En pleine lutte contre la pandémie de Covid-19, le Gabon se préoccupe de la santé de ses habitants qui font également face à d'autres urgences sanitaires. Depuis l'année dernière, toutes les unités médicales du pays sont en alerte pour accueillir et soigner les personnes atteintes du Covid-19. Les hôpitaux publics ont ainsi très vite limité leur prise en charge aux victimes de la pandémie. Mais d'autres pathologies continuent de frapper les personnes dites économiquement faibles en situation de détresse. Un public ciblé par le SAMU social qui les accueille 24h/24. En plus de recevoir les usagers en consultation sur site, les équipes du ce service d'aide d'urgence médicale et sociale, dont les prestations sont gratuites, patrouillent souvent à Libreville à la recherche des personnes en détresse. Des opérations médico-humanitaires qui permettent au SAMU Social de sortir de la focalisation sur le coronavirus.
"SAMU social bonjour! Que puis-je faire pour vous?"
Ici le téléphone sonne sans arrêt. Téléconseillère, parmi la dizaine que compte le call center du SAMU social, Ornella reçoit en moyenne une cinquantaine de coups de fil par heure. Il s'agit pour l'essentiel de personnes en situation de détresse. "On peut juger de ce qui est urgent ou pas. Pour le cas de la dame que je viens d'avoir au bout du fil, elle se plaint de douleurs qui durent depuis un certain temps. J'estime que le médecin peut la consulter demain…" confie Ornella.
La vocation du SAMU est de combler les carences des hôpitaux publics en cette période de Covid-19 et de soulager les malades désespérés qui n’y trouvent plus les soins requis par leur état. "Depuis le début de la pandémie, de nombreux patients souffrant de maladies graves ont soit peur d’aller à l’hôpital, soit n’y reçoivent pas l’accueil nécessaire. Or, ces maladies tuent plus que le Covid…" met en garde le Dr Wenceslas Yaba, coordonnateur du SAMU social gabonais. Appelée en urgence, par une jeune fille avec une grossesse difficile, une équipe de sages-femmes doit lui venir en aide. "Là, on redoute un accouchement à domicile. C'est très risqué un accouchement à domicile sans assistance médicale", confie l’infirmière en roulant vers le domicile de la patiente.
Au siège du SAMU, une expérience africaine de soins aux plus pauvres
"Avancez, il faut d'abord nettoyer les mains avec le gel", lance Hélène, chargée du protocole au SAMU social. Les usagers qui viennent aux nouvelles ou en rendez-vous médical sur le site du SAMU doivent d'abord passer le filtre des mesures barrières contre le Covid-19. Hélène veille aux grains. C'est elle qui oriente les patients sur l'itinéraire thérapeutique. L'état d'urgence sanitaire en cours dans le pays a provoqué la fermeture de plusieurs services dans les hôpitaux publics. L'unique recours pour les personnes dites économiquement faibles reste le SAMU social car les soins y sont gratuits. "Avec ou sans assurance ou immatriculations, ils sont reçus…" précise la soignante qui oriente ces patients indigents.
Financé par l’Etat et la coopération française, ce SAMU à la gabonaise est une initiative rare de financement public de la santé des plus pauvres sur le continent. Malade depuis une semaine, Marlène qui souffre de douleurs au bas ventre est sur le point d'être reçue. "Vous savez que dans les hôpitaux la consultation devient difficile à cause de la Covid19. On vient où c'est disponible et c'est le SAMU social qui l’est..", déclare-t-elle.
De la consultations aux examens, déjà 70.000 soins hors Covid-19
Dans une annexe du SAMU, le laboratoire de biochimie. Un examen de sang pour un patient est en cours. "Vous voyez bien nos appareils, Ici c’est pour l’hématologie. On y pratique la numération sanguine. C'est un examen qui nous permet de quantifier et qualifier le sang". Dans la pièce voisine, Virginie Makombo, technicienne en ophtalmologie, reçoit un patient qui arrive d'une localité voisine de Libreville. "Comme nous ne sommes pas un hôpital, généralement nous les recevons pour des pathologies bénignes. Mais il peut arriver que dans ces consultations de routine, on détecte des problèmes plus graves, ce qui va sauver le patient", précise-t-elle.
Le SAMU social enregistre près 10.000 consultations pour tout type de pathologies et son ambition est de prendre en charge 700.000 patients par an dans les prochaines années.