Vêtements de sport: ces 5 pays d’Afrique sur les starting-blocks, la FIFA au sifflet

Région de Houndé. Récolte du Coton.. philippe revelli

Le 04/08/2024 à 10h17

Le but du Partenariat pour le coton mené, par l’Organisation Mondiale du Commerce, la FIFA et l’ONU, est de faire profiter le Bénin, le Burkina Faso, le Tchad, le Mali et la Côte d’Ivoire des 260 milliards de dollars du marché mondial des vêtements de sport.

Grâce à une stratégie ambitieuse, ces pays africains entendent bien jouer un rôle de premier plan sur le marché mondial des vêtements de sport. Ils se sont lancés dans une stratégie globale visant à valoriser leur riche potentiel cotonnier. Avec un marché mondial des vêtements de sport estimé à 260 milliards de dollars, les pays du C4 (Bénin, Burkina Faso, Tchad, Mali) et la Côte d’Ivoire ont l’opportunité de se tailler une place de choix. Grâce au Partenariat pour le coton mené par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et la FIFA, ces nations s’attaquent aux défis pour valoriser leur potentiel considérable.

Selon la Directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, «l’Afrique de l’Ouest est sur le point de saisir une opportunité unique dans le secteur du coton et du textile». Les études réalisées par le Centre du commerce international (ITC), l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) et le bureau conseil Gherzi Textile Organization démontrent que malgré les difficultés, le C4 et la Côte d’Ivoire, qui constituent le C4+, peuvent s’appuyer sur une main-d’œuvre abondante et produire des vêtements de qualité localement.

«Notre objectif commun est de parvenir à une transformation locale équitable et durable pour créer des emplois décents et favoriser la croissance économique dans la région», souligne Gerd Müller, directeur général de l’ONUDI. Cette vision ambitieuse s’appuie sur une feuille de route du coton remaniée, un plan d’action visant à mobiliser 12 milliards de dollars d’investissements pour les pays du C4+ (Bénin, Burkina Faso, Tchad, Mali et Côte d’Ivoire).

Ce financement permettra de développer une industrie cotonnière et textile ancrée localement, respectueuse des critères sociaux et environnementaux. Il favorisera l’émergence de chaînes d’approvisionnement équitables, créatrices d’emplois décents, en particulier pour les femmes et les jeunes. L’objectif est de transformer durablement la fibre de coton produite localement en textile et vêtements finis, à forte valeur ajoutée.

Une stratégie qui s’inscrit dans une logique de développement inclusif, où les retombées économiques bénéficieront directement aux populations locales tout en préservant les ressources naturelles. Elle vise à rompre avec le schéma traditionnel d’exportation de matières premières peu transformées, pour capter une plus grande part de la valeur sur le marché mondial très convoité des vêtements de sport et de l’habillement.

Des investissements stratégiques pour une montée en puissance

La création de parcs industriels dédiés au textile est cruciale pour ces pays afin de générer de la valeur ajoutée. «Il est essentiel d’investir dans les infrastructures», insiste Okonjo-Iweala, tout en renforçant l’intégration régionale avant d’explorer les marchés extérieurs.

Pour soutenir ces ambitions, une déclaration commune a été signée par l’OMC, l’ONUDI, l’ITC, Afreximbank, l’Africa Finance Corporation (AFC) et l’International Islamic Trade Finance Corporation (ITFC). Elle vise à faciliter le financement des projets d’infrastructures, l’accès à l’énergie, le renforcement des compétences et l’ouverture d’opportunités d’investissement.

Valoriser les atouts pour produire des vêtements compétitifs

Avec un potentiel de 500.000 emplois directs, notamment pour les femmes et les jeunes, le secteur africain du coton dispose d’atouts indéniables. «Chacun de nos partenaires peut jouer un rôle grâce à son expertise spécifique, que ce soit le soutien financier, la formation, la certification ou la logistique», souligne la directrice générale de l’OMC.

Cependant, des défis subsistent en termes d’accès au financement, de respect des normes internationales et de formation de la main-d’œuvre locale. Le renforcement des capacités sera essentiel pour produire des vêtements compétitifs et respectueux des critères environnementaux et sociaux.

Un accompagnement sur mesure des partenaires techniques

Pour relever ces défis, les pays peuvent compter sur l’expertise de l’OMC, de la FIFA, de l’ONUDI et d’autres acteurs clés. «Nous proposons notre savoir-faire pour apporter davantage de valeur ajoutée locale et soutenir une industrie textile inclusive et durable», affirme Gerd Müller, directeur général de l’ONUDI.

La DG de l’OMC insiste également sur la nécessité de poursuivre les négociations sur le coton et la réforme agricole. «Nous ne devons pas abandonner l’Accord sur l’agriculture et l’initiative sur le coton».

Des perspectives prometteuses à l’horizon 2030

Grâce aux efforts concertés des pays et de leurs partenaires, le secteur textile d’Afrique de l’Ouest devrait connaître une croissance significative d’ici 2030. Avec les investissements adéquats et un renforcement des capacités, ces nations ambitionnent de gagner des parts de marché substantielles sur le créneau très convoité des vêtements de sport.

Une intégration réussie dans les chaînes de valeur mondiales permettra de créer des milliers d’emplois décents et de doper la valeur ajoutée locale, contribuant ainsi au développement économique durable de la région.

Volumes de production de coton (HS 520100) des pays du C4+

PaysProduction lors de la campagne 2021-2022 (en tonnes)Production lors de la campagne 2022-2023 (en tonnes)
Mali310.000294.000
Bénin306.000281.000
Burkina Faso207.000193.000
Côte d’Ivoire215.000121.000
Tchad53.00052.000

Source : ITC ; cottonportal.org

Par Modeste Kouamé
Le 04/08/2024 à 10h17