Tunisie: Kaïs Saied remet en cause l’Open sky en négociation avec l’Union européenne

DR

Le 02/07/2023 à 09h09

Après de longues négociations et tergiversations, le président tunisien Kaïs Saied semble avoir donné un sérieux coup d’arrêt au processus de l’Open sky (ciel ouvert) entre la Tunisie et l’Union européenne. En tout cas, sa déclaration, vendredi dernier, lors de sa rencontre avec le ministre du Transport et le PDG de Tunisair, laisse entendre que l’ouverture du ciel tunisien aux appareils de l’Union européenne peut encore attendre.

«Nous voulons que le ciel soit ouvert aux avions tunisiens, et non être survolé par une nuée d’appareils, où nos avions n’auront pas de place». Cette petite phrase prononcée par le président tunisien, Kaïs Saied, lors d’une rencontre, vendredi 30 juin dernier au palais de Carthage, avec le ministre du Transport, Rabie Majidi, et le PDG de Tunisair, Khaled Chelly, portant sur le sauvetage de la compagnie aérienne publique tunisienne, en crise depuis de nombreuses années, met fin au débat sur l’Open sky entre la Tunisie et l’Union européenne.

Ainsi, au détour d’une phrase, le président tunisien met un coup d’arrêt aux discussions avec l’Union européenne. Il a laissé entendre que la Tunisie ne compte pas suivre l’exemple du Maroc qui a signé en 2006 un accord d’Open sky avec l’Union européenne.

Il s’agit là d’un niet à peine voilé du président tunisien et ce, malgré les nombreuses années de négociations et les annonces de signature imminente d’un tel accord tant souhaité par les professionnels du secteur touristique tunisien.

Pour rappel, l’Open sky, dont le processus a été enclenché en 2010, allait mettre fin aux accords bilatéraux entre la Tunisie et l’Union européenne qui limitent l’accès à l’espace aérien tunisien de plusieurs compagnies aériennes étrangères. De même, il prévoit l’élimination des limitations des capacités et du nombre de vols, une déréglementation tarifaire et la mise en place d’un contexte compétitif selon les règles de la concurrence.

Avec cette sortie, ceux qui tenaient à la signature d’un tel accord entre la Tunisie et l’Union européenne sont naturellement déçus. Au-delà des compagnies aériennes européennes, ce sont surtout les opérateurs du secteur du tourisme qui seront affectés par cette sortie qui les éloigne d’une ouverture du ciel synonyme d’une concurrence accrue sur la destination et donc une baisse des tarifs des billets et une offre plus conséquente de sièges sur la destination Tunisie.

Pour le président Kaïs Saied, le sauvetage de la compagnie aérienne tunisienne est prioritaire et passera par la préservation de son espace vital. Face à ses interlocuteurs du jour, le président a souligné que «la compagnie Tunisair devra retrouver son éclat», expliquant que «Tunisair a été l’une des meilleures entreprises publiques durant des années avant qu’elle ne soit frappée de plein fouet par la corruption à l’instar d’autres établissements».

Pour cela, il explique qu’il faudra éliminer les causes à l’origine de la crise dans laquelle est plongée la compagnie aérienne tunisienne depuis plus d’une douzaine d’années. En clair, il faut d’abord restructurer Tunisair afin qu’elle puisse ensuite faire face à la concurrence qu’entrainera l’ouverture du ciel du pays aux compagnies aériennes étrangères.

A ce titre, il a souligné la nécessité du renouvellement et du rajeunissement de la flotte de la compagnie via l’acquisition de nouveaux appareils et la cession des anciens avions avec leurs pièces de rechange.

A cause de la crise qu’elle traverse, la compagnie a vu sa flotte s’amenuiser, certains appareils étant cloués au sol faute d’entretien et de pièces de rechange. Une situation qui oblige la compagnie à louer des appareils pour faire face aux arrivées de touristes et de Tunisiens de la diaspora durant la période estivale.

Par Karim Zeidane
Le 02/07/2023 à 09h09