Si les violences à l’école sont un fléau aussi vieux que l’institution, au Gabon, elles ont été remises en lumière ces dernières années par des faits à la fois graves et très médiatisés. Frédin Koumba, élève de la classe de 3eme au lycée Paul Indjendjet Gondjout de Libreville, témoigne de ce qu'il a vécu pour la première fois lors d'une altercation entre les camarades de son établissement.
«On le subit toujours. Mais d'année en année, on a l'impression que le phénomène s'accentue. En 6eme, j'avais pour habitude de jamais accepter les violences. Et quand je voyais des jeunes comme moi subir ce genre de violences, j'essayais toujours de venir les défendre. Et en essayant de les défendre, un jour on m'a agressé avec un stylo en fer. En allant me plaindre à la direction, l'agresseur a été sévèrement puni et à la maison cela m'a valu d'être réprimandé. Mes parents m'ont dit qu'en étant au lycée ce n'est pas tout le monde que l'on peut sauver», confie-t-il
Dans cet environnement scolaire détérioré, toujours plus propice aux difficultés pour les élèves et aux tensions avec les familles, les enseignants se retrouvent de plus en plus souvent face à des situations tendues. Les causes des violences en milieu scolaire sont multiples, selon les spécialistes de l'éducation.
«Les causes viennent de loin, d'abord de là où l'enfant a grandi, puis de son développement psychologique. En fait, l'école n'est qu'un terrain d'application des choses qu'on a dans l'esprit. Mais, dans la majorité des cas, les raisons des violences proviennent d'un manque et les raisons économiques sont aussi à souligner. Parce que souvent les enfants qui braquent, qui se poignardent ont derrière la tête une envie de se faire de l'argent», explique Ntsame Messa, psychologue clinicienne.
Pour certains dirigeants d'établissements scolaires, comme Malouango-Malouango, les violences en milieu scolaire ne semblent pas vraiment augmenter en termes de nombre d’actes de violence, mais ces actes sont plus graves qu’auparavant.
«Et le type de violences que nous enregistrons ici, ce sont les braquages et les bagarres avec armes blanches. Et tous les indélicats qui sont arrêtés sont immédiatement traduits en conseil de discipline conformément à notre règlement intérieur», affirme-t-il
Au Lycée Paul Indjendjet Gondjout, comme dans l'ensemble des établissements du pays, le gouvernement prévoit de traiter les cas de violence scolaire avec la rigueur de la loi. Pour l'heure, la ministre gabonaise de la justice mise encore sur la sensibilisation de la communauté éducative.
«Une sensibilisation, une formation ne suffisent pas. Il faut y mettre le coeur. Il faut y mettre de la volonté. Il faut être convaincu du combat», a dit Erlyne Antonella Ndembet Damas.
A titre préventif et curatif, le gouvernement gabonais entend soumettre les dispositions relatives à la loi N°006/2021 sur les violences à tous les acteurs de la vie scolaire. Le but étant d’intégrer dans la conscience des élèves, enseignants, encadreurs administratifs et parents d’élèves, la force de la loi. On rappelle que la présente campagne de sensibilisation sur les violences en milieu scolaire est une articulation majeure de la politique de Gabon-égalité prônée au sommet de l'Etat.