Energies renouvelables: si l'Afrique est championne du monde, son électrification reste faible

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Le 11/06/2019 à 09h57, mis à jour le 11/06/2019 à 09h59

Les pays africains sont les champions des énergies renouvelables. Elles représentent plus de 50% de la production énergétique de la plupart des pays du continent. Toutefois, du fait d'un potentiel énorme très faiblement exploité, la moitié de la population africaine n'a pas accès à l'électricité.

Si les énergies renouvelables représentent en moyenne 17,5% de la consommation totale d’énergie en 2016 du globe, en Afrique subsaharienne, ce taux dépasse largement, en moyenne, la barre des 50% dans de nombreux pays.

Dans le Top 10 mondial (données tirées du Tracking SDG7: The Energy Progress Report) des pays dont la part des énergies non émettrices de gaz à effet de serre dans la production totale d’électricité est très majoritaire, on ne trouve que des pays africains.

Parmi les champions du renouvelable (cf. tableau ci-dessous) figurent la RD Congo, la Somalie, l’Ethiopie, l'Ouganda, la Guinée Bissau, le Rwanda, la Tanzanie, le Liberia ou le Gabon.

Il s'agit de pays dont plus de trois quarts de l'électricité sont produites à partir des énergies renouvelables, notamment les barrages hydroélectriques, la géothermie, l’énergie éolienne, l’énergie solaire, etc.

Ainsi, grâce aux barrages hydroélectriques, 97% de l’électricité produite en République démocratique du Congo (RDC) est d’origine renouvelable. Idem pour l’Ethiopie où ce taux s’établit à plus de 92%.

Dans le Top 20 mondial des pays dont la plus grande part de la production électrique est d'origine renouvelable, on trouve seulement trois pays non africains: Buthan (85%), Népal (79%) et Islande (78%).

Le seul hic, c'est que si les pays africains sont champions du renouvelable, la production électrique globale reste encore négligeable, même au niveau des pays ayant des potentiels exceptionnels.

A titre d’exemple, pour la RDC, dont la production frôle les 100% de renouvelable, le taux d’électrification demeure négligeable ne s’établissant qu'à 20% alors que le potentiel hydroélectrique du pays est à même de satisfaire les besoins d'électricité de toutes la région d'Afrique centrale et australe.

Selon les projections, le continent doit installer environ 160 GW à l’horizon 2025 pour répondre au besoin de la population, des entreprises et des industries du continent.

L'Afrique dispose à travers les énergies renouvelables des potentialités exceptionnelles non encore encore exploitées, qui peuvent résorber ce déficit et même faire du continent un exportateur d'électricité propre.

En effet, à titre d’illustration, au niveau hydroélectrique, la RD Congo et l’Ethiopie ont ensemble un potentiel hydroélectrique de plus de 300 GW, soit deux fois ce dont le continent a besoin pour assurer son électrification.

Quant au potentiel solaire du continent, il est estimé à plus de 10 TW (1 Téra Watt est égal à 1.000 GW soit1.000.000 MW) de puissance.

Il reste que l’Afrique est le continent le moins électrifié au monde. Malgré les efforts entrepris au cours de ces dernières années, environ 600 millions d’Africains n’ont pas encore accès à l’électricité, soit plus 50% de la population.

Ainsi, si au niveau mondial le taux d’électrification a atteint 89%, dans le continent africain, plus globalement, il dépasse à peine 50%. Les seuls pays ayant un taux d’électrifications de presque 100% sont le Maroc, la Tunisie, l’Algérie, les Seychelles, l’Egypte et l'île Maurice.

Autrement dit, malgré le fait que la part du renouvelable soit élevée dans la production électrique africaine, les pays du continent sont loin d’avoir exploité le potentiel dont ils disposent.

Face à cette situation, l’Afrique pourrait améliorer son taux d’électrification en mettant davantage l’accent sur les énergies renouvelables, notamment sur l’éclairage solaire, les installations solaires domestiques et les mini-réseaux, mais aussi et surtout en développant de grands projets dans le domaine de l'énergie renouvelable, avec notamment la construction de grands barrages hydroélectriques qui font défaut au continent.

Le seul barrage hydroélectrique de grande taille est celui en cours de construction en Ethiopie, le barrage de la Grande Renaissance et ses 6.400 MW de puissance installée, qui va porter la part des énergies renouvelables dans la production totale d’électricité de l’Ethiopie à hauteur de presque 100%.

De même, un accent particulier doit être mis sur le solaire, qui non seulement offre un coût de production d’électricité bas, grâce aux avancées technologiques, mais qui permet aussi, et surtout aux pays africains de réaliser d’importantes économies en devises en se substituant aux énergies fossiles, qui sont à l'origine du gonflement des factures d’importation de nombreux pays du continent non producteurs de pétrole.

Les pays africains pourront compter sur le coût de production des énergies renouvelables en nette baisse, notamment le photovoltaïque, pour améliorer davantage le taux d’électrification au niveau du continent.

Ainsi, le kilowattheure produit grâce aux nouveaux panneaux photovoltaïques s’établit autour de 0,15 euro, soit un niveau inférieur à celui du fuel dans de nombreux pays africains.

Pays Taux d'électrification  Part de l'énergie renouvelable dans la production électrique
RD Congo 19% 97%
Somalie 33% 95%
Ethiopie 44% 92%
Ouganda 22% 89%
Burundi 9% 89%
Zambie 40% 89%
Guinée Bissau 26% 87%
Rwanda 34% 86%
Tanzanie 33% 86%
Tchad 11% 85%
Zimbabwe 40% 83%
Liberia  21% 83%
Gabon 92% 82%
Nigeria 20% 80%
Niger 20% 80%
Erythrée 48% 80%
Mozambique 27% 80%
Par Moussa Diop
Le 11/06/2019 à 09h57, mis à jour le 11/06/2019 à 09h59