Vidéo. Libreville: chargeur de taxis, un métier qui nourrit son homme

le360/ Ismaël Obiang Nze

Le 12/12/2021 à 11h04

VidéoA Libreville, comme presque partout au Gabon, quand on veut se déplacer en taxis-bus ou minibus, on a souvent affaire aux chargeurs, un corps habilité à organiser le départ en permettant aux clients des taxis de prendre place dans l'un des véhicules qui attendent dans les gares.

Huit heures trente. l'ancienne gare routière de Libreville, l’un des secteurs les plus bouillonnants de la capitale gabonaise, grouille de monde. De longues files de personnes attendant des véhicules de transport en commun sont visibles à plusieurs endroits. 

Entre vrombissement des moteurs de voitures, fumée de pots d’échappement et cris des commerçants, on s’y perd un peu. Dans cette ambiance carnavalesque, Junior Batchililys, installe les passagers à bord du véhicule. «Mairie, mairie avec monnaie, crie junior aux clients. C'est la preuve que de nombreux petits jobs existent dans le milieu des transports en commun.

«Cela fait déjà deux ans. Deux ans que je suis boy chauffeur; parce qu'on a trouvé que le meilleur chemin de l'homme c'est le travail. Comme on dit: il n y a pas de sous métier, il n'y a que de sous hommes», confie Junior Batchililys, chauffeur de taxi.

En effet, dans le secteur, on trouve des apprentis qui sont chargés de rechercher des passagers. Ceux qui jouent ce rôle pour les chauffeurs de transport en commun sont appelés des ‘’chargeurs’’. C'est le cas de Freddy Moubamba. Arrivé ici, il y a dix ans, il a embrassé le métier de chargeur de taxis sans réelles perspectives. Aujourd'hui âgé de 35 ans, il s'y plait bien finalement.

«En faisant ce travail, j'ai fini par l'aimer. Ce travail m'a poussé à rester toujours humble. Cela m'évite d'aller sur un autre chemin qui n'est pas bien. J'essaie de m'en sortir avec la grâce du seigneur. Je paie le loyer avec, m'occuper de moi-même. Dans la journée, je peux gagner 7500 Francs cfa. J'économise 5000 et je dépense 2500 francs cfa. Je gagne environ 150.000 francs cfa, le mois», confie Moubamba, le regard toujours rivé vers les usagers qui viennent vers les taxis-bus en stationnement.

Nombreux sont les jeunes qui exercent cette activité dans les gares de véhicules de transport réparties dans la ville de Libreville. Ils se sont autoproclamés "chargeurs" pour fuir le chômage.

C'est en quête d'indépendance vis-à-vis de ses parents que Joss Maganga Mouguengui a embrassé ce métier. Le jeune homme de 25 ans ne regrette pas d'avoir quitté très tôt le domicile familial pour se frayer un chemin.

«Si un fonctionnaire attend la fin du mois, moi par contre je suis un journalier. Chaque jour, j'ai mon argent. Personnellement, j'étais avec mes parents, mais la vie avec les parents ce n'est pas vraiment ça. Ils m'ont forgé et avec ce petit métier je me débrouille, ça m'aide beaucoup» soutient Joss Maganga Mouguengui.

Les chargeurs de taxi sont, pour le plus grand nombre, des jeunes, issus des milieux défavorisés. Ils n’ont pas pu poursuivre leurs études. Ils se sont résolus à entrer dans la vie active plus tôt que prévu pour subvenir aux besoins de leur famille. Ces jeunes s’organisent tant bien que mal et arrivent néanmoins à joindre les deux bouts.

Le quotidien des chargeurs de taxi, n’est pas une promenade de santé. Debout tôt le matin, sept jours sur sept, ces jeunes se pointent à des carrefours, pour offrir leurs services aux chauffeurs de taxi-bus. Ils embarquent et débarquent la clientèle tout au long de la journée.

Pour parvenir à captiver les clients potentiels, ils se transforment en chanteur de charme. Ils indiquent la destination du bus tout en donnant le prix qui va avec, en poussant la chansonnette: «Montez dans le bus le plus climatisé de la capitale. Le bus qui va aussi vite qu’une Ferrari, mais qui ne fait jamais d’accident». Ainsi va la vie des jeunes chargeurs, au jour le jour.

Par Ismael Obiang Nze (Libreville, correspondance)
Le 12/12/2021 à 11h04