué 2 vols par semaine».
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L’expérience passée d’une desserte directe a démontré un fort effet de stimulation du trafic, laissant entrevoir 3 vols viables par semaine à l’avenir. «Les projections laissent penser qu’un service avec 3 vols hebdomadaires par sens serait réalisable dès 2026», souligne l’étude.
Enjeux économiques et environnementaux
L’ouverture de ces liaisons aériennes directes revêt des enjeux économiques considérables. Faciliter la connectivité entre capitales africaines dynamiques favoriserait l’essor du commerce intra-africain, des investissements croisés et du tourisme d’affaires, dans un contexte de montée en puissance de la Zone de libre-échange continentale africaine.
L’impact environnemental ne serait pas négligeable non plus. Les vols avec escales multiples actuels génèrent des émissions de CO2 bien supérieures à ce que permettraient des liaisons directes utilisant des appareils récents économes en carburant.
Le développement de ces routes aériennes sera toutefois semé d’embuches pour les transporteurs qui s’y engageront. Le premier défi sera d’atteindre rapidement des fréquences convenables pour stimuler durablement le trafic, tout en maîtrisant les coûts au lancement avec des appareils monocouloirs de capacités adaptées, souligne l’étude.
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Les compagnies devront également composer avec de longues distances pour certaines routes, comme Cape Town-Lagos (4.790 km), qui imposeront le choix d’avions de dernière génération pour leurs performances et leur conception optimisée pour ce type de segment.
Enfin, le facteur géopolitique ne sera pas à négliger, avec la nécessité d’obtenir les autorisations réglementaires et les précieux droits de trafic censés faciliter une concurrence équitable sur ces liaisons à forts enjeux économiques.