CEMAC. Libre circulation des personnes: enfin, toutes les frontières désormais ouvertes

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Le 28/10/2017 à 13h38, mis à jour le 28/10/2017 à 13h41

La libre circulation des biens et des personnes est désormais effective au sein de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEMAC) qui regroupe six pays de la région. D’importantes retombées économiques et culturelles sont en vue.

Enfin! La libre circulation des personnes et des biens dans l’ensemble de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) est effective. Une décision pourtant prise depuis 2013 par les chefs d’Etats des six pays de la sous-région. Manifestement, chaque pays a pris le temps d’examiner cette disposition avant de se prononcer.

D’emblée, alors que quatre d’entre eux (Cameroun, Congo, RCA, et Tchad) se montraient plus favorables à l’intégration, le Gabon et la Guinée Equatoriale étaient clairement plus sceptiques. C’est naturellement les derniers à lever les barrières. Surtout que la commission de la CEMAC prévoyait déjà des sanctions contre les deux récalcitrants.

Après le Tchad en aout 2017, suivi en cascade du Congo et de la RCA, le Gabon s’est également laissé persuader durant ce mois d’octobre. Suivi en dernier par la Guinée équatoriale. Cette dernière a en effet entériné la suppression des visas pour les ressortissants de la CEMAC depuis le 17 octobre 2017. Mais c’est seulement ce 26 octobre que le document officiel sera rendu public. Il s’agit d’une circulaire indiquant que «la suppression de visas est valable pour tout ressortissant d’un pays membre de la CEMAC, détenteur d’un passeport biométrique en cours de validité».

Quid du Cameroun ? Selon Olivier Kenhago Tazo, sous-directeur Afrique centrale au ministère des Relations extérieures, «Le Cameroun est le premier à avoir entériné la libre circulation dans la sous-région. Mais sa décision avait été prise sous réserve de réciprocité. Donc, aujourd’hui que les autres pays sont ouverts à la libre circulation, c’est automatique pour nous», se réjouit-il.

Il faut relever qu’au terme du Sommet des Chefs d’Etat d’Afrique Centrale, du 23 décembre 2016 à Yaoundé, sur la situation économique et monétaire de la CEMAC, l’une des recommandations visait à «accélérer la finalisation de la libre-circulation des personnes et des biens». Et Christine Lagarde, directeur général du FMI a particulièrement insisté sur ce point. Et depuis que le Fonds signe des programmes d’ajustements avec les différents Etats de la CEMAC, visant à restaurer leur viabilité budgétaire et extérieure, la libre circulation s’apparente à une condition préalable.

Selon le FMI en effet, face au ralentissement de son économie en raison de la chute des prix du pétrole et des matières premières, le commerce intra-Etats est un atout majeur pour la reprise de croissance en CEMAC. De plus, la libre circulation des personnes permettra aux peuples de cette région (Bantou en majorité), ayant une histoire et un destin communs, de se fréquenter et de partager sans contrainte.

La libre circulation devrait de toute façon booster les échanges commerciaux au sein des zones transfrontalières, à mesure que se développeront les liaisons routières. Et du fait que certains Etats de l’espace CEMAC, notamment le Tchad et la RCA, ne disposent d’aucun accès à la mer, l’intégration sera un atout de facilitation du transit. Aussi, la libre circulation devra-t-elle favoriser le développement en synergie, en encourageant les ressortissants à investir dans les autres pays de la communauté et développer des projets communs.

Par Elisabeth Kouagne (Abidjan, correspondance)
Le 28/10/2017 à 13h38, mis à jour le 28/10/2017 à 13h41