Guy Nzouba-Ndama, 76 ans et président 19 années durant de la chambre basse jusqu'en 2016, a été remis en liberté provisoire avec assignation à résidence dans la capitale.
Cette affaire survient 10 mois avant la présidentielle d'août 2023 pour laquelle Nzouba-Ndama fait figure de potentiel candidat.
Samedi, alors qu'il venait de franchir en voiture la frontière en provenance du Congo, les gendarmes avaient découvert 1,190 milliard de francs CFA (près de 2 millions d'euros), soit des centaines de liasses entassées dans trois valises.
Il a été inculpé par deux juridictions distinctes, ont expliqué à l'AFP un responsable du parquet et une source judiciaire en charge du dossier. A Franceville (est) pour une infraction au code des douanes mais, surtout, à Libreville où le juge d'instruction d'une cour criminelle spécialisée l'a inculpé d'"association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté de l'état, intelligence avec une puissance étrangère, corruption active et blanchiment de capitaux".
Lire aussi : Gabon: l'ancien président de l'Assemblée nationale interpellé avec des mallettes contenant 1,8 milliard FCFA
Nzouba-Ndama, jusqu'alors un des caciques du parti du président Ali Bongo Ondimba, avait démissionné de la présidence de l'Assemblée nationale avec fracas en mars 2016 avant de se présenter à la présidentielle contre le chef de l'État, finalement réélu.
En 2017, il a créé Les Démocrates, devenu le principal parti d'opposition avec 10 sièges à la chambre basse, archi-dominée par le Parti Démocratique du Gabon (PDG) de M. Bongo. M. Nzouba-Ndama n'a pas publiquement annoncé sa candidature pour la présidentielle d'août 2023 mais y est fortement encouragé par Les Démocrates.
Ali Bongo, lui non plus, n'a pas formellement annoncé sa candidature à un troisième mandat mais n'en fait pas mystère et le PDG l'y pousse quotidiennement.
Les Démocrates ont dénoncé "une mise en scène humiliante" (l'ouverture des valises en présence de Nzouba-Ndama a été filmée et diffusée sur les réseaux sociaux) et une procédure judiciaire "qui relève davantage du règlement de compte politique".
Lire aussi : Gabon: après 6 ans de prison, l'opposant Bertrand Zibi recouvre la liberté
Au Congo, des organisations de la société civile ont dénoncé, mardi à Brazzaville devant la presse, le "silence des autorités congolaises". "On ne peut pas comprendre qu'un opposant gabonais arrive sur le sol congolais les mains vides puis rentre chez lui avec des valises pleines d'argent", a notamment déclaré à l'AFP Trésor Nzila, directeur exécutif du Centre d’actions pour le développement (CAD).
Les relations entre le Congo de Denis Sassou Nguesso et le Gabon d'Ali Bongo sont notoirement tendues.
M. Bongo a été élu président en 2009 après le décès de son père Omar Bongo Ondimba, qui avait dirigé sans partage ce petit Etat riche de son pétrole 42 années durant.