L'idée qui sous-tend cette problématique est un appel aux États membres de l'Union africaine à renforcer leurs systèmes agroalimentaires et leurs systèmes de santé et de protection sociale pour accélérer le développement économique et du capital humain. A l'initiative conjointe du doyen du Groupe africain du corps diplomatique et de la direction de l'Agence gabonaise de sécurité alimentaire, cette célébration de la Journée mondiale de l'Afrique a battu le rappel des diplomates accrédités à Libreville. C'était donc l'occasion de faire un examen des crises multiformes qui secouent le continent, des aléas climatiques à la flambée des prix des produits de base, en passant par les conflits, la crise du Covid-19, etc.
Partant de ce constat inquiétant, et face à la multiplication des défis et obstacles à surmonter, l'ambassadeur du Maroc au Gabon, Abdellah Sbihi, a souligné dans son discours que les pays africains sont condamnés à redoubler d'efforts pour être en phase avec le thème central de cette journée de l'Afrique.
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«Le choix de cette thématique atteste de l'importance capitale pour le continent africain qui aspire à assurer sa sécurité alimentaire et à éradiquer la famine et la malnutrition, en investissant dans l'agriculture et le capital humain, et en renforçant la productivité pour répondre aux besoins de ses populations», a-t-il déclaré, ajoutant que le continent doit également «lutter contre les aléas du changement climatique en adaptant son agriculture à ce phénomène planétaire mais dont le coût et l'impact sont beaucoup plus ressentis sur notre continent. Ceci, d'autant que la crise induite par la pandémie du Covid-19 et les conflits naissants dans le monde ont créé les chocs sanitaires et économiques, lesquels ont un impact sur la santé, la nutrition et les moyens de subsistance de nos populations.»
Selon le Fonds des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), en Afrique, la prévalence de la sous-alimentation a atteint 21% en 2020 avec paradoxalement un taux très élevé de 31,8% pour la zone Afrique centrale. «Le monde s'est adapté à une situation d'interconnexion, de mondialisation sur des produits d'alimentation. C'est des denrées qui sont périssables et dont on ne peut faire des stocks de longue durée. Et avec la rupture des chaînes d'approvisionnement, on va en manquer. Maintenant, nos ancêtres ont appris à produire ces aliments, il n'y a pas de secret, il faut se remettre au travail», a déclaré Cyprien Biaou, représentant du chef du bureau sous-régional de la FAO à Libreville.
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La FAO recommande à l'ensemble des pays du continent de promouvoir le retour à la terre dans les politiques publiques. Une interpellation en adéquation avec la vision de la souveraineté alimentaire pour laquelle œuvre le gouvernement gabonais depuis plus de dix ans. Mieux, les autorités du pays appellent à un plan africain de production alimentaire. «Ce plan alimentaire d'urgence aura un impact à long terme sur la productivité alimentaire en Afrique. Dans le même temps, il s'agira de protéger la santé et l'intérêt des consommateurs», a déclaré Charles Mveh Ella, ministre gabonais de l'Agriculture, convaincu qu'une solidarité africaine est possible face au défi de la sécurité alimentaire sur le continent.